La ligue
L’année de son cinquantenaire la Bundesliga présente un événement de rang mondial.

Personne n’a inventé le ballon. Toutefois, ce sont les Anglais qui ont inventé le football et les Brésiliens le beau football. Au Brésil, il y aurait 37 mots pour désigner le ballon. Tant de mots pour une même chose, c’est plutôt bon signe. Un signe d’amour. Par contre, la création du mot « Bundesliga » ne ressemble pas à une déclaration d’amour. Cela ne ressemble même pas à un produit brillant comme « Premier League » ou « Série A ». « Bundesliga », cela fait davantage penser à une décision administrative d’une haute autorité du football fédéral. Toutefois, lorsque, il y a 50 ans, cette création est apparue dans le monde du football – alors que tous les voisins européens avaient déjà leur ligue depuis longtemps – on ne pouvait pas imaginer que la Bundesliga deviendrait ce que son nom ne laissait pas espérer, c’est-à-dire une marque réputée pour un divertissement passionnant, connue dans le monde entier et le théâtre d’une passion collective que vivent à chaque match plus de 400 000 personnes sur les stades allemands.
La Bundesliga n’a jamais été aussi jeune et cool qu’à 50 ans. Pour cela, elle n’a pas eu besoin de cure de jouvence. Elle est jeune naturellement, grâce à l’encouragement exemplaire de talents qui a révélé de nouvelles vedettes comme Götze et Reus, Müller et Draxler. Et aussi grâce à un jeu jeune et dynamique, lancé par le Borussia Dortmund, développé par le Bayern Munich et qui trouve sa place en Europe, juste pour son cinquantenaire – lorsque la Bundesliga sera présente pour disputer une finale germano-allemande sur le stade le plus célèbre du monde. Wembley pour une fête allemande du football – ce que les Anglais voient avec une certaine ironie, selon leur fameux humour. Un journal a écrit, lorsqu’il s’est révélé que le Bayern et le Borussia Dortmund avaient gagné la demi-finale, qu’il y avait du bon dans cette histoire : c’est la première fois depuis 47 ans qu’une équipe allemande perdra à Wembley – pour la première fois depuis la finale de la Coupe du monde en 1966.
Pourtant l’Angleterre, dont la « Premier League » a longtemps été considérée comme le nec plus ultra, avait déjà découvert que la Bundesliga était un modèle. Les fans anglais sont arrivés les premiers, par avions low coast pour assister à des matchs bon marché avec une véritable ambiance de football, comme par exemple à ceux de seconde division avec le FC St. Pauli ou à Dortmund. Les reporters anglais leur ont emboîté le pas, parlant de ce qui fait l’attrait de la Bundeliga : des prix abordables, la sécurité et une bonne atmosphère dans les stades – les places debout et les bars à bière, une grande présence féminine et jeune, car depuis la Coupe du monde en 2006 les spectateurs sont représentatifs de l’ensemble de la société allemande. Sans oublier la répartition des biens des clubs dont la majorité doit appartenir aux clubs - c’est-à-dire aux membres et aux supporters.
Ainsi, l’année de son cinquantenaire en 2013, la Bundesliga est au sommet de son succès sportif et économique sans être devenue une organisation commerciale extrême. Elle est restée populaire, avec de nombreux clubs éveillant l’intérêt au-delà des régions. Ce sont des clubs uniques tels que Schalke 04, stimulateur de la Ruhr, la région la plus passionnée de football. Tout comme Werder Bremen, symbole de continuité et du charme d’une région tranquille où l’on peut aussi atteindre le stade en empruntant un ferry-boat. Mais aussi Borussia Mönchengladbach, synonyme d’un football d’une grande fraîcheur ou encore SC Fribourg avec ses petits moyens financiers mais de grandes ressources pédagogiques et une idée de durabilité qui fait face à la perte de talents en en développant sans cesse de nouveaux.
À cela s’ajoutent les géants régionaux, sorte de cadre de la Bundesliga, qui ont connu des jours meilleurs, tels que le Hamburger SV ou le VfB Stuttgart. Il y a aussi les clubs traditionnels oscillant entre ligue 1 et ligue 2 sans perdre leur caractère ou leur popularité comme c’est le cas de Eintracht Frankfurt, 1. FC Köln ou 1. FC Kaiserslautern. Tous ces clubs sont plus âgés que la Bundesliga. Mais il n’ont véritablement d’importance aujourd’hui que s’ils sont et demeurent partie de la classe de jeu qui a donné naissance en 1963 à la tardive équipe européenne qui, en 2013, est en tête dans toute l’Europe.▪
Christian Eichler