Aller au contenu principal

Comment atteindre les objectifs climatiques à l’échelle mondiale

La dixième édition du Berlin Energy Transition Dialogue (BETD24) aborde la mise en œuvre concrète des objectifs de la COP28 et le financement d’énergies renouvelables, nécessaire pour les atteindre.

Klaus LüberKlaus Lüber, 20.03.2024
 Un panel d’experts au BETD24 à Berlin
Un panel d’experts au BETD24 à Berlin © photothek

La transition énergétique est un défi global mais sa mise en œuvre doit être locale. Et celle-ci peut différer selon les pays. Si l’on s’adressait à un public africain, selon les mots du ministre de l’Énergie namibien Tom K. Alweendo lors de l’ouverture de la dixième édition du Berlin Energy Transition Dialogue (BETD), « alors la moitié des personnes se demanderait : De quelle transition énergétique parle-t-on ? Nous n’avons rien à transférer. » 

Et c’est sous l’approbation générale de la grande salle comble du ministère des Affaires étrangères qu’Alweendo ajoute : Quand les pays industriels riches passent en un temps record des énergies fossiles à renouvelables (avec une augmentation de 50 % en 2023), plus d’un million de personnes en Afrique vivent toujours sans aucun accès à l’électricité. Un peu plus tard, Fatih Birol, directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie IEA, confirme ce déséquilibre inquiétant avec un chiffre supplémentaire : Actuellement, seulement 1 % de l’énergie solaire produite dans le monde vient d’Afrique. « C’est autant que produit à l’heure actuelle la Belgique, ce petit pays d’Europe du Nord », explique Birol.

BETD24 à Berlin : la « Weltsaal », salle de conférence du ministère des Affaires étrangères
BETD24 à Berlin : la « Weltsaal », salle de conférence du ministère des Affaires étrangères © Photothek

La protection du climat, c’est protéger des vies humaines

La solution est de répondre davantage aux besoins individuels des différents pays et régions. Sous la devise « Accelerating the Global Energy Transition », le sommet se consacre aux questions importantes, notamment la manière dont les objectifs ambitieux de la Conférence mondiale sur le climat, la COP 28, peuvent être mis en œuvre. Grâce à l’engagement pris par l’ensemble des États participants sur la fin de l’ère fossile, la COP 28 a été remarquable, a déclaré Annalena Baerbock dans une allocution sur cette conférence. Notamment l’ambition de tripler le développement mondial d’énergies renouvelables jusqu’en 2030 est un objectif intermédiaire important pour limiter le réchauffement global. Il s’agit maintenant d’implémenter les énergies renouvelables partout où c’est possible. « La question est comment pouvons-nous nous aider mutuellement pour faire avancer ce développement. » 

Cela signifie également tenir compte de la complexité de la protection du climat. La protection du climat ne signifie pas seulement protéger le climat, selon le ministre de l’Économie Robert Habeck dans son introduction. « En effet, peu importe au climat lui-même s’il se réchauffe de quelques degrés. Le véritable sujet, c’est la protection des vies humaines. » Et c'est là que la composante sociale de la transition énergétique entre en jeu. « Notre objectif principal doit être de faire rimer prospérité et décarbonation », selon Habeck. L'Allemagne apporte une contribution importante à cet égard grâce à ses partenariats énergétiques mondiaux.

Les hôtes et invités du BETD24 au ministère des Affaires étrangères
Les hôtes et invités du BETD24 au ministère des Affaires étrangères © Photothek

Pour beaucoup de projets climatiques, ce qui est plus petit est aussi plus rapide

Comment cela peut-il fonctionner ? La sénégalaise Ndiarka Mbodji plaide pour un changement de perspective dans le financement de projets climatiques. Son entreprise Kowry Energy Services installe des panneaux solaires dans les régions rurales de l’Afrique subsaharienne. « Nous devons davantage penser petit et local », explique-t-elle. « Les voies de financement courantes jusqu’à présent, soit les fonds de développement étrangers, ont des durées d’acceptation de 12 à 36 mois en moyenne. C’est beaucoup trop long. À la place, nous devons rendre capable les banques locales d’accorder des crédits à des projets sur place. » De nombreux plus petits projets qui seraient validés rapidement atteindraient un meilleur résultat que de grands projets de longue durée. Actuellement, Kowry réalise des pompes à eaux à énergie solaire en Gambie rurale. 1 000 unités ont déjà été installées. « Dans ce cas, le plus petit est aussi plus rapide », précise-t-elle. Également la nigériane Glory Oguegbu mise sur la disponibilité d’énergies locales dans un contexte local avec un seuil bas d’exigence. Avec son entreprise Renewable Energy Technology Training Institute (RETTI), elle forme de la main d’œuvre à l’installation de panneaux solaires. Grâce à cela, 25 000 familles ont déjà eu accès à l’électricité.

Un mot revient très souvent dans ce contexte : derisking (la diminution des risques). La raison principale du développement toujours terriblement faible des énergies renouvelables en Afrique a été identifiée comme étant le volume d’investissement provenant de l’économie privée, également très faible, dans ce domaine. Le succès sera au rendez-vous quand l’on parviendra à réduire les risques liés à de tels flux de capitaux, rapporte Bhupinder Singh Bhalla, secrétaire d’État au ministère indien de l’Énergie. Son pays connaît actuellement une telle réussite dans le développement des énergies renouvelables car il est parvenu à dénouer les appréhensions du secteur privé grâce à une grande transparence des flux de capitaux.

IRENA : Un développement toujours trop lent

Nous avons urgemment besoin de nouvelles voies de financement car le rythme de développement des énergies vertes est toujours trop lent, malgré le fait que 2023 a été l’année de tous les records. Au lieu des 473 gigawatts ciblés, 1 000 GW annuels seraient nécessaires jusqu’en 2030 pour maintenir la hausse des températures sous la barre des 1,5 degrés dans le monde. C’est ce que formule IRENA, l’Agence internationale pour les énergies renouvelables, dans un rapport spécial présenté lors du BETD.

Par ailleurs, au BETD24, l’énergie nucléaire ne représente une option pour personne. « Nous n’avons plus le temps », explique le directeur de l’IRENA, Francesco La Camera. « Nous avons besoin de résultats rapidement. Et il n’y a que les énergies renouvelables qui puissent nous aider. »