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Lutte commune contre le braconnage

L’Allemagne s’engage pour la lutte contre le braconnage en Afrique. En peu de temps le nombre d’animaux s’est ainsi stabilisé dans certaines régions.

03.01.2017
© dpa/H. Schmidbauer - Poaching

Les chiffres sont dramatiques : on a estimé autrefois le nombre des éléphants à 20 millions sur le continent africain et il n’y en a plus qu’environ 350 000. Le braconnage en est la raison. Malgré l’interdiction de commercialiser l’ivoire, il reste dans le monde entier des acheteurs prêts à payer le prix fort pour les trophées convoités – ce qui a été la cause de la mort de 20 000 éléphants rien qu’en 2015. Les rhinocéros également sont de plus en plus souvent victimes des braconniers.

Le montant total du commerce illégal avec des espèces menacées est estimé à 19 milliards de dollars US minimum chaque année. Ce commerce se place au quatrième rang de la criminalité organisée, après la traite d’êtres humains, le trafic de stupéfiants et la contrefaçon. Selon Katharina Trump, chargée de mission pour la lutte contre le braconnage au World Wildlife Fund (WWF) « cela va bien au-delà de la dégradation de l’environnement et des espèces. Cela met en danger les économies régionales et nationales ainsi que la sécurité et la stabilité dans les pays concernés. »       

En effet, le commerce illégal implique des réseaux criminels agissant au niveau international et la corruption de la police, des fonctionnaires des douanes et du gouvernement. L’ivoire est également considérée comme une monnaie d’échange pour le financement de conflits armés et le terrorisme. De plus, le braconnage entraîne des pertes pour le tourisme – soit jusqu’à 23 millions de dollars US rien qu’en 2016. 

Protection pour les rangers

Des NGOs allemandes telles que WWF, la Société zoologique à Francfort sur le Main et le Global Nature Fund ou encore des organisations comme la Société allemande de coopération internationale Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) misent sur le renforcement du monitoring des réserves naturelles pour stopper le braconnage. Deux avions allemands dont les pilotes peuvent voler particulièrement lentement et à basse altitude sont par exemple en service dans les parcs nationaux de Salous et de Serengeti en Afrique de l’Est.   

La protection locale des rangers est également importante. Selon Trump « ils ont un job très dangereux ». Au cours des dix dernières années, plus de 1 000 d’entre eux ont trouvé la mort – causée par des animaux mais aussi par des braconniers. La GIZ, entre autres, forme les rangers et les munit d’un meilleur équipement – dont de systèmes radio haute fréquence, d’appareils de vision nocturne, de logiciels pour ordinateurs et smartphones à l’aide desquels les rangers peuvent envoyer immédiatement le résultat de leurs observations aux bases de support pour les exploiter. Entre-temps, dans la réserve naturelle de Selous, la population d’éléphants s’est stabilisée alors qu’elle était passée dramatiquement de 40 000 à 15 000 animaux en l’espace de quatre ans.  

La formation continue des douaniers et des juristes joue aussi un rôle important. « Les produits du braconnage atteignent des prix élevés alors que le risque est faible » déclare Klemens Riha de la GIZ. De lourdes peines de prison et un fort taux de condamnation pourraient décourager les organisations criminelles.

Lutte mondiale contre le braconnage

La Resolution contre le braconnage et le trafic d’espèces sauvages adoptée par les Nations Unies en juillet 2015 est considérée comme un jalon ; le Gabon et l’Allemagne en étaient les initiateurs. 193 États s’y engagent à une meilleure collaboration internationale. Il s’agit aussi que des consommateurs, essentiellement en Chine, en Thaïlande et au Vietnam, changent d’attitude. En novembre 2016, à Hanoi, une première conférence internationale sur le commerce illégal d’espèces sauvages a eu lieu -  une rencontre qui aurait été inimaginable il y a encore quelques années.