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Danse sur le Mur

Un pays transporté de joie : La frontière qui divisait l’Allemagne tombait à Berlin dans la soirée du 9 novembre 1989. Un résumé des événements, 1ère partie

27.03.2014
© Presse- und Informationsamt der Bundesregierung - Fall of the Wall, Berlin 1989

Le soir du 9 novembre 1989 : à Berlin, le Mur s’écroule – et avec lui, la frontière qui a divisé l’Allemagne pendant 28 ans. Cette même nuit, des milliers de citoyennes et de citoyens de la RDA se ruent vers la frontière de Berlin-Ouest. Il n’y a pas d’ordre officiel, mais les gardes-frontières ouvrent néanmoins les passages. Riant et pleurant à la fois, des inconnus de l’Est et de l’Ouest se tombent dans les bras les uns des autres, fêtant ensemble l’ouverture du Mur. L’Allemagne vit une nuit de liesse, une nuit qui changera le monde. Le président d’honneur du SPD, Willy Brandt, qui avait été durant de longues années, au temps de la division, un maire populaire à l’Ouest, se rendait le matin même à la Porte de Brandebourg pour proclamer peu après à l’hôtel de ville de Schöneberg: «Nous voilà rassemblés pour un avenir commun». Les journaux titraient: «Les Berlinois de l’Est dansent la nuit sur le Kurfürstendamm», «Berlin est de nouveau Berlin», «L’Allemagne pleure de joie».

Les jours suivants, plusieurs millions de citoyens de la RDA se dirigent au volant de leur «Trabi» ou de leur «Wartburg» vers l’Ouest. Nombre d’entre eux se rendent pour la première fois de leur vie en République fédérale et vont voir des parents, visiter des villes et des paysages sans oublier les «paradis commerciaux», munis des 100 DM de «monnaie de bienvenue» de la République fédérale.

Que s’était-il passé? Le 9 novembre, peu avant 19 heures, Günter Schabowski, membre du Politburo du parti SED, avait annoncé devant les caméras de télévision, au cours d’une conférence de presse internationale, un nouveau règlement de sortie libéral. Répondant à une question, Schabowski déclara qu’à sa connaissance, celui-ci entrait en vigueur «immédiatement, sans délai». Cette nouvelle n’était pas autorisée telle quelle par le gouvernement de la RDA, mais se répandit comme l’éclair dans toute la RDA et ouvrit les postes-frontières à Berlin: le Mur s’écroulait

Cette date historique avait été précédée par des fuites massives de RDA, en été 1989 (via la Hongrie et la Tchécoslovaquie) et par des manifestations impressionnantes de l’opposition interne de la RDA, au cours desquelles les protagonistes des droits civiques manifestèrent pour la première fois publiquement leurs critiques et leurs revendications, notamment dans les «manifestations du lundi» à Leipzig. Ces deux facteurs firent chanceler les structures de la RDA. De surcroît, on s’aperçut rapidement que, cette fois-ci – contrairement à 1956 en Hongrie, 1968 à Prague ou 1980 en Pologne – l’Union soviétique ne songeait pas à réprimer les protestations par la force.

La «révolution douce» provoqua une espèce de paralysie des organes de la RDA. La démission, le 18 octobre 1989, d’Erich Honecker, secrétaire général du SED et président du Conseil d’Etat depuis de longues années, marqua le début de l’effondrement du régime du SED.