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Permettre aux réfugiés 
de redémarrer

Une initiative du ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement a pour but de contribuer à combattre les causes de la fuite et à en adoucir les conséquences.

13.01.2016

Fuir, encore et toujours, poursuivre sa route toujours plus loin, tel a été longtemps le quotidien de Severina William. Pendant la guerre civile au Soudan méridional, elle devait sans cesse esquiver les groupes armés. Maintenant, elle a trouvé un nouveau domicile, à la périphérie d’Ibba, ville située au sud-ouest du pays, ce qui lui permet de cultiver ses propres denrées alimentaires et de gagner de l’argent. Cette nouvelle chance, elle la doit à un projet qui aide les réfugiés à redémarrer : une école rurale destinée aux paysans.

Tout ce dont elle a besoin pour que son travail de paysanne soit couronné de succès, elle l’apprend à l’école. Elle apprend comment il faut semer, quand le moment est propice à la moisson et comment il convient, par la suite, de l’engranger. C’est l’école qui lui fournit les semences et les outils agricoles. « Nous pourrons bientôt être indépendants », affirme Severina William.

Elle n’est pas la seule à tirer profit de ce nouveau savoir. Les « élèves » de cette école rurale transmettent leurs capacités aux autres. C’est ainsi que les paysans peuvent accroître progressivement la production agricole de leur région et assurer le ravitaillement d’un nombre croissant d’habitants. Jusqu’ici, plus de 45 000 personnes – ce chiffre englobant les paysans et leurs familles – ont profité de cette offre. Près de 7000 ménages de petits cultivateurs ont bénéficié de formations en culture de légumes et en agriculture. Les rendements ont enregistré une augmentation allant jusqu’à 20%.

L’école rurale destinée aux paysans est un exemple qui montre comment les réfugiés peuvent obtenir de nouvelles perspectives leur permettant de mener une vie autodéterminée. Cette école fait partie de l’initiative spéciale « Lutter contre les causes de la fuite – réintégrer les réfugiés » lancée par le ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement (BMZ). Soutenant des personnes dans 19 pays, ladite initiative porte également sur plusieurs projets suprarégionaux qui s’échelonnent sur cinq ans maximum. À part le Soudan méridional, les régions concernées sont notamment la Somalie, le Tchad, l’Ouganda et la République centrafricaine. Le budget de l’initiative qui a démarré en 2014 est de 330 millions d’euros.

« En lançant cette initiative spéciale, le BMZ entend contribuer à ce que les conflits ne naissent pas du tout, ne dégénèrent pas et ne forcent pas les populations à fuir », dit une porte-parole du ministère. « En même temps, il veut aider à adoucir les répercussions négatives des flux de réfugiés pour tous les intéressés. » Il a pour but de combattre, conjointement avec ses partenaires, les causes de la fuite et de stabiliser les régions d’accueil. De surcroît, l’initiative contribuera à intégrer les gens dans leur nouvelle patrie ou à les aider à reprendre pied dans leur ancienne.

Pour atteindre ces objectifs, des projets ont démarré dans différents domaines : le ministère fédéral finance des offres éducatives et aide des hommes et des femmes à élargir leurs qualifications. L’initiative améliore l’alimentation en eau et l’accès aux soins, tout en proposant des services psychologiques. Elle englobe aussi des projets de paix et de réconciliation. En Afrique subsaharienne, par exemple au Soudan méridional, des installations d’eau potable et des sanitaires pour 36 000 déplacés et pour la population locale sont mises en place. Au Mali et dans la région jouxtant le Niger, des jeunes se voient proposer une formation professionnelle. Et en République centrafricaine, on reconstruit des écoles qui hébergeront plus de 50 000 élèves.

L’initiative spéciale a été lancée au vu de l’augmentation du nombre des réfugiés : actuellement, quelque 60 millions de personnes sont en fuite. Elles quittent leur pays parce qu’il est en guerre ou parce qu’elles sont, soit persécutées, soit opprimées. Elles fuient la violence ou les conséquences du changement climatique. Neuf réfugiés sur dix vivent dans un pays en développement.

Ces régions d’accueil ont besoin d’aide, souligne Steffen Angenendt, expert en migration auprès de la Fondation Science et Politique. Et d’ajouter : « Elles n’ont bien souvent qu’un accès insuffisant aux soins, pas assez d’écoles et pas d’administration qui fonctionne ». Les réfugiés restent souvent longtemps dans ces régions. « C’est pourquoi il faut leur donner une perspective sur place. » Sinon, ils reprennent la route. « La recherche sur les migrations le montre bien : celui qui a déjà fui une fois est en général prêt à se remettre en route  », affirme le scientifique.

L’engagement est surtout rentable dans 
le secteur éducatif, souligne Angenendt: «  Un grand nombre de jeunes réfugiés n’ont pas fréquenté l’école depuis tout un temps. Si on ne leur vient pas en aide, ils ne peuvent pas tirer profit de leur potentiel et il en résulte une génération perdue. » En outre, l’aide est très importante parce que les immigrés se disputent souvent les ressources avec la population locale. Ce qui peut générer des conflits : par exemple en matière de nourriture et d’éducation.

Pour lutter contre ces conflits, le BMZ coopère, dans le cadre de cette initiative spéciale, avec différents partenaires. À savoir notamment la Commission européenne ainsi que des organisations étatiques telles l’Établissement de crédit pour la reconstruction (KfW) et la Société allemande de coopération internationale (GIZ). Sans oublier les Nations Unies, des universités, des think tanks, des organisations non gouvernementales, des fondations, des Églises ainsi que les gouvernements des États en cause.

L’initiative spéciale n’est qu’un module développé par le BMZ pour donner de nouvelles perspectives aux réfugiés. Durant la législature actuelle, le ministère de la Coopération économique et du Développement dépensera plus de 12 milliards d’euros qui iront dans les pays d’origine et d’accueil, et ce pour continuer à assumer des responsabilités à l’international.