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Des médiateurs de 
la paix en Europe

L’OSCE contribue de manière significative à la sécurité et à la paix en Europe. L’Allemagne y joue un rôle éminent.

14.08.2014
© picture-alliance/dpa - OSCE

Dans les années 1960 et 1970, il régnait 
en Europe une confrontation politique 
et militaire que l’on a de la peine à imaginer aujourd’hui. En 1977, environ 2,5 millions de soldats, plus de 38 000 chars de combat et 10 000 têtes de missiles y étaient stationnés. Le moindre prétexte aurait pu provoquer une guerre conventionnelle générale ou même un conflit nucléaire dans lequel l’Europe centrale, au moins, aurait été littéralement engloutie. L’objectif d’une réunification allemande était assimilé à ce contexte de confrontation. Or, dès le début des années 1960, certains commençaient à comprendre que cette confrontation ne faisait avancer ni la paix en Europe ni la réunification allemande.

Egon Bahr, alors proche collaborateur du maire de Berlin Willy Brandt, fut le premier à décrire cette évolution avec une formule percutante, parlant de « changement par le rapprochement » lors du discours qu’il prononça à Tutzingen en juillet 1963.

D’emblée, l’idée directrice de la CSCE fut controversée. Mais elle a durablement transformé l’Europe

Cela formulait le grand principe de la politique de détente qui conduisit en 
1975 à l’Acte final de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) à Helsinki : un processus inté­gratif de coopération sur la base de normes et de principes communs qui permit de surmonter non seulement la confrontation mais aussi le système qui régnait à l’Est.

Pour aussi controversée qu’ait été cette idée dès le début, notamment à l’Ouest, elle a durablement transformé l’Europe. Les grands bouleversements de 1989 à 1991 – la fin du régime communiste, la 
fin de la division de l’Europe et de l’Allemagne – n’ont pu se dérouler sans violence que parce que l’on disposait du cadre de référence du processus de la CSCE. Rappelons Hans-Dietrich Gen­scher, qui accompagna et influença ce processus de 1974 à 1992 comme ministre allemand des Affaires étrangères, et qui disait : « Il s’est avéré que la coo­pération a permis d’obtenir bien plus que l’acceptation de la confrontation. »

Cette idée est toujours valide aujourd’hui. Ces quinze dernières années surtout, l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), qui a succédé à la CSCE, a beaucoup été négligée par ses 57 membres, y compris certains membres occidentaux. Et, vingt ans après que son nom ait changé de « conférence » en 
« organisation » lors du sommet de Budapest en 1994, elle ne possède toujours pas de fondement juridique international. Souvent, les 57 pays, qui prennent leurs décisions dans le consensus, ne peuvent s’entendre que sur quelques points. En outre, le budget de l’OSCE baisse lentement mais régulièrement. Au fil du temps, tous ces aspects ont nourri l’opinion, également partagée en Allemagne, que l’OSCE avait perdu de sa pertinence politique.

L’OSCE n’a toujours pas 
de fondement juridique 
international

À l’autre extrémité de l’équation, on trouve les réalisations incontestables de l’Organisation dont le siège est à Vienne et est dirigé par son Secrétaire général, l’Italien Lamberto Zannier. L’OSCE mène actuellement seize « opérations sur le terrain » dans les Balkans, en Europe de l’Est, au Caucase et en Asie centrale, opérations qui régulent les crises et soutiennent de mille manières les efforts entrepris pour établir une gouvernance démocratique, basée sur l’État de droit.

Le Haut-Commissaire aux minorités nationales, Mme Astrid Thors, veille au respect des droits des minorités, prévenant ainsi les conflits. Le Représentant de l’OSCE pour la liberté des médias, Mme Dunja Mijatovic, n’a de cesse de pointer du doigt les entraves à la liberté de la presse. Et, à Varsovie, le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme, dirigé depuis juillet 2014 par Michael Georg Link, ancien ministre d’État au ministère allemand des Affaires étrangères, est un label de qualité réputé dans le monde pour l’observation des élections. Mais il travaille aussi dans de nombreux autres domaines comme la démocratisation, l’État de droit et les droits de l’homme. La crise actuelle en Ukraine souligne bien l’importance de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Pendant cette crise, la communication stratégique entre la Russie et l’UE, 
respectivement l’Otan, se tarit à une vitesse étonnante, nombre de gouvernements occidentaux ne parlant pratiquement plus avec Moscou.

L’OSCE s’engage aussi sur 
le difficile terrain de la crise 
ukrainienne

Dans cette situation, l’OSCE s’est avérée être un cadre dans lequel on pouvait non seulement continuer à se parler mais
aussi convenir d’activités communes, dans des formats parfois totalement nouveaux. La mission d’observation de 
l’OSCE en Ukraine, qui comporte jusqu’à 500 membres, est source de transparence ; la mission d’observation des élections, forte de 1000 membres, a surveillé le bon déroulement des élections présidentielles, décisives sur le plan politique, qui ont eu lieu le 25 mai 2014. L’OSCE aida aussi à organiser une table ronde nationale dont la première séance était animée, entre autres, par Wolfgang Ischinger, 
ancien secrétaire d’État au ministère allemand des Affaires étrangères. ▪

M. Wolfgang Zellner dirige 
le Centre de recherches 
sur l’OSCE (CORE) à l’Institut 
de recherches sur la paix à 
Hambourg.