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« Un signal fort de rapprochement »

Un nouveau programme de bourses du DAAD soutient la recherche sur l’histoire coloniale allemande.

Benjamin Haerdle, 05.12.2022
Des femmes Herero en Namibie
Des femmes de la tribu Herero en Namibie © picture alliance/dpa

L’analyse de l’histoire coloniale de l’Allemagne était jusque-là sous-représentée dans la recherche allemande, de nombreux aspects de ce qu’il s’est passé il y a plus de 100 ans dans les colonies allemandes sont rarement étudiés. Il y a pourtant matière à recherche car, jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale en 1918, les troupes de l’Empire allemand occupèrent entre autres la Namibie actuelle, le Cameroun, le Togo, la Tanzanie, une partie du Ghana, la ville de Qingdao en Chine ainsi que plusieurs îles dans le Pacifique ouest et en Micronésie – avec parfois des conséquences terribles comme le génocide des Hereros et des Namas en Namibie en 1904 et 1905. Le programme de bourses « German Colonial Rule » (GCR), initié par le Service allemand des Echanges universitaires (DAAD) et financé à hauteur de 1,2 million d’euros par le ministère des Affaires étrangères, veut combler cette lacune. Ainsi, neuf jeunes chercheuses et chercheurs dans des universités allemandes pourront, jusqu’en 2026, présenter leur thèse de doctorat sur le passé colonial allemand et ses conséquences.

La boursière Gloria Unotjari Tjitombo
La boursière Gloria Unotjari Tjitombo © privat

Réécrire l’histoire coloniale

L’une de ces boursières est la Namibienne Gloria Unotjari Tjitombo qui prépare son doctorat à l’université de Cologne. « Je vois dans ce programme une opportunité de réécrire l’histoire de la Namibie d’un point de vue namibien », dit-elle. C’est l’occasion de recueillir les voix de ceux qui étaient véritablement concernés. En tant que Namibienne, il lui est plus facile de comprendre les populations et leur histoire. Cette doctorante, qui a passé son master à l‘University of Namibia, se penche dans sa thèse sur le régime du travail dans son pays – sous forme d’une étude de longue durée du régime colonial allemand jusqu’à la Namibie post-coloniale. « Le travail était l’un des facteurs déterminants de l’histoire coloniale allemande en Namibie », dit-elle. Gloria Unotjari Tjitombo veut maintenant étudier les secrets et la complexité de ce sujet multidimensionnel en Namibie et, ainsi, apporter en tant que sociologue cette nouvelle perspective sur le monde du travail qui a fait défaut au cours des 20 dernières années, dit-elle.

Le boursier Christian Lemuel Magaling
Le boursier Christian Lemuel Magaling © privat

Un large éventail de thèmes de recherche

Dans l’ensemble, la diversité des thèmes de recherche auxquels se consacrent les boursiers et boursières est vaste. Ils vont de la biographie de personnes ayant travaillé comme directeurs ou secrétaires d’Etat dans les administrations coloniales ou à d’autres postes à responsabilité dans l’Empire allemand à l’étude du rôle des administrations allemandes dans le droit, le commerce, les affaires militaires, en passant par la comparaison des politiques coloniales de différents pays. Christian Lemuel Magaling a passé son master à l’University of the Philippines et prépare maintenant son doctorat à l’Université de Bonn. « Mon objectif est l’analyse de l’implication coloniale de l’Allemagne en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique pendant la domination impériale allemande », dit-il. Concrètement, cela signifie qu’il veut reconstituer la volonté de l’empereur de s’immiscer dans la politique coloniale de ces régions. Il analyse des lettres, des directives et des études scientifiques ainsi que la résistance des intellectuels locaux.

Assumer une responsabilité historique et morale

Le président du DAAD, le professeur Joybrato Mukherjee, voit dans les projets des chercheurs venant d’anciennes colonies avec leurs confrères dans les universités allemandes un signal fort de rapprochement dans le monde. « Le DAAD contribue ainsi à assumer une responsabilité historique et morale pour la souffrance infligée aux populations dans nombre de pays africains et asiatiques », dit-il.

Nous sommes bien décidés à faire avancer l’analyse du passé colonial de l’Allemagne.
Katja Keul, ministre d’Etat pour la politique culturelle internationale au ministère des Affaires étrangères

Katja Keul, ministre d’Etat pour la politique culturelle internationale au ministère des Affaires étrangères, a des arguments similaires. « Le gouvernement fédéral est bien décidé à faire avancer l’analyse du passé colonial de l’Allemagne », dit-elle. La recherche joue ici un rôle éminent. « Nous connaissons trop peu le rôle des administrations allemandes pendant l’époque coloniale. Nous tenons à étudier ce chapitre de notre histoire avec des chercheuses et des chercheurs des pays ayant connu la colonisation », souligne-t-elle.

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Des échanges internationaux

En attendant, le doctorant philippin Christian Lemuel Magaling est heureux que la bourse lui ouvre de nouveaux espaces de recherche. Il a ainsi accès aux archives et aux bibliothèques allemandes pour ses recherches. Son séjour à l’Université de Bonn l’aide aussi à nouer de nouveaux contacts et à élargir son réseau. « Il est inhabituel que des scientifiques puissent comparer la recherche sur la colonisation dans différentes régions du monde car chaque régime colonial avait sa méthode pour gérer, contrôler et opprimer la résistance à la colonisation », dit-il. Normalement, pouvoir discuter avec des collègues africains est rarement possible. La bourse du DAAD lui permet de tels échanges dans les années à venir.  

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