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Les jeunes et le regard que portent les Britanniques sur l’Allemagne

Au musée Martin-Gropius-Bau à Berlin des élèves découvrent une exposition du British Museum. Elle retrace 600 ans de l’histoire et de l’identité allemandes du point de vue britannique.

29.12.2016
© Stephan Pramme - Martin-Gropius-Bau

Une très grande vitrine contient un très petit objet. Niklas le regarde et s’interroge. Qu’est-ce que c’est ? Ça ressemble à un œuf, est en métal, peint en blanc et est percé de trous comme une salière démesurée. L’élève de 14 ans de l’école Alfred Nobel à Berlin lit la notice et découvre que cet objet est l’intérieur d’une grenade. Juste après la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle a été transformée par l’entreprise Ata pour répartir du produit à lessive.  

L’exposition  „Der Britische Blick: Deutschland – Erinnerungen einer Nation“ (Regard britannique sur l’Allemagne – souvenirs d’une nation) est justement un regard posé avec recul et humour anglais. Neil MacGregor, qui fut le directeur du British Museum et est maintenant le responsable du Forum Humboldt à Berlin l’a conçue – en fait pour le public de Londres où elle a été présentée en 2014/2015. La grenade recyclée symbolise la manière dont l’Allemagne a fait place nette après la guerre.

Aucun accent sur le nazisme

Deux salles de l’exposition sont consacrées à la Guerre mondiale, à la guerre froide et à la chute du Mur. La plupart des quelque 200 objets concernent toutefois l’artisanat, les performances économiques, l’art et la culture de l’Allemagne. Selon Susanne Rockweiler, directrice adjointe du musée Martin-Gropius-Bau cela est étonnant et est dû à la perspective britannique. « Un commissaire allemand aurait mis l’accent sur le nazisme »    

C’est aussi le thème central qu’ont choisi Alina et Belinda de neuvième et dixième classe de l’école Heinrich von Stephan à Berlin. Avec le conseil de pédagogues du musée, elles ont exploré les salles, tout comme quelque 100 autres élèves, ont sélectionné des objets et se sont penchées sur leur histoire. Les deux jeunes filles ont choisi le portail en métal du camp de concentration de Buchenwald. Il porte l’inscription « Jedem das Seine » (À chacun son dû) en lettres rouges. Alina et Belinda racontent l’histoire criminelle du camp où des gens de toute l’Europe ont été transportés et dont plus de 56 000 ont trouvé la mort. « Ce portail est le symbole des atrocités de la Seconde Guerre mondiale » dit Belinda et Alina trouve que cela fait absolument partie de l’Allemagne.       

Nombreuses langues, nombreuses perspectives

Dans la salle suivante, deux autres jeunes filles secouent la tête. Leonore et Melissa sont devant une coccinelle Volkswagen gris-bleu. Selon l’opinion britannique, elle se réfère aux Allemands en tant qu’excellents constructeurs automobiles et conducteurs passionnés. Leonore hausse les épaules : une Mercedes comme symbole pour les Allemands – cela, elle l’aurait compris. Mais le véhicule exposé ne fait plus partie de son quotidien.

La façon dont les élèves abordent l’histoire allemande vue sous la perspective britannique à l’exposition, qui reçoit le soutien des délégués du gouvernement à la Culture et aux Médias, fait preuve d’une magnifique légèreté. Beaucoup de ceux qui participent avec leurs professeurs au programme de médiation abordent pour la première fois aussi intensément leur propre histoire – et reflètent avec leurs façons de voir, leurs langues et leurs origines différentes la diversité européenne des perspectives qui est le thème de l’exposition.    

C’est le cas d’Alessia. Elle grandit en étant bilingue car ses parents viennent d’Italie. À l’exposition, elle a été attirée par les perles brillantes d’un encensoir et a fait des recherches sur sa fonction dans le catholicisme. Elle en avait déjà une vague idée car elle est elle-même catholique. Elle savait aussi que la foi chrétienne, tout comme d’autres religions, font partie de l’Allemagne. Elle trouve toutefois que les Britanniques ont tort de considérer que les processions avec un encensoir à la Fête-dieu sont « typiquement allemandes ». « Il y en a beaucoup plus en Italie ! »    

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