L’IA made in Germany : La solution intelligente en Europe
Les entreprises allemandes du secteur de l’IA préfèrent les solutions spécialisées aux grands modèles, ce qui leur vaut une grande réussite à l’international.

L’intelligence artificielle a besoin de puissance de calcul – et récemment, l’Allemagne a fait un grand pas en avant en la matière. Le 5 septembre 2025, le supercalculateur « Jupiter » a été mis en service au centre de recherche de Julier. Celui-ci pourrait permettre de multiplier par 20 la puissance de calcul disponible pour l’IA. « Le supercalculateur Jupiter renforce la souveraineté numérique de l’Allemagne. Grâce à lui, l’Allemagne se hisse au rang des leaders mondiaux dans le domaine des ordinateurs haute performance et améliore ainsi, entre autres, les conditions nécessaires au développement de l’intelligence artificielle », déclare Ralf Wintergerst, président de l’association allemande des entreprises numériques Bitkom.

Mais le développement de l’IA ne dépend pas uniquement de la puissance de calcul. En janvier 2025, l’entreprise chinoise DeepSeek a publié un modèle dit « de base » dont le fonctionnement nécessite bien moins de ressources que les systèmes de pointe actuels aux États-Unis. Habituellement, de tels modèles requièrent un très long entraînement sur la base d’une quantité de données impressionnante.
Partenariats avec des entreprises locales
Cela apporte également un tout autre éclairage à une nouvelle peu réjouissante au premier abord : En septembre 2024, Aleph Alpha, la startup allemande de premier plan spécialisée en IA et l’un des espoirs nationaux dans la course aux grands modèles de langage, renonçait à participer à ce bras de fer. L’entreprise annonçait vouloir se concentrer sur de plus petits modèles pour des domaines d’application spécifiques, selon les dires de Jonas Andrulis, directeur de Aleph Alpha. Cette approche pourrait en effet s’avérer payante à moyen terme. L’entreprise française Mistral, l’un des autres espoirs européens du secteur de l’IA, a également choisi cette voie. Et cette décision porte ses fruits : Le PDG de Mistral, Arthur Mensch, affirme que de plus en plus d’entreprises européennes cherchent à créer des partenariats avec des sociétés locales. Aleph Alpha coopère d’ores et déjà avec des PME allemandes. « Au final, il s’agit aussi de monétiser de tels modèles, donc de rendre leur utilisation concrète. Et c’est une voie que nous empruntons, en Allemagne et en Europe, de manière plus conséquente qu’ailleurs » déclare le professeur Kersting.
200 milliards d’euros pour l’IA en Europe
Depuis le Sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle à Paris en février dernier, le secteur allemand et européen dispose de capitaux bien plus conséquents, impérativement nécessaires au développement de modèles IA. L’UE souhaite investir près de 200 milliards d’euros dans l’innovation en matière d’IA.
Startups leaders en Allemagne dans l’IA
De nombreuses sociétés allemandes du secteur, d’ores et déjà bien implantées au niveau international, pourraient bénéficier de telles aides. Celonis, une société dérivée de l’Université technique de Munich, est actuellement estimée à des dizaines de milliards d’euros. Cette société aide les entreprises à analyser et optimiser les processus commerciaux. La startup Black Forest Labs est le leader mondial de la génération d’images par l’IA sur la base des résultats de recherche de Björn Ommer, un chercheur de pointe de renommée mondiale dans le domaine de l’IA de l’Université Louis-et-Maximilien de Munich. L’entreprise d’armement de Munich Helsing est considérée comme l’une des entreprises de défense à la croissance la plus rapide en Europe. Sa valeur est estimée à cinq milliards d’euros. La course a donc peut-être bien déjà commencé.