Aller au contenu principal

La durabilité comme principe commercial

De plus en plus d’entreprises tiennent compte des thèmes de l’économie durable et de la responsabilité sociale.

21.12.2012
© Mopic/Shutterstock

Dans le Tennessee, État fédéral américain, les coccinelles ont la vie belle : tout autour de l’usine, sur la Volkswagen Drive à Chattanooga, elles peuvent vivre plus longtemps que n’importe où ailleurs. En effet, lors de la construction des installations, qui ont reçu les meilleurs certificats en matière d’écologie, on a recouvert les rues d’un revêtement clair. Il se réchauffe peu et, la nuit, il attire moins les coccinelles et les insectes, de sorte qu’il y en a moins d’écrasés le matin. Cela peut paraître sans grande importance mais c’est une contribution effective de VW au profit de l’environnement. Le constructeur automobile, dans le cadre d’un programme de plusieurs années, a fait analyser chacun de ses sites industriels afin de connaître les effets des usines sur la biodiversité des environs et de savoir comment ils pouvaient être réduits. Cela est pratiqué à la « Green Factory » à Chattanooga.

Depuis 2009, Volkswagen établit des standards dans le monde entier en décidant d’appliquer des directives écologiques pour toutes les marques et usines. En Allemagne, le constructeur automobile de Wolfsburg est un pionnier lorsqu’il s’agit d’économie du développement durable et de responsabilité sociale des entreprises (RSE). Dans ses plus de quatre-vingt-dix sites de production dans le monde entier, il a commencé très tôt à inclure ces thèmes dans sa culture d’entreprise. D’ici 2015, des investissements d’un montant de 50 milliards d’euros doivent être destinés aux modèles, aux technologies et aux usines écologiques – comme signe visible de son engagement.

Tout comme VW, de plus en plus d’entreprises allemandes à l’étranger prennent leur responsabilité sociale. Avec des investissements, elles créent des emplois et permettent d’obtenir un standard social plus élevé, améliorent la protection de l’environnement et la formation de leur personnel. La RSE peut être une contribution importante à une approche loyale de la mondialisation. C’est surtout valable depuis que, du fait de la crise économique et financière, il y a de plus en plus de débats dans le public, pour déterminer quelles exigences sociales et morales doivent concerner les entreprises. Dans son étude actuelle « CSR WeltWeit – Ein Branchenvergleich », la fondation Bertelsmann constate que pour de nombreuses entreprises allemandes l’engagement social et écologique est déjà mis en pratique. La fondation a étudié dans quelle mesure les sociétés allemandes des six domaines que sont l’automobile, les banques et les assurances, la chimie et la pharmacie, les appareils électriques et l’électronique, le commerce et le tourisme, s’impliquent socialement sur leurs sites internationaux.

Les conclusions de l’étude : les groupes allemands prennent de plus en plus conscience que cela vaut la peine d’intégrer les aspects de la durabilité sociale et écologique au sein de leur entreprise car cela apporte des avantages concurrentiels en Allemagne et à l’étranger. Dans l’ensemble, les activités internationales de RSE sont donc à considérer de manière positive. Les plus importants thèmes interdisciplinaires de l’engagement – protection de l’environnement, chaînes de création de richesses responsables économiquement et socialement, promotion de l’environnement et social et prise en compte du personnel – ont montré que les principaux champs d’application figuraient au programme des entrepreneurs. La fondation Bertelsmann considère toutefois qu’il est encore possible d’augmenter les améliorations. Elle propose donc que les entreprises, dans le cadre de leurs efforts internationaux de RSE, misent davantage sur les activités pour la conception des directives de leur secteur. Pour bien des entrepreneurs, cette phase de l’engagement, ne va pas encore de soi.

De l’avis des experts, pour cela, le soutien de la politique est très utile. En octobre 2010, le gouvernement fédéral a adopté la stratégie nationale pour la responsabilité sociale des entreprises sous forme d’un plan d’action RSE « Made in Germany ». L’objectif important du plan d’action RSE est de faire prendre conscience que le RSE profite autant à l’entreprise qu’à la société. Le gouvernement fédéral veut créer des incitations à prendre des responsabilités sociales mais aussi des aides pour transformer l’ébauche de RSE dans le quotidien de l’entreprise. Dans cette voie, ce sont surtout les P.M.E./P.M.I. qui doivent être encouragées pour intégrer stratégiquement leur engagement social dans leur activité principale. Alors que dans de nombreux grands groupes les stratégies RSE sont déjà bien ancrées et continueront à prendre de l’importance, beaucoup de P.M.E./P.M.I. ont un retard à rattraper.

L’exemple de la société Deerberg montre comment des P.M.E. peuvent prendre une responsabilité active. Cette société de vente par correspondance de textiles non traités, installée en Basse-Saxe, emploie 400 personnes et applique depuis longtemps déjà des mesures effectives pour protéger les hommes et l’environnement. Deerberg a donc une image positive dans un secteur où les entreprises sont souvent critiquées à cause des mauvaises conditions de travail de leurs fournisseurs ou de leur fort rejet de dioxyde de carbone. Deeberg utilise uniquement de l’électricité produite par des sources d’énergie renouvelable. Toutes les livraisons – qui peuvent atteindre les 10 000 quotidiennement en haute saison – sont faites en respectant le climat. Les jolis cartons d’expédition peuvent par la suite être utilisés par les clients pour le rangement ou comme éléments d’étagère. S’ils servent à renvoyer des marchandises, il seront réutilisés autant que possible. Le résultat est que Deerberg produit beaucoup moins de déchets.

Deerberg, tout comme VW, dispose de solides principes d’entreprise et attend de ses fournisseurs qu’ils respectent ces valeurs et directives. Cela est plus facile car cette société entretient depuis longtemps des relations d’affaires uniquement avec un petit nombre de fournisseurs européens ; toutefois, les acheteurs procèdent régulièrement à des contrôles sur place. Comme elle ne peut pas effectuer elle-même des tests sur les matériaux, l’entreprise se base volontiers sur des certificats ou de sérieux standards de produits.

Il ne fait aucun doute que la durabilité est davantage qu’une tendance ; elle s’impose entre-temps dans les entreprises et détermine l’action d’un nombre croissant de sociétés allemandes. Les aspects socio-écologiques gagnent en importance dans un autre domaine : de plus en plus de villes et de communes observent des critères de durabilité. Les membres du jury du Prix allemand de la durabilité 2012 ont examiné la candidature de 119 établissements communaux. Tübingen, par exemple, a inclus la durabilité dans les principes de gestion et a fixé des objectifs ambitieux pour réduire l’émission de CO2. Neumarkt, dans le Haut-Palatinat, fait participer ses citoyens au processus d’établissement d’une charte de la ville et est la première ville « fair trade » de Bavière. Dans le cadre de la Décennie pour l’éducation au développement durable des Nations Unies, elle a déjà été primée trois fois. Quant à la ville souabe de Ludwigsburg, elle mène depuis 2004 un vaste processus de développement urbain avec des buts stratégiques afin d’obtenir davantage de durabilité.

Ces exemples, et bien d’autres, rendent optimiste : outre des gouvernements et des ONG, de plus en plus d’entreprises et de communes optent pour une responsabilité active au profit de l’homme et de la nature et d’un avenir digne d’être vécu – des bons exemples qui demandent à être suivis. ▪

Kay Dohnke