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Un pays du cinéma performant

Les films allemands sont bien accueillis à l’étranger, des productions primées à l’international sont réalisées dans le pays.

13.02.2018
Weltweit gefragt: Filme aus Deutschland
© dpa

L’Allemagne est un pays du cinéma, quelque 250 films y sont produits chaque année. Des succès dans les festivals comme « Toni Erdmann » de Maren Ade et les drames « Wild », de Nicolette Krebitz, et « Axolotl Overkill », d’Helene Hegemann, placent ce site cinématographique qu’est l’Allemagne au centre de l’intérêt international. Mais les films allemands ne réussissent pas seulement dans les festivals, ils réussissent aussi au box-office tant allemand qu’étranger. En 2016, 27,7 millions de spectateurs ont regardé des films allemands, soit une part de marché de 22,7 %. « Toni Erdman » a été vendu dans plus de 100 pays jusqu’en mai 2017 et projeté dans les cinémas de quelque 40 pays. Les jeunes réalisateurs qui montent, comme Jonas Rothlaender (« Fado »), trouvent leur public tout comme les auteurs de succès populaires, par exemple l’acteur et réalisateur Til Schweiger, avec « Honig im Kopf », et Bora Dagtekin avec la comédie « Fack Ju Göthe! » La carte du cinéma allemand porte aussi l’empreinte des films d’auteur. Ainsi, Volker Schlöndorff a connu la première de « Retour à Montauk » à la Berlinale 2017. Actuellement, la diversité des genres et des styles artistiques est impressionnante. Elle s’enracine dans une longue tradition cinématographique.

Un site de production attrayant

L’Allemagne possède plusieurs grands sites du cinéma, Munich, Hambourg ou Cologne. Les Studios Babelsberg à Potsdam, près de Berlin, jouissent d’une réputation internationale. Créés en 1912, ils sont les plus anciens studios de grande taille au monde. Des films y sont produits depuis cette date. Babelsberg incarne dans le monde un patrimoine cinématographique de haut niveau, datant notamment des années 1910-1920 et associé aux noms de réalisateurs comme Fritz Lang (« Metropolis ») et Friedrich Wilhelm Murnau (« Nosferatu le Vampire »), ou de vedettes comme Marlene Dietrich. Grâce à des studios et des ateliers ultramodernes ainsi qu’à une équipe internationale et expérimentée de réalisateurs et de techniciens, Babelsberg voit la création de films allemands importants et de grandes productions internationales. « The Bourne Ultimatum », « Inglourious Basterds » et « Monuments Men », ainsi que des films oscarisés comme « Die Fälscher », « Der Vorleser » et « Grand Budapest Hotel », ont été en partie tournés dans les studios de Babelsberg. Aujourd’hui, outre des studios, un parc du cinéma, l’Université de cinéma Konrad Wolf et le lycée option cinéma de Babelsberg, cette ville des médias qu’est Babelsberg possède aussi nombre d’organismes et d’entreprises de médias. Le coaching des jeunes talents, la formation et la production sont parfaitement mis en réseau à Babelsberg.

Dans le domaine toujours plus demandé des effets spéciaux, des sociétés allemandes primées à l’international, comme Pixomondo, Rise FX ou Mackevision, se sont imposées dans la concurrence mondiale. On les demande entre autres pour la numérisation de grandes productions américaines. Ainsi, Pixomondo a été récompensée par un Emmy Award pour son travail sur « Game of Thrones ». Les effets spéciaux de « Hugo Cabret », le conte cinématographique de Martin Scorsese oscarisé en 2012, ont également été réalisés en Allemagne.

La Fédération et les Länder soutiennent le cinéma

Au niveau financier, la production cinématographique est soutenue au niveau fédéral par la ministre d’Etat Monika Grütters (BKM), chargée par le gouvernement de la culture et des médias, avec le Fonds de promotion du cinéma allemand (DFFF), le Soutien culturel au cinéma et l’Organisme de promotion du cinéma (FFG). Les réalisateurs sont également soutenus au niveau des Länder qui possèdent, chacun, des organismes de promotion du cinéma. La production de films devient néanmoins toujours plus difficile car les bases du financement et ses différents modèles évoluent et les films doivent s’imposer dans la concurrence internationale. Pour pérenniser la compétitivité de l’Allemagne comme site cinématographique, la BKM a augmenté en 2016 et 2017 le budget du Soutien culturel au cinéma, le faisant passer de 15 millions à 18 millions d’euros. L’élaboration, la production et l’exploitation des films allemands de grande qualité artistique sont ainsi substantiellement renforcées. Lors de la Berlinale 2017, la BKM a en outre augmenté le budget du DFFF de 25 millions d’euros pour 2017, le faisant passer à 75 millions d’euros. En 2018, on prévoit même de le faire passer à 125 millions d’euros afin de renforcer la compétitivité allemande dans la compétition pour attirer de grandes productions internationales.

Berlin et Potsdam-Babelsberg sont en tête en matière de cinéma, plus de 1.800 entreprises cinématographiques y ont réalisé en 2016 un chiffre d’affaires de quelque 900 millions d’euros. La Bavière se classe au deuxième rang avec la société munichoise Constantin qui fait partie de la ligue 1 des sociétés de films divertissants ; la Rhénanie du Nord-Westphalie se classe troisième.

Des festivals au rayonnement international

Mais il n’y va pas seulement de l’aspect économique de la production des films, il y va surtout de leur diffusion. Ils doivent attirer l’attention du public, par le marketing et lors de festivals de cinéma. La Berlinale, qui se déroule chaque mois de février dans la capitale allemande, est l’événement ayant le plus grand rayonnement dans le cinéma allemand. Les Hofer Filmtage et le Festival Max-Ophüls-Preis à Saarbrücken sont de grandes plateformes des nouveaux styles esthétiques. La distinction allemande de cinéma la plus renommée, et dotée de quelque 3 millions d’euros, est le Deutscher Filmpreis, appelé Lola. Les lauréats sont choisis par les membres de l’Académie allemande du cinéma.

Une bonne formation pour les cinéastes

Une grande partie des jeunes cinéastes qui présentent leurs travaux à Hof et à Saarbrücken rêvent d’obtenir le Deutscher Filmpreis. Leur formation se fait dans tout le pays, dans des établissements publics mais aussi privés, auxquels viennent s’ajouter les classes de cinéma dans les Ecoles supérieures des beaux-arts, certains établissements privés comme l’Internationale Filmschule à Cologne, la Hamburg Media School semi-privée ainsi que des cours de théorie et d’histoire du cinéma dans nombre de facultés et des cursus d’animation et d’effets visuels hautement actuels et reconnus à l’international. L’ancienne Ecole supérieure de télévision et de cinéma Konrad Wolf à Babelsberg est devenue il y a quelques années la première – et unique à ce jour – université du cinéma en Allemagne. D’autres établissements jouissent également d’une excellente réputation, comme l’Académie allemande de télévision et de cinéma à Berlin, l’Ecole supérieure de télévision et de cinéma à Munich et l’Académie du cinéma du Bade-Wurtemberg à Ludwigsburg – l’un des plus grands établissements de formation des futurs cinéastes en Allemagne avec quelque 500 étudiants. Le cinéaste Wim Wenders, distingué à l’international, est par exemple entré en 1967 à l’Ecole supérieure de télévision et de cinéma de Munich qui venait juste d’être fondée.