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Berlin, le centre politique

Depuis la réunification, Berlin n’est plus une ville divisée et, ayant délaissé depuis longtemps le thème Est-Ouest.

Herfried Münkler, 18.09.2018
Berlin, le centre politique
© picture alliance / Daniel Kalker

Berlin fut désigné capitale de l’Allemagne dès le Traité d’unification. Le 20 juin 1991, le Bundestag décida que le gouvernement fédéral et le Parlement devaient déménager de Bonn – capitale de la République fédérale depuis 1949 – à Berlin. Depuis ce déménagement en 1999, l’Allemagne a, avec Berlin, retrouvé un centre politique animé, comparable aux métropoles des grands pays européens voisins, et symbolisé par la Chancellerie, par la modernisation du Reichstag et par une Porte de Brandebourg ouverte incarnant la fin de la partition. On a parfois craint que l’installation du gouvernement à Berlin n’exprime une nouvelle « mégalomanie » allemande qui, en raison du poids politique et économique du pays, compromettrait l’équilibre européen. Ces craintes se sont avérées injustifiées. Bien au contraire, l’unité allemande a servi de point de départ pour surmonter la division du continent en Europe de l’Est et de l’Ouest.

Dans cette mesure, l’Allemagne a effectivement joué un rôle de pionnier dans l’intégration politique et économique du continent. Elle a renoncé pour cela au deutschemark, l’un de ses instruments les plus importants symbolisant le processus de réunification, pour créer un espace monétaire européen qui n’existerait pas sans l’Allemagne. Depuis 1990, même lorsqu’ils étaient très absorbés par le processus de réunification, les différents gouvernements allemands n’ont jamais perdu de vue l’intégration européenne et ont largement contribué à son avancement qui déboucha sur le processus de Lisbonne.

Dans les années 1990, le rôle de l’Allemagne dans la politique mondiale a lui aussi évolué. Ses responsabilités accrues sont visibles à l’étranger avec la participation de soldats allemands aux missions internationales de paix et de stabilisation. Mais, à l’intérieur, ces missions à l’étranger font parfois l’objet de controverses. Les alliés de l’Otan attendent de la République fédérale d’Allemagne qu’elle assume des obligations communes correspondant à sa taille et à son poids politique. Cela met rétrospectivement en lumière le fait que, pendant sa partition, l’Allemagne avait un statut politique qui a disparu avec la fin de l’ordre mondial bipolaire. Depuis que les risques d’une confrontation entre les soldats de la Bundeswehr et de l’armée populaire de la RDA ont disparu, les attentes internationales envers l’Allemagne ont continuellement augmenté pour qu’elle assume des responsabilités appropriées.