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Bonjour Berlin !

Berlin se considère comme la Silicon Valley allemande. Des créateurs d’entreprise français s’y installent de plus en plus. L’internationalisation renforce le site – et est donc soutenue.

17.01.2017
© Chloé Desnoyers - French Tech Hub

La chancelière Angela Merkel et le président français François Hollande ne se sont pas privés de venir en personne. Lors de la deuxième Conférence franco-allemande sur l’économie numérique fin 2016 à Berlin, tous deux soulignaient l’importance de la coopération dans le domaine de la numérisation. Ce n’est qu’ensemble que les milieux technologiques européens peuvent opposer quelque chose à la puissance d’innovation des Américains. Les ministères de l’Economie des deux pays, qui avaient invité à la conférence, le soulignaient aussi. On pouvait lire dans une déclaration commune : « Les start-ups doivent pouvoir grandir et se positionner comme ‚acteurs européens‘. » La France et l’Allemagne contribueront donc activement à l’application de la stratégie pour un « marché intérieur numérique ».

La veille de la conférence, on pouvait déjà se faire une impression vivante des nouveaux efforts pour se mettre en réseau. Dans le quartier berlinois de Friedrichshain, le groupe French Tech Berlin invita à une rencontre dans la Kunstraum Urban Spree. Ce réseau est soutenu par le gouvernement français et l’office de promotion économique Business France. Les initiateurs veulent rapprocher à Berlin les investisseurs, les entreprises bien établies et les start-ups. Il s’agit surtout de développer les échanges informels au sein de la grande communauté française et de mettre rapidement les jeunes entreprises françaises en contact avec des entreprises allemandes.

« Berlin est plus abordable que Paris ou Londres »

« Le French Tech Hub n’est ni une association ni un incubateur, on ne peut en devenir membre et on ne reçoit pas non plus de subventions, explique Lucas Friscic, de Business France. Les initiateurs conçoivent plutôt leur projet comme un réseau de mentors. Les start-ups françaises qui veulent s’installer à Berlin peuvent s’adresser au French Tech Hub quand ils rencontrent des problèmes ou recherchent des partenaires et des investisseurs. Les entreprises françaises peuvent se présenter sur le site Web de French Tech Berlin. Une bonne douzaine le font déjà, dont une bourse de l’emploi, une appli santé et un service de streaming musical. Pour Lucas Friscic, il est évident que le marché allemand est aussi intéressant pour les start-ups françaises qu’inversement : « La France et l’Allemagne ont bien des choses en commun. Les deux pays représentent de grands marchés intéressants au sein de l’Europe. »

Mais la perspective de 80 millions de nouveaux clients potentiels n’est pas la seule raison expliquant pourquoi tant de Français sont venus à Berlin ces dernières années. « Berlin est plus abordable que Paris ou Londres », dit Alexis Hue qui vit en Allemagne depuis 2010. Il a créé plusieurs firmes et travaille aujourd’hui comme CEO chez Oppex, l’un des plus grands moteurs de recherche pour les appels d’offre publics. Il trouve les conditions offertes aux créateurs d’entreprise à Berlin presque idéales : « Ici, des dizaines de milliers de personnes travaillent dans des start-ups, on trouve des experts pour tout. »

Surmonter les barrières linguistiques et les différences de mentalité

Les Français ne sont pas les seuls à être attirés par la capitale allemande, nombre d’informaticiens italiens, espagnols et russes enrichissent également l’économie numérique allemande. « Le milieu berlinois est extrêmement international », dit Alexis Hue. Une situation gagnant-gagnant : ce grand pool de main d’œuvre créative et hautement qualifiée offre un immense atout aux entreprises existantes. 

Mais cela ne suffit pas pour pouvoir affronter la concurrence américaine. « Aux Etats-Unis, les start-ups ont d’emblée accès à un marché de 350 millions d’utilisateurs qui parlent tous la même langue », explique Alexis Hue. L’Europe est plus diversifiée, cela freine un peu l’économie numérique. Quiconque veut travailler au niveau européen avec son entreprise doit surmonter les barrières linguistiques et les différences de mentalité. Mais il n’existe pas d’alternative car les véritables opportunités de croissance n’existent qu’à l’international, estime Alexis Hue. « L’objectif doit donc être la création d’un milieu technologique européen très interconnecté. » Il faut encore créer nombre de passerelles et de réseaux pour cela. Le French Tech Hub à Berlin pourrait être un exemple.

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