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Babelsberg vit l’avenir du cinéma

L’intelligence artificielle pourrait changer fondamentalement le secteur du cinéma. Le studio Babelsberg à Potsdam fait ici partie des précurseurs internationaux.  

Klaus LüberKlaus Lüber , 25.01.2024
Portraits 3D d’acteurs dans le studio volumétrique.
Portraits 3D d’acteurs dans le studio volumétrique. © Volucap / Sascha Schwarz Photoristique

Comme toutes les parties de la série de films Matrix, le quatrième opus de ce blockbuster de science fiction est aussi un spectacle visuel. Dans certaines scènes de combat, les visages de deux personnages du film changent avec une transition fluide, de temps en temps la caméra dézoome tellement que la pièce est visible au-delà des bords de l’écran. Des effets aussi spectaculaires sont rendus possibles grâce à l’intelligence artificielle, telle qu’elle est utilisée de plus en plus souvent sur le site de production du film, le Studio Babelsberg à Potsdam. Fondé en 1912, il s’agit du deuxième studio de cinéma à grande échelle le plus ancien au monde et du plus grand studio d’Europe. Désormais, il compte parmi les sites de production de cinéma leaders à l’international pour le secteur des effets visuels (VFX).  

Le studio Babelsberg est prisée à l’international en tant que site de production cinématographique.
Le studio Babelsberg est prisée à l’international en tant que site de production cinématographique. © Studio Babelsberg AG

Comment l’IA est-elle utilisée dans le cinéma ? 

L’entreprise allemande Volucap a aussi participé aux effets de Matrix. En 2018, l’entreprise a ouvert à Babelsberg ce qui était à l’époque le premier studio volumétrique en Europe. Dans une petite pièce cylindrique, 42 caméras haute définition disposées tout autour enregistrent une actrice ou un acteur de tous les côtés, si bien qu’il est possible de créer une représentation 3D précise. En une minute, une seule prise génère 3 téraoctets de données. La personne scannée de cette manière peut alors être insérée dans n’importe quel film à l’aide de l’intelligence artificielle. La luminosité, les trajectoires de caméra et les arrière-plans peuvent être adaptés de manière flexible. Ces personnes numériques, appelées Volucaps, sont désormais même proposées dans des catalogues en ligne comme Renderpeople. Elles sont déjà utilisées aujourd’hui comme figurantes pour certaines scènes. 

L’IA remplace-t-elle les comédiens ? 

Dans le secteur, cette évolution est vue d’un œil critique, elle a notamment conduit aux contestations des cinéastes à Hollywood en 2023. Pour le directeur de Volucap, Sven Bliedung von der Heide, cela détient un potentiel de démocratisation de l’industrie du cinéma. L’entrepreneur du secteur des médias estime à jusqu’à 60 pour cent le potentiel d’économies permis par l’IA. « Si je suis en mesure de pouvoir me passer du département VFX, car je peux créer des effets sophistiqués très simplement via des commandes textuelles, alors je peux, en tant que petite production, raconter des histoires de plus grande envergure, sans avoir besoin d’un énorme budget », affirme l’entrepreneur. Autre possibilité fascinante : il est possible de créer des doublures numériques. « À l’avenir, un acteur plus âgé peut se glisser sans problème dans le rôle d’une version plus jeune de lui-même », explique Bliedung von der Heide. 

Matrix sans Keanu Reeves ? 

C’est aussi envisageable. Il est possible de poursuivre un film ou une série, même si l’actrice ou l’acteur n’y joue plus. Même si Keanu Reeves décidait de ne plus jouer dans la série de films Matrix, ses fans ne devraient pas pour autant renoncer à lui. Au lieu de Reeves en chair et en os, sa doublure numérique serait visible à l’écran sous les traits de Neo.