Sentir l’Histoire, vivre la modernité

Si elle se souvient de la réunification allemande en 1990 ? Charlene Mhlanga rit poliment. Non, absolument pas ; il est vrai qu’elle n’est née qu’en 1989, l’année de la chute du Mur. Elle est venue au monde à Bulawayo, la deuxième ville du Zimbabwe. À l’époque, ayant conquis son indépendance à peine neuf ans plus tôt, le pays lui-même était en quête de son identité ainsi que d’un moyen de passer d’une politique d’économie planifiée à une politique d’économie de marché. En 1990, les nouveaux Länder se sont retrouvés face à la même situation. Charlene Mhlanga se souvient encore de l’ambiance de départ qui a régné au Zimbabwe jusqu’à la fin des années 90.

Cet enthousiasme, elle l’a aussi ressenti à son arrivée à Berlin, quelques années plus tard. « On peut, bien entendu, lire quantité d’articles sur la réunification allemande. Mais c’est seulement depuis que je vis à Berlin que je comprends vraiment l’importance de ces événements », dit Charlene Mhlanga. Après son bachelor à Brême, elle fait depuis 2013 son master en « Public Policy » à la Hertie School of Governance. « L’Histoire est omniprésente dans la capitale », affirme-t-elle, « et en même temps, Berlin est une ville d’un modernisme époustouflant avec toutes ses start-up. » La jeune femme de 25 ans s’y connaît en jeunes pousses. Tout en faisant ses études, elle a travaillé pendant trois mois chez Ampion. En 2014, cette organisation sans but lucratif a sillonné l’Afrique, traversant 15 pays avec cinq cars, réunissant des développeurs TIC, des programmeurs, des inventeurs d’applis et des designers. Tous ensemble, ils ont mis au point de nouveaux modèles commerciaux. « Cet esprit d’équipe est caractéristique de la culture allemande du travail, je l’apprécie vraiment », dit l’étudiante. C’est la raison pour laquelle elle songe sérieusement à travailler en Allemagne après ses études.