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La formation en alternance garantit un emploi

L’économie nigériane a lancé des programmes de formation en alternance avec le soutien de partenaires de l’économie allemande. Avec un grand succès : celui qui a terminé la formation est sûr d’avoir un emploi.

07.07.2016

Robert Malzacher se souvient exactement du visage rayonnant du jeune Nigérian. Très fier, il se tenait auprès de la machine sur laquelle il travaille chaque jour dans l’entreprise de transformation de métaux à Lagos au Nigeria. « Maintenant, j’ai une perspective d’avenir » dit-il à Malzacher. S’il a confiance dans l’avenir c’est grâce, d’une part à un grand hasard et d’autre part à un nouveau programme de formation au Nigeria.

Le hasard avait fait que le jeune homme s’était présenté à l’entreprise à la bonne date. Il avait demandé s’il y avait du travail pour lui. L’entreprise lui proposa de faire un test pour un nouveau programme de formation qui avait lieu ce jour là. Il accepta spontanément – et ses résultats furent parmi les meilleurs. Il pouvait commencer une formation en alternance.

Allier la théorie et la pratique – c’est l’idée de la formation en alternance qui a une longue tradition en Allemagne. « C’est certainement en partie la raison pour laquelle l’Allemagne est le pays d’Europe ayant le plus faible taux de chômage chez les jeunes » déclare Robert Malzacher de la chambre du commerce et d’industrie (IHK) Gießen-Friedberg en Hesse. Il est directeur du projet de partenariat de formation professionnelle de l’IHK avec des partenaires de l’économie au Nigeria. Avant le lancement du programme, il n’y avait pas de formation en alternance au Nigeria. Elle tient compte d’un défi primordial : « Au Nigeria, il y a beaucoup de jeunes qui font des études puis commen-cent à travailler. Ils manquent toutefois d’expérience pratique » explique Malzacher. Il y a bien plusieurs possibilités de formation continue et d’offres de formation dans différentes entreprises mais il n’y avait pas de formation de longue durée qui soit reconnue par plusieurs entreprises.

C’est ainsi qu’est née l’idée d’un partenariat de formation entre des partenaires allemands et nigérians. La chambre du commerce et d’industrie Gießen-Friedberg et la délégation de l’économie allemande au Nigeria (AHK Nigeria) ont lancé le projet en décembre 2012. La réalisation se fait avec des organisations de partenariat nigérianes : les chambres du commerce à Lagos, Abuja et l’État d’Ogun ainsi que la Manufacturers Association ­of Nigeria (MAN) et la Nigerian German Business Association (NGBA). Le ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement (BMZ) finance le partenariat de formation jusqu’à fin 2018 avec un budget de plus de 1,7 millions d’euros.

Le partenariat a lancé un programme de formation d’un an. Les jeunes Nigérians y apprennent la théorie lors de cours et d’ateliers de plusieurs semaines ; avant et après cela, ils reçoivent une formation pratique en entreprise. Les jeunes apprentis peuvent choisir entre quare domaines professionnels dans lesquels ils peuvent améliorer leurs qualifications et avoir ainsi de meilleures perspectives d’emploi : en industrie-électronique, en industrie-mécanique, en gestion d’installations techniques et en administration.

Les instructeurs de ce programme sont des Nigérians formés par des experts allemands. Au cours d’un atelier de trois 
semaines, il s’est agi par exemple de didactique et de questions techniques concernant les différentes filières de formation. Lors de jeux de rôle, les Nigérians ont abordé avec les partenaires allemands des situations quotidiennes typiques rencontrées lors de la formation.

Transmettre ce savoir et ces expériences est l’objectif du partenariat de formation. Cela doit servir à réduire encore la pauvreté dans le pays le plus peuplé d’Afrique. Mais il ne s’agit en aucun cas de transposer tel quel le système allemand. « Nos partenaires nigérians veulent trouver leur propre modèle » précise Malzacher. Ils ont, par exemple, choisi des secteurs professionnels pour la formation. Ils savent d’ailleurs mieux que personne dans quels domaines les entreprises ont le plus besoin de personnel qualifié. Les programmes d’études ont été développés en commun par des partenaires allemands et nigérians. Des experts allemands ont élaboré les premières ébauches, les partenaires nigérians les ont adaptées et en sont maintenant responsables.

Grâce au partenariat de formation au Nigeria, de nombreux jeunes ont obtenu de nouvelles perspectives. Quelque 250 Nigérians ont déjà terminé leur formation ou sont sur le point de le faire. 200 instructeurs nigérians ont été formés. Et les employeurs semblent être très satisfaits. Lorsque Robert Malzacher a visité des entreprises au Nigeria, de nombreux entrepreneurs lui ont rapporté que les jeunes apprentis étaient exactement le personnel qualifié qu’ils recherchaient. « Beaucoup m’ont dit : ceux qui ont terminé leur formation ont une garantie d’embauche » explique-t-il. Le partenariat de formation professionnelle se poursuit jusqu’à fin 2018. Les partenaires nigérians du projet doivent le poursuivre de manière autonome. Lors de la prochaine étape, les partenaires veulent faire encore mieux connaître la formation professionnelle en alternance au Nigeria. Et ils veulent, en coopération avec des acteurs étatiques, veiller à ce que la formation professionnelle en alternance soit reconnue par l’État. Ainsi, elle sera ancrée durablement.

Parallèlement à la coopération au Nigeria, de nombreux autres projets de partenariat de formation professionnelle sont menés en Afrique subsaharienne, financés par le BMZ. C’est ainsi que, par exemple, des artisans au Bénin suivent une formation en technique solaire. En Tanzanie, on a, entre autres, installé des garages et développé des programmes d’étude pour la formation en alternance. Et en Uganda, des mesures de formation et de formation continue d’un institut de formation doivent être améliorées afin d’être mieux adaptées aux besoins de l’économie. Le BMZ finance actuellement les partenariats de formation en Afrique subsaharienne pour un montant de plus de 12 millions d’euros – et d’autres partenariats sont prévus. ▪

Hendrik Bensch