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Comment la recherche franco-allemande de pointe mène à bien ses projets

De l’IA verte jusqu’à la réponse européenne à SpaceX : des scientifiques allemands et français travaillent main dans la main sur les technologies clés de demain.

Ralf Isermann Ralf Isermann, 31.07.2025
L’Allemagne et la France sont les principaux contributeurs financiers de l’ESA
L’Allemagne et la France sont les principaux contributeurs financiers de l’ESA © ESA

Une recherche novatrice requiert une coopération internationale. En tant que partenaires proches, l’Allemagne et la France incarnent cette devise depuis de nombreuses années. C’est aussi ce qu’a démontré le Forum pour la coopération franco-allemande en matière de recherche, qui s’est tenu pour la huitième fois en juin 2025.

Ces rencontres, organisées tous les trois à quatre ans, constituent une plateforme importante pour fédérer les efforts communs des deux pays partenaires dans la recherche de pointe. Le rapprochement des deux principales économies de l’UE est plus déterminante que jamais. Car il s’agit en fin de compte de « garantir notre souveraineté et notre compétitivité, ainsi que notre capacité à façonner l’avenir », comme l’a souligné le ministre français de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste. Lors du forum, il a rencontré Dorothee Bär, son homologue allemande du ministère de la Recherche, de la Technologie et de l’Espace (BMFTR). 

Lanceur CALLISTO de l’ESA
Lanceur CALLISTO de l’ESA © DLR

CALLISTO est-il la réponse européenne à SpaceX ?

Il existe déjà une coopération étroite dans le domaine spatial : l’Allemagne et la France sont les principaux contributeurs financiers de l’Agence spatiale européenne (ESA). Actuellement, les deux pays font avancer un projet innovant appelé CALLISTO. Celui-ci vise à développer des étages de lanceur réutilisables et peut être vu comme la réponse européenne à l’entreprise spatiale américaine SpaceX d’Elon Musk. « La particularité de CALLISTO réside dans le fait que le processus d’atterrissage se déroule également en mode automatique : le moteur se rallume pour réduire la vitesse verticale descendante, les pieds d’atterrissage se déploient, le système d’amortissement absorbe l’énergie cinétique restante, ce qui permet au véhicule d’atterrir en toute sécurité et de manière stable », explique une porte-parole du BMFTR. Lors du vol de démonstration final, le lanceur devrait s’élever à une altitude pouvant atteindre jusqu’à 10 000 mètres. Dans le cadre du projet CALLISTO, les agences spatiales allemande et française collaborent également avec le Japon.

Rover martien Idefix
Rover martien Idefix © dpa

Quel est le programme prévu pour le rover martien Idefix ?

En plus de la technologie de propulsion spatiale, ces deux pays coopèrent aussi dans l’exploration de l’espace. La coopération franco-allemande participe à l’exploration de Mars, toujours en collaboration avec le Japon. Dans le cadre de la mission Martian Moons eXploration (MMX), les deux voisins européens enverront l’astromobile Idefix, qui aura pour mission d’explorer pendant plusieurs semaines la surface de la lune martienne Phobos. Un lanceur spatial devrait être envoyé vers Mars l’année prochaine. Après un certain temps passé en orbite autour de Mars, Idefix devrait atterrir sur Phobos en 2029. « S’ensuivra alors une phase de mesure de près de trois mois, au cours de laquelle le rover se rendra aux divers endroits susceptibles d’intéresser la recherche scientifique », précise le BMFTR.

Maquette d’un réacteur à fusion
Maquette d’un réacteur à fusion © ITER

La fusion nucléaire est-elle une technologie clé pour l’avenir ?

La recherche sur la fusion représente un autre domaine de coopération important. Tout comme à l’intérieur du soleil, lors de la fusion nucléaire, l’énergie est libérée par la fusion d’atomes. Selon les spécialistes, cette réaction présente un énorme potentiel en matière d’approvisionnement énergétique neutre en CO2, propre et abordable. L’Allemagne a pour objectif à long terme de mettre en service une centrale à fusion. Dans cette optique, l’Allemagne participe avec la France au projet ITER, un réacteur expérimental en cours de construction dans le sud de la France : il s’agit du plus grand projet de ce type au monde en matière de recherche sur la fusion nucléaire.

Le BMFTR fait référence au programme allemand visant à promouvoir la fusion, qui prévoit une subvention publique de près d’un demi-milliard d’euros jusqu’en 2029 : « Conformément aux objectifs de l’accord de coalition, l’approche actuelle doit être élargie pour inclure la mise en place et le développement d’infrastructures ainsi que la création d’un écosystème de fusion nucléaire. » Lors du forum sur la coopération en matière de recherche, les participants allemands et français se sont entretenus sur des activités communes futures. Le contexte semble plus favorable que jamais : grâce à des progrès technologiques significatifs, les investisseurs privés s’intéressent désormais, eux aussi, à l’énergie de fusion nucléaire. Les spécialistes s’attendent à ce qu’une nouvelle technologie clé voie le jour dans ce domaine – avec l’Allemagne et la France en première position.

Projets innovants : qu’est-ce que l’IA verte ?

Contrairement aux thèmes encore en suspens que constituent le réacteur à fusion nucléaire et la mission sur Mars, la coopération dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) est déjà mise en œuvre depuis longtemps. À l’heure actuelle, l’Allemagne et la France soutiennent 29 projets dans le domaine de l’IA pour un montant total de 26 millions d’euros. Selon le ministère allemand de la Recherche, l’objectif est de renforcer le transfert de la recherche vers la pratique. 

Parmi les domaines d’application figurent notamment la mobilité et les transports ainsi que les énergies renouvelables. Cela devrait permettre de développer une IA verte qui garantit une consommation moindre des ressources. Aujourd’hui, les systèmes d’IA consomment souvent énormément d’électricité. Des algorithmes, qui nécessitent moins d’énergie, moins d’espace de stockage et moins de bande passante, sont censés remédier à cette situation. 

La France et l’Allemagne mènent ensemble un projet d’IA exceptionnel, baptisé GANResilRob. Il devrait contribuer, grâce à l’intelligence artificielle, à rendre les industries des deux pays plus flexibles et plus résistantes. L’IA devrait permettre d’adapter les chaînes de production, par exemple lorsque les chaînes d’approvisionnement mondiales sont interrompues et que l’industrie est en attente urgente de pièces détachées. Ce besoin s’est clairement manifesté ces dernières années : durant la pandémie et à la suite de conflits internationaux, les chaînes de production des usines furent régulièrement interrompues.