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Une chance pour les jeunes

Faciliter l’accès au monde du travail – tel est l’objectif de la formation en alternance. Une initiative de la fédération des chambres de commerce et d’industrie allemandes (DIHK) familiarise des entreprises dans toute l’Europe avec ce modèle.

05.07.2016

Mes amis s’étonnent toujours que je sois aussi souvent dans l’entreprise et que je ne passe pas comme eux tout mon temps à l’école » raconte Kristīne Tišanova en riant. Cette jeune fille de 
19 ans suit une formation de gestionnaire de parc automobile dans l’entreprise de transport et logistique Kühne + Nagel à Riga. Ainsi, elle a choisi une voie plutôt inhabituelle pour les jeunes Lettons. Alors que ses amis suivent chaque jour des cours préparant à un diplôme, elle a préféré une formation en alternance, qui comprend une expérience pratique intense. Elle fréquente une école professionnelle trois jours par semaine et travaille deux autres dans son entreprise.

Ce type de formation, habituel en Allemagne, est nouveau en Lettonie : Kristīne Tišanova fait partie des premiers qui ont commencé une formation en automne 2015 avec un programme approprié. Actuellement, elle est au service de vente. Elle s’occupe entre autres de gestion et de logistique et est en contact direct avec les clients. « Je suis heureuse de pouvoir poser plein de questions à mes collègues et leur expérience m’est utile » explique-t-elle. « Je remarque aussi beaucoup plus vite si ce métier me convient qu’en apprenant dans des livres. » Sa formation professionnelle est basée sur le projet VETnet, qui est l’abrégé de « German Chambers worldwide network for cooperative, work-based Vocational Education and Training ». Sur deux continents et actuellement dans neuf pays, les chambres de commerce allemandes à l’étranger (AHKs) et les délégations de l’économie allemande s’emploient actuellement à augmenter de telles formations professionnelles au sein de projets pilotes. En Europe, en plus de la Lettonie, il y a aussi des projets en Slovaquie, au Portugal, en Italie et en Grèce. Le VETnet est promu par le ministère fédéral de l’Éducation et de la Recherche (BMBF).

Un objectif important : l’initiative veut contribuer à diminuer le chômage des jeunes en Europe. Dans de nombreux pays européens, avoir accès à une profession se fait souvent en fréquentant un établissement d’enseignement supérieur ou en suivant une formation peu axée sur la pratique spécialisée. « Avec les AHKs nous voulons, par la formation en alternance, montrer une voie alternative et ainsi assurer sur place, durablement, l’existence de personnel spécialisé » déclare Ramona Neuse, chef du projet VETnet auprès de la fédération des chambres de commerce et d’industrie allemandes (DIHK). On en a besoin plus que jamais. La Lettonie, par exemple, est l’un des plus importants nœuds de circulation dans les pays baltes ; les besoins en personnel spécialisé en transport et logistique sont donc importants. En étroite collaboration avec le ministère letton de l’Éducation, le projet pilote VETnet a permis de former de premiers employés spécialisés, comme Kristīne Tišanova, pour des entreprises de transport international. De même, dès le début, deux écoles professionnelles et le centre national pour le contenu de l’enseignement étaient impliqués. « Nous ne voulons pas un système de formation en alternance ‘made in Germany’, l’importer tel quel dans les pays » explique Ramona Neuse. « Ça ne peut pas être du ‹copié-collé› ; il faut tenir compte très concrètement de la situation dans la région et des besoins de chaque partenaire ».

Jusqu’à maintenant, quelque 3000 jeunes suivant une formation ont commencé leur vie professionnelle par le biais de VETnet – dans des petites entreprises de moins de dix employés mais aussi dans des moyennes et grandes entreprises. Aussi bien des entreprises nationales qu’internationales participent au projet. Parmi elles, le fabricant de chaussures Gabor à Banovce nad Bebravou en Slovaquie,une filiale de la marque allemande Gabor Shoes. Le directeur Juraj Vodička voit comment il est difficile en Slovaquie de convaincre des jeunes d’exercer ce métier – pourtant une entreprise comme la sienne a besoin de personnel. « Nous devons faire beaucoup de marketing pour les convaincre que ce métier a de l’avenir ». Ici aussi, on mise sur une formation en alternance qui va débuter en automne : trois années pour un cordonnier bottier et quatre années pour un technicien. Ils auront deux semaines par mois d’enseignement théorique et pendant le reste du temps ils auront une formation pratique en entreprise avec deux maîtresses d’atelier. Cela signifie davantage d’expérience pratique que lors des formations précédentes – ici, les apprentis travaillent seulement dans des ateliers scolaires et deux à trois semaines dans 
une entreprise.

Vodička peut ensuite leur proposer un emploi dans ses ateliers – ce qui est beaucoup dans un pays où 
le chômage des jeunes atteint 30 pour cent. À la fin de sa formation, chaque jeune obtient un certificat international qui lui donne la possibilité de travailler dans toute l’Europe. Entre-temps, le gouvernement slovaque soutient le système de formation en alternance par une réforme de la loi. Stefanos Agiasoglou, président de l’entreprise grecque EESSTY, spécialisée dans la maintenance ferroviaire, espère connaître une évolution semblable dans son pays. Dans son entreprise, nombre de salariés partiront bientôt à la retraite. « Nous avons de nombreux techniciens et ingénieurs mais leur expérience sera perdue si nous ne pouvons pas la transmettre à la jeune génération » dit-il. Il y a bien en Grèce déjà un système de formation en alternance mais il n’est pas encore parvenu à s’imposer.

En coopération avec les chambres de commerce allemande et grecque ainsi que l’OAED, un établissement d’enseignement reconnu par l’état grec, et notamment d’étroits échanges avec la Deutsche Bahn, un nouveau programme de formation professionnelle a été développé pour EESSTY. Stefanos Agiasoglou n’attend plus que l’indispensable décision du ministère du Travail, pour pouvoir commencer. Il espère que cela apportera davantage que seulement du nouveau personnel pour EESSTY. « Il ne s’agit pas seulement de notre propre planning stratégique. Un tel projet pilote pourrait servir de modèle pour d’autres secteurs de l’industrie lourde en Grèce » ajoute-t-il. ▪