Protéger les plaines alluviales – par delà les frontières
Un projet germano-tchèque se consacre au rétablissement et à la préservation des plaines alluviales entre Dresde et Litoměřice.

Protéger la nature et inciter les autres personnes à faire de même – cela fait partie de la fiche de poste de Victor Geißler. Ce biologiste travaille dans une association pour l’environnement et la protection de la nature (BUND) à Dresde. Et c’est précisément de cela qu’il s’agit dans le projet germano-tchèque de protection de la nature « Ensemble pour des plaines alluviales de l’Elbe vivantes » que Geißler dirige – avec des collègues du centre pour l’environnement de Dresde, du groupe local Dresden-Neustadt de l’association allemande pour la nature (NABU) et de l’association tchèque de protection de la nature ČSOP de Litoměřice. L’objectif : préserver et rétablir les habitats naturels de la vallée de l’Elbe via la coopération transfrontalière – et sensibiliser le public à l’importance de la protection des plaines. « Les plaines alluviales de l’Elbe ne sont pas seulement un bel endroit de repos à proximité, mais ils sont aussi très importants pour la diversité des espèces et la protection contre les inondations », affirme Geißler.
Le terme allemand utilisé pour désigner ces plaines, « Aue » est proche du latin « aqua », eau, et désigne les paysages en bordure des ruisseaux et rivières. Là où il y a des plaines alluviales naturelles, elles abritent des communautés de plantes et animaux « qui supportent d’avoir les pieds mouillés », explique Geißler. « Une forêt alluviale peut être inondée plusieurs semaines de suite dans l’année, sans que les racines des plantes ne pourrissent. D’autres espèces de plantes ne le peuvent pas. Si une forêt normale est inondée pendant une période prolongée, les arbres pourraient mourir. »
Des habitats naturels pour des espèces particulières
Cela fait des forêts alluviales des écosystèmes particuliers. Elles stockent presque deux fois plus de CO₂ qu’une forêt moyenne. elles offrent un habitat pour de nombreuses espèces particulières – des oiseaux rares, des chauve-souris, des amphibiens, des reptiles, des insectes. Et elles constituent une excellente protection contre les inondations, elles freinent la violence des masses d’eau en cas de crue, elles absorbent l’eau comme une éponge et la stockent pour les périodes de sécheresse.
Pourtant, aujourd’hui, seul un pour cent de la surface alluviale d’antan est présente. À cause de la rectification des fleuves et de l’utilisation intensive par l’agriculture, les transports et le tourisme, la majeure partie des habitats naturels a disparu. Cela s’applique aussi à l’Elbe entre Litoměřice et Dresde. « Avant, l’Elbe avait de nombreuses boucles. Rien que sur le territoire de Dresde, il y avait 18 îles dont il ne reste aujourd’hui plus que l’île Pillnitz », explique Geißler. « Comme les plaines alluviales font défaut comme zones inondables, le fleuve arrive vite dans nos caves en cas de crue. »

Renverser la tendance négative sur l’Elbe
Le projet « Ensemble pour des plaines alluviales de l’Elbe vivantes » souhaite renverser cette tendance. Les habitats naturels de la vallée de l’Elbe doivent être préservés, revalorisés et agrandis le plus possible. « Pour ce faire, nous plantons des espèces d’arbres typiques des plaines alluviales, nous luttons contre les espèces de plantes invasives et nous soutenons les espèces animales menacées », déclare le centre pour l’environnement de Dresde. Le projet transfrontalier est financé pour le programme de subvention européen Interreg pour une durée de trois ans.
Pour le démarrage du projet en 2024, les protecteurs de la nature de Dresde se sont rendus en Tchéquie, à Litoměřice, à environ 100 kilomètres. « C’était impressionnant de voir combien de plaines alluviales et d’îles il y a encore, directement dans le cours du fleuve », raconte Geißler. Depuis, les protecteurs de l’environnement allemands et tchèques échangent régulièrement. Sur toutes les surfaces sur lesquelles les partenaires du projet travaillent, ils commencent par recenser les espèces présentes pour découvrir, en étroite concertation, quelles sont les espèces menacées ou pertinentes et lesquelles peuvent être réintégrées.
« L’aspect transfrontalier est très important pour nous », explique Geißler. « Nous organisons par exemple cet été un camp germano-tchèque pour les jeunes. Une moitié des jeunes accueillis viendra d’Allemagne et l’autre de Tchéquie, cette fois ce sera en Tchéquie et l’an prochain en Allemagne. » Le séjour sera surtout destiné à la formation à l’environnement, les participants effectueront aussi un ramassage des déchets dans les plaines alluviales
Des actions de plantation au printemps et à l’automne
Il y a des actions similaires aussi à Dresde régulièrement. Les détritus et déchets plastiques qui restent dans les plaines alluviales après les crues y sont ramassés, triés et jetés. Et il y a des actions de plantation, surtout au printemps et à l’automne, lors desquelles des peupliers noirs sont plantés pour préserver les forêts alluviales et les agrandir autant que possible.
Les politiques ont aussi un œil sur la protection des plaines alluviales. Le Land de la Saxe par exemple, a démarré un programme pour les plaines alluviales dans le cadre duquel « peu à peu, des sections adaptées sélectionnées du fleuve devraient de nouveau être associées à leurs zones inondables naturelles » – pour donner plus d’espace au fleuve et contribuer ainsi à une meilleure prévention des inondations.