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Ensemble contre la désinformation

Dans le monde entier, des pros des médias luttent contre la manipulation et la perte de confiance. Sur invitation du ministère des Affaires étrangères, ils et elles partagent leurs expériences.

Klaus LüberKlaus Lüber, 15.04.2025
Des participant·e·s de voyage de visite échangent.
Des participant·e·s de voyage de visite échangent. © Jessica Krauß

Par une journée printanière ensoleillée, un rédacteur télé et podcasteur de Serbie est réuni avec 15 journalistes de différents pays dans une salle de séminaire à Berlin et trouve les mots durs qu’il faut pour décrire les menaces qui pèsent sur les professionnel·le·s des médias qui gênent le gouvernement actuel de son pays.

Il obtient l’approbation d’une journaliste en ligne de Géorgie et de la directrice d’une organisation non gouvernementale du Tadjikistan. Pour toutes les deux, le risque de prise d’influence directe de l’État sur leur travail fait partie du quotidien. « C’est suffisamment grave que les journalistes de nombreux pays doivent s’attendre à ce que leurs appareils soient piratés. Mais comment fait-on quand c’est notre propre État qui permet de telles actions, quand il ne se cache pas lui-même derrière ? » Quand, peu avant, lors d’un tour de table avec une chargée de mission de Reporters sans frontières, il était question de décrire le degré de liberté de la presse dans son propre pays, une journaliste n’a pu le dépeindre qu’avec le mot « fuite ».  

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Une confiance dans les médias en baisse

Pendant une semaine, les professionnel·le·s des médias échangent sur les restrictions de la liberté de la presse dans le cadre du programme de visite de la République fédérale d’Allemagne. Ici, ils et elles discutent notamment d’un sujet qui devient aussi de plus en plus problématique en Allemagne : les campagnes de désinformation et leurs conséquences pour le travail important des médias. Dans une enquête actuelle de l’institut de sondage allemand infratest dimap, 42 pour cent des personnes interrogées estiment que les médias ne sont plus crédibles – le chiffre le plus élevé depuis 1950. « Nous enregistrons une nette perte de confiance », a déclaré Steffen Grimberg, président de l’association de journalistes allemands de Berlin et Brandebourg, la DJV Berlin.

Beaucoup de représentantes et représentants des médias présents doivent lutter contre le manque de confiance dans leurs pays. Une journaliste télé de Botswana a posé la question décisive : « Comment pouvons-nous regagner cette confiance ? » La réponse de Steffen Grimberg a suscité des hochements de tête d’approbation : grâce à du travail propre et une représentation claire des standards de qualité journalistiques. « Ici, le secteur doit se regarder en face. Nous observons un estompement de la frontière entre rapport et commentaire – c’est une évolution fâcheuse », a déclaré Grimberg.

Des participant·e·s de voyage de visite dans la maison d’édition PUBLIX à Berlin
Des participant·e·s de voyage de visite dans la maison d’édition PUBLIX à Berlin © Jessica Krauß

Le défit de l’autocensure

Une chose s’est dévoilée au cours de la journée : la pression exercée sur les journalistes du monde entier comporte plusieurs couches. La désinformation est un facteur décisif, mais elle interagit avec d’autres aspects comme les tendances répressives, le manque de financements et le phénomène selon lequel beaucoup de professionnel·le·s des médias se plaignent de plus en plus d'un rétrécissement du corridor d'opinion, qui conduit à des formes d'autocensure. L’organisation Reporters sans frontières se penche notamment sur le sujet. Elle effectue actuellement une étude qualitative à ce propos. « Nous avons encore un peu de mal avec ce terme », explique Katharina Viktoria Weiß, chargée des relations publiques à Reporters sans frontières. « Surtout par rapport aux menaces qui pèsent sur les journalistes dans d’autres pays, de telles problématiques semblent plutôt marginales. Pourtant, elles font partie du spectre et ne doivent pas être ignorées. » 

Un journaliste d’investigation d’Afrique du Sud participant au voyage était étonné de voir comment la menace de désinformation était perçue en Allemagne. « On a l’impression que les personnes d’ici ne s’intéressent au sujet que maintenant. Les personnes en Afrique ont l’habitude de questionner les informations, nous sommes bien plus résistants que les Occidentaux à cet égard. » Il soutient la lutte des médias occidentaux contre la désinformation, dans le même temps il aimerait qu’un travail soit fait sur les rapports souvent biaisés, selon lui, de l’Occident sur les pays africains. 

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Détecter et débusquer

Le groupe s’est montré impressionné par l’approche de la maison d'édition d’utilité générale Correctiv, qui a attiré l’attention internationale en débusquant d’un réseau allemand d’extrême-droite en novembre 2023. Selon Caroline Lindekamp, directrice du forum de faits chez Correctiv, cela ne suffit plus de lutter contre les campagnes de désinformation en réfutant les fausses vérités – ce que l’on appelle le « Debunking » : « il est tout aussi important de préparer les personnes au préalable aux caractéristiques des fake news. » Correctiv s’engage dans le domaine de ce « Prebunking » avec des événements d’information et des campagnes d’explication. De manière générale, il est important d’impliquer de manière plus poussé les citoyennes et citoyens. C’est également l’approche du forum des faits, une plateforme en ligne de Correctiv. Elle permet aux citoyennes et citoyens de participer, indépendamment de leurs connaissances journalistiques, à la vérification des faits et de s’engager pour un discours basé sur des faits. 

Après une semaine riche en événements, qui a notamment conduit le groupe à l’agence fédérale d’éducation politique et à l’Institut allemand de politique étrangère, le journaliste d’Afrique du Sud conclut : « J’ai rencontré tellement de super collègues ici qui font un travail fantastique dans les conditions les plus difficiles, que j’ai encore plus conscience de l’importance et de l’honorabilité de notre métier. »