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« Nous n’avons pas le choix »

L’activisme contre la peur : Annika Rittmann, 20 ans, lutte contre le réchauffement climatique au sein de Fridays for Future.

Klaus Lüber , 25.02.2023
Annika Rittmann, porte-parole de Fridays for Future
Annika Rittmann, porte-parole de Fridays for Future © Jan-Marius Komorek

Vous organisez de grandes manifestations contre la crise climatique. Quelles sont vos motivations ? C’est principalement le sentiment de ne pas avoir d’autre choix. Quand j’observe le monde, je remarque avant tout deux choses : les gens ont peur et sont dépassés par la situation. Et ils ont aussi l’impression d’être laissés pour compte par ceux qui pourraient changer les choses. C’est ça qui me pousse à agir.

Vous diriez donc que les grands défis ont plus tendance à pousser les gens à agir que les bloquer ? La question est de savoir que faire face à ce sentiment d’être dépassé par la situation, que je rencontre effectivement auprès de nombreux représentantes et représentants de ma génération. À vrai dire, c’est très agréable à un niveau individuel de faire semblant de ne pas se sentir concerné par le chaos qui l’entoure. Cependant, si l’on prend conscience qu’il ne s’agit que d’une manière de fermer les yeux, cela devient alors plus facile de s’engager. L’activisme peut avoir un effet véritablement libérateur.

L’activisme climatique existe depuis longtemps en Allemagne. Quels sont les points communs et les différences que vous observez par rapport à autrefois ? J’observe surtout des différences. La crise climatique, bien sûr, est ici un sujet de discussion depuis des décennies. Mais il était autrefois assez facile de se soustraire à ses propres responsabilités. Aujourd’hui, c’est devenu difficile. Les gens se rendent compte que la crise climatique existe bel et bien, et ce depuis longtemps. Quant à nous, les activistes climatiques, nous sommes davantage pris au sérieux qu’auparavant et nous sommes parvenus à amener ce discours au cœur de la société, dans les repas de famille.

Vous ne vous engagez pas seulement pour la protection du climat, vous êtes aussi footballeuse et arbitre. Est-ce que le sport professionnel peut être respectueux du climat ? Je ne vois pas comment les grands évènements sportifs pourraient être neutres sur le plan climatique du moins à court terme. Cela ne signifie pas pour autant qu’il serait judicieux d’y renoncer purement et simplement. Les manifestations sportives sont ancrées dans notre culture. Néanmoins, il est là aussi possible de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre et de cesser de collaborer avec certains pays et multinationales. Le sport professionnel pourrait ainsi être un être le signal important de changement.

L’activisme climatique est international. Y a-t-il cependant des aspects qui distinguent l’Allemagne d’autres régions du monde ?
Contrairement à d’autres pays, on a ici, en tant que jeune engagé, vraiment énormément de possibilités. Nous avons le droit de manifester, le droit à la liberté d’expression, ce qui n’est pas le cas dans de nombreux autres endroits du monde. En même temps, en tant qu’activistes, nous éprouvons aussi une énorme responsabilité historique. Après tout, nous sommes également responsables des conséquences d’une crise dont ce n’est pas à nous, mais à d’autres que revient le plus lourd fardeau. Il y a là un déséquilibre que nous devons sans cesse pointer du doigt.

 

Annika Rittmann, née en 2002, est activiste climatique et porte-parole de Fridays for Future. Elle étudie également les interactions entre humains et ordinateurs à l’université de Hambourg.

© www.deutschland.de 

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