Aller au contenu principal

L’électromobilité en Afrique

Au Rwanda ou en Ouganda, on teste des idées pour la transition énergétique. Deux projets germano-africains qui protègent l’environnement et facilitent le quotidien de la population.

Ana Maria Michel, 30.06.2023
Les vélos électriques « Africrooze » contribuent à une mobilité durable.
Les vélos électriques « Africrooze » contribuent à une mobilité durable. © EURIST e.V.

Un tracteur électrique pour le Rwanda

Il ne s’agit encore que d’un prototype mais bientôt cinq tracteurs électriques viendront aider les agriculteurs du Rwanda dans leur travail. Ces machines font partie du projet « GenFarm » grâce auquel le groupe automobile allemand Volkswagen (VW) souhaite créer un modèle économique social et durable au niveau environnemental pour l’Afrique subsaharienne. L’idée d’un tracteur propulsé par l’énergie solaire vient de VW Group Innovation qui développe les nouveaux produits pour toutes les marques du groupe. VW Afrique du Sud et VW Rwanda participent également au projet. Le constructeur automobile basé à Wolfsburg, au nord de l’Allemagne, a des filiales dans ces pays. Le projet est une coopération entre l'économie et les pouvoirs publics. Sur mandat du Ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement, il est soutenu par la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ). L'Université nationale du Rwanda a ainsi obtenu les moyens financiers pour l'accompagner sur le plan scientifique.

Le tracteur électrique augmente la productivité sans impacter l’environnement.
Le tracteur électrique augmente la productivité sans impacter l’environnement. © Faith Bagire

Augmenter la productivité dans l’agriculture

« Dans les régions rurales du Rwanda, la population souffre d’extrême pauvreté. La sécurité alimentaire est donc un sujet important », explique Andrea Denzinger, chef de projet au GIZ. Il s’agit d’augmenter la productivité dans l’agriculture sans nuire au climat. Souvent, la récolte ne suffit pas à subvenir correctement aux besoins de la population et celle-ci s’accroît sur le continent africain.

Dans un premier temps, VW a transformé sur le sol allemand un tracteur fonctionnant au diesel en un tracteur électrique et l’a envoyé au Rwanda. Des étudiants et des professeurs sont toujours en train de le tester sur le campus de l’Institut rwandais pour la conservation de l’agriculture (RICA). Ils étudient sa consommation d’énergie en fonction des travaux réalisés. Le tracteur électrique est utilisé par exemple pour le traitement des sols, mais aussi pour l’irrigation ou le transport d’autres machines. L’autonomie de la batterie dépend de la tâche pour laquelle on utilise le tracteur, explique Denzinger. Il n’est pas nécessaire d’attendre longtemps une fois la batterie vide car le tracteur dispose d’une batterie de remplacement. En plus des tests, les agriculteurs ont été interrogés sur leurs besoins. Les études montrent que les tracteurs modernes suscitent une grande curiosité.

Le partage de tracteurs entre agriculteurs

Maintenant, il reste à aborder la deuxième étape du projet : l’épreuve pratique. À cet effet, VW construit cinq tracteurs électriques. Ces exemplaires uniques doivent être livrés à Gashora. Là, les machines doivent être utilisées par plusieurs agriculteurs selon un modèle de partage des ressources. De plus, il est prévu de créer un « empowerment hub », un centre dédié à l’autonomisation, doté de panneaux solaires et d’un réservoir d’énergie. On n’y trouvera pas seulement les tracteurs électriques, mais également des scooters électriques et d’autres activités. Le Rwanda est le premier concerné, mais d’autres pays africains pourraient à l’avenir être équipés de tracteurs électriques.

La mobilité électrique appliquée à l’agriculture bénéficie en de nombreux points à l’Afrique.
La mobilité électrique appliquée à l’agriculture bénéficie en de nombreux points à l’Afrique. © EURIST e.V.

Se ravitailler en eau grâce au vélo électrique

Un vélo électrique robuste, qui tient longtemps et peut être réparé grâce aux pièces détachées de marchés locaux : L’Institut européen pour un transport durable (EURIST) créé par Jürgen Perschon basé à Hamburg et à Kampala s’est fixé cet objectif. En partenariat avec la Première organisation africaine d'information sur la bicyclette (FABIO) Ouganda et EBIKES4AFRICA, il veut contribuer à la mobilité durable sur le continent africain grâce à ce qu’on appelle un africrooze. Le projet, c’est-à-dire la production de la première centaine de vélos et les essais en Ouganda à partir de 2017, a été financé par l’Institut de crédit allemand pour la reconstruction (KfW) et par des dons. Aujourd’hui, 180 africroozes, utilisés de différentes manières, se trouvent sur le sol ougandais. La plupart d’entre eux à Jinja, au sud-est du pays.

Transporter des patients en vélo électrique

« Notre vélo doit résoudre les problèmes de mobilité », déclare Christof Hertel, directeur général d’EURIST. Les bénéficiaires sont sélectionnés par FABIO. Sont privilégiées les personnes qui n’ont jamais possédé de vélo. Les africroozes sont entre autres utilisés pour transporter des personnes malades. Il est également possible de les adapter pour transporter de l’eau ou d’autres charges. Ils peuvent également servir de taxi ou pour les livreurs. Le projet est financé par des dons et des subventions. L’acteur allemand Bjarne Mädel soutient les africroozes en tant qu’ambassadeur.

Video AfricroozE : Des vélos électriques low-cost à énergie solaire Lire la vidéo

Dieses YouTube-Video kann in einem neuen Tab abgespielt werden

YouTube öffnen

Contenu tiers

Nous utilisons YouTube pour intégrer un contenu qui collectera possiblement des données sur vos activités. Merci de vérifier les détails et d’accepter le service afin de pouvoir afficher ce contenu.

Ouvrir le formulaire de consentement

Piwik is not available or is blocked. Please check your adblocker settings.

Les pièces détachées pour les vélos sont produites par Hero Cycles en Inde tandis que FABIO prend en charge le montage. « Nous nous concentrons sur l’Ouganda », explique Hertel. Toutefois, il est prévu d’étendre le projet à d’autres pays. Des centres de service e-bike supplémentaires sont prévus. Il y sera possible de recharger les vélos grâce à l'énergie solaire ou l'électricité générée par un moulin à eau local. De plus, ces centres doivent servir de stations de partage de vélos.

Les femmes aussi utilisent volontiers le vélo, rapporte Joy Kawanguzi, directrice générale de FABIO. Pour elle, le fait que ces vélos ne rejettent aucune émission est un grand avantage. Kawanguzi déclare également : « Il faut mettre en place un cadre juridique claire qui inclut une réduction des taxes appliquées aux vélos, aujourd’hui très élevées, ce qui les rend difficile à acquérir pour les populations locales. » De plus, les pièces détachées sont rares en Afrique. Pour faire avancer le projet, l’association EURIST a créé la société Africrooze GmbH.