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Plus de femmes entrepreneurs pour l’Afrique

L’UE soutient les entreprises dirigées par des femmes en Afrique. Un exemple : la Mauricienne Lalita Junggee avec son entreprise « Eco Hustle ».

Luca Rehse-KnaufLuca Rehse-Knauf, 01.09.2023
Lalita Junggee, avec les premières serviettes hygiéniques biodégradables à l’île Maurice
Lalita Junggee, avec les premières serviettes hygiéniques biodégradables à l’île Maurice © Lalita Junggee

« Pourquoi dois-je me nourrir, moi-même, de plastique ? », demande Lalita Junggee, une entrepreneuse mauricienne de 34 ans venant de l’île Maurice. Cet État insulaire africain, qui se situe à l’est de Madagascar, est entouré par l’océan Indien. Ainsi, pour les 1,3 million d’habitants, la protection de l’environnement joue un rôle particulièrement important. « Avant que le plastique ne se dégrade, il peut se passer 100 à 200 ans ; il se décompose éventuellement en microplastiques, puis se retrouve dans la mer, et c’est la mer qui me nourrit. » « Eco Hustle », l’entreprise que Junggee a fondée en 2019, s’attaque à ce problème. L’entrepreneuse propose les premières serviettes hygiéniques biodégradables de l’île Maurice, sous le nom de « Recycle-Moi ».

L’État insulaire de Maurice
L’État insulaire de Maurice © Shutterstock

C’est en 2018 que cette idée lui est venue. Elle avait à l’époque pris connaissance de l’initiative « Women Entrepreneurship for Africa », mise en œuvre par la GIZ et la Tony Elumelu Foundation, pour le compte du ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) et de l’Organisation des États d’Afrique, Caraïbes et Pacifique (OEACP). 2 420 femmes entrepreneurs ont déjà participé à ce programme et ont bénéficié d’un capital de départ. 100 d’entre elles ont participé à un programme intensif et 30 autres ont suivi un autre programme de croissance, dont « Eco Hustle ». Parallèlement à un soutien financier, les femmes entrepreneurs bénéficient de coachings d’affaires et de contacts dans le réseau de la GIZ. Ce programme s’inscrit dans le cadre d’une initiative de l’Union européenne connue sous le label « Global Gateway ». D’ici 2027, il est prévu d’investir 300 milliards d’euros dans des projets de coopération en Afrique, en Amérique latine, dans les Caraïbes ainsi qu’en Asie.

Pour l’interview, Lalita Junggee nous rejoint depuis Vancouver, au Canada, ce pays représentant le premier marché potentiel en dehors de l’Afrique. Jusqu’à présent, elle s’est focalisée sur les États insulaires d’Afrique du Sud-Est : elle vend déjà aux Seychelles et aux Maldives, puis bientôt à la Réunion et aux Comores. « En tant que nations insulaires, nous nous trouvons face à des questions similaires, à des problèmes semblables. Il existe donc malheureusement une chose qui nous unit, à savoir notre problème et la crise liée au changement climatique que nous partageons. »

Bien entendu, l’entreprise doit être rentable et pouvoir se maintenir sur le marché, ajoute-t-elle. Mais avec son entreprise, à côté de la protection de l’environnement, Junggee poursuit également un objectif social. Avec ses produits, elle combat la « period poverty », en français la « pauvreté périodique ». Ce terme désigne le problème mondial qui fait que de nombreuses femmes n’ont pas accès à des produits d’hygiène appropriés ou n’ont pas les moyens de les acheter. Elle ajoute que la Banque mondiale avait communiqué en 2022 qu’environ 500 millions de personnes dans le monde n’avaient pas accès à des produits de menstruation et à des installations sanitaires adéquates. Elle confie également qu’à l’île Maurice, il serait, par ailleurs, mal vu de parler de la menstruation, et que de nombreuses femmes ne disposeraient donc pas d’informations pertinentes pour leur santé sur ce thème.

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Ensemble contre la pauvreté périodique

D’après une publication de 2022 du Programme des Nations unies pour le développement de l’île Maurice et des Seychelles, un certain nombre de campagnes, d’initiatives et de produits ont contribué à améliorer la situation. Parmi ceux-ci figurent les serviettes hygiéniques d’« Eco Hustle », qui seraient non seulement plus écologiques, mais aussi plus économiques que les alternatives traditionnelles. Néanmoins, le problème persiste, fait remarquer Junggee : « Il y a ici indéniablement de la place pour davantage de fournisseurs et j’espère que mon entreprise inspirera d’autres personnes à s’engager. » Aussi, en partie grâce à l’activisme entrepreneurial de Junggee dans ce petit pays, le tabou social se dissipe. « Je suis en tout cas fière d’avoir lancé un débat dans le pays pour discuter de la menstruation, et que les hommes participent à ce débat. »

L’Afrique abrite certaines des économies qui connaissent des croissances de PIB les plus fortes au monde. Mais si les femmes représentent plus de la moitié de la population, elles ne contribuent qu’à un tiers du produit intérieur brut continental. Le potentiel économique est donc ici énorme. La Banque africaine de développement (BAD) a déclaré que les start-up dirigées par des femmes jouent un rôle clé dans le développement économique du continent. L’évaluation de plusieurs études menées par l’Université de Harvard montre que l’augmentation de la proportion d’entreprises dirigées par des femmes en Afrique favorise la croissance

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C’est là qu’intervient le programme de promotion de l’entrepreneuriat féminin « Women Entrepreneurship for Africa ». Entre-temps, « Eco Hustle » l’a suivi et clôturé. Le réseau mis en place demeure. « C’est comme un abonnement à vie. » Pour l’avenir, l’entrepreneuse envisage de transférer la totalité de la production des serviettes hygiéniques en Afrique. Actuellement, elle importe des fibres de bambou d’Inde. L’entreprise teste si les fibres de bananier ainsi que les jacinthes d’eau – des plantes qui poussent en abondance à l’île Maurice – peuvent remplacer ces fibres pour la production de serviettes hygiéniques. L’objectif à long terme de Junggee est de s’établir sur le continent africain. « L’Afrique est le lieu avec lequel j’ai le plus de liens, car c’est mon pays natal. Et l’Afrique dispose des ressources nécessaires. Le continent a des problèmes, mais il a aussi les solutions. Nous devons juste faire équipe avec les bonnes personnes et faire monter à bord les bonnes troupes. Et c’est précisément ce que fait l’initiative “ Women Entrepreneurship for Africa ”. »