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Les pionniers du partenariat

La Rhénanie-Palatinat et la Bourgogne ont conclu un partenariat avant même le Traité de l‘Élysée. Les jeunes, surtout, en profitent aujourd’hui encore.

Annalena Dörner, 23.01.2023
La vieille ville de Dijon, jumelée avec Mayence
La vieille ville de Dijon, jumelée avec Mayence © picture alliance / imageBROKER

Anna Keller n’avait pas prévu de faire un stage de trois mois dans un musée du cassis. Ce n’est pas étonnant. « Je ne savais même pas qu’un tel musée existait », dit en riant cette jeune femme de 19 ans qui vit à Spire. A l’été 2022, elle a guidé en français, en anglais et en allemand des groupes de visiteurs dans le musée et la fabrique de liqueur attenante à Nuits-Saint-Georges, près de Dijon. Elle animait aussi les dégustations et conseillait les clientes et les clients dans leurs achats. « Ça a été un séjour vraiment super et j’ai beaucoup appris », se souvient-elle. Elle n’avait aucune attente concernant son séjour. « J’ai accepté de me laisser surprendre. »

Anna Keller a travaillé trois mois en Bourgogne, en France.
Anna Keller a travaillé trois mois en Bourgogne, en France. © privat

Un partenariat avant même le Traité de l’Élysée

Le partenariat entre le Land de Rhénanie-Palatinat et la Bourgogne, appelée depuis 2016 Bourgogne-Franche-Comté, a permis ce stage. Les partenariats entre les villes et régions françaises et allemandes sont aujourd’hui naturels. Mais, il y a plus de 60 ans, la Rhénanie-Palatinat et la Bourgogne étaient des pionniers : ils scellaient le 26 juin 1962 le premier partenariat entre un Land allemand et une région française. Ce n’est que six mois plus tard – le 22 janvier 1963 – que l’Allemagne et la France signaient le Traité de l’Elysée, une grande étape de la réconciliation et de l’amitié entre les deux pays. Entre Mayence, la capitale régionale de la Rhénanie-Palatinat, et Dijon, la capitale de la Bourgogne, un jumelage existe même depuis 1958.

Le partenariat entre régions permet aussi aux jeunes Bourguignons de passer du temps en Rhénanie-Palatinat. « Je voulais faire de nouvelles expériences », dit Cyprien Collas qui a travaillé dans la succursale d’un fabricant de motos au printemps 2022 à Ludwigshafen. Ce jeune homme de 20 ans, vivant à Besançon, avait besoin de ce stage pour ses études de gestion. Il conseillait des clients et participait à des rencontres de motards. « C’était intéressant de voir comment la gestion fonctionne dans ce type de magasin », dit-il. Les motos sont sa passion. Le fait que son chef était lui aussi français lui a facilité le travail.

Une coopération allant de l’économie à la culture

L’éventail de la coopération entre la Rhénanie-Palatinat et la Bourgogne-Franche-Comté va de quelque 100 jumelages scolaires aux cursus universitaires franco-allemands, en passant par le soutien aux entreprises en quête de contacts économiques. La Haus Burgund (Maison Bourgogne) à Mayence et la Maison Rhénanie Palatinat à Dijon existent depuis les années 1990 ; elles sont les représentantes officielles des régions et les points de contact pour organiser notamment des stages pour les jeunes de 18 à 30 ans. Elles aident dans la recherche de stages appropriés tout comme dans la recherche d’un logement.

Selon la Haus Burgund, quelque 1.400 jeunes ont postulé à un stage à l’étranger depuis la création du programme, soit 30 personnes en moyenne par an. Mais ce n’est pas tout. En Rhénanie-Palatinat, la Haus Burgund organise par exemple des concerts de musiciens et musiciennes de la région jumelée ou, chaque année, le Marché bourguignon dans le centre de Mayence avec des spécialités de cette région.

La coopération entre les régions n’a cessé de s’étendre ces dernières années. Des échanges d’artistes, qui ont une base contractuelle depuis 2002, existent par exemple depuis 1995. Les artistes peuvent travailler dans la région jumelle avec une bourse de séjour. Cette bourse a été étendue aux écrivains et écrivaines en 2005. Et, en 2014, ces deux régions connues pour leurs vins ont décidé de coopérer dans la viticulture.

Mon stage s’est achevé en août mais j’étais de retour dans la région dès le mois de septembre pour rendre visite à des amis. 
Anna Keller à propos de son séjour en Bourgogne

Tous les programmes permettent surtout les échanges d‘habitants et d’habitantes, notamment des jeunes. L’Allemande Anna Keller et le Français Cyprien Collas se souviennent volontiers de leur séjour dans le pays voisin. Anna Keller se réjouit par exemple d’être devenue toujours plus sûre dans la langue étrangère. « Au début, je craignais de faire des visites guidées en français. » Elle ne les a donc faites que pour deux personnes. « A la fin, je les faisais pour 20 ou 30 personnes. Quand on est obligé de parler la langue, on devient rapidement plus fluide. Il faut accepter cette aventure. » Une expérience qu’elle partage avec Cyprien Collas. Au début, il a eu des difficultés avec les termes allemands, dit-il. Mais il a parlé l’allemand toujours plus rapidement avec le temps.

Tous deux ont noué pendant leur séjour dans le pays voisin des amitiés qui les relient toujours à la région. Ainsi, Cyprien Collas a toujours des contacts en Rhénanie Palatinat, notamment avec les membres de sa colocation à Ludwigshafen. A l’époque, il a pris un job d’été comme mécanicien après son stage. Il a finalement passé cinq mois en Rhénanie-Palatinat. Anna Keller, elle, est rentrée directement en Allemagne mais revint très vite en France. « Mon stage s’est achevé en août mais j’étais de retour dans la région dès le mois de septembre pour rendre visite à des amis. »   

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