Les 500 ans de la Réforme
Il y a 500 ans Luther afficha ses 95 thèses – et changea le monde durablement.
Les organisateurs des trois expositions exceptionnelles à l’occasion des 500 ans de la Réforme annoncent « toute la force de la Réforme ». Pour cela, ils montrent un marteau, l’un des symboles par excellence du réformateur Martin Luther. C’est en effet l’image que s’en font les gens du monde entier : lorsque le 31 octobre 1517 il est devant l’église du château de Wittenberg et cloue ses 95 thèses sur la lourde porte en bois. Des thèses qui critiquaient fortement les pratiques de l’église catholique et exigeaient une transformation de la foi.
C’est exactement cet homme et ce moment que les protestants du monde entier fêtent 500 ans plus tard. Pour eux, il n’est pas très important que Luther n’ait peut-être pas lui-même affiché ses thèses sur la porte – si toutefois quelqu’un les a affichées ; il est même possible que Luther les ait envoyées tout simplement par un courrier. Ce qui est important pour eux, c’est le courage de Luther de faire une critique, sa façon de ne pas s’adapter, son opiniâtreté, qui se révèle dans sa célèbre phrase : « Hier stehe ich und kann nicht anders » (Me voici donc en ce jour. Je ne puis faire autrement).
Déterminant pour la langue allemande
Avec ses mots et ses actes, Luther fit changer bien des choses – dans l’église, mais aussi dans la politique, la société, la science et l’art. Il fut aussi le créateur d’un grand nombre d’images linguistiques qui, jusqu’à nos jours, sont utilisées tout naturellement en allemand. Il s’agit de tout cela à l’occasion des festivités pour les 500 ans de la Réforme. Elles auront lieu à différents endroits où Luther a agi : par exemple à Eisleben, sa ville natale, à Erfurt où il étudia, à la Wartburg où pendant près d’un an – après avoir été jugé en tant qu’« hérétique » - il se cacha et traduisit la bible en allemand, et naturellement à Wittenberg. Parallèlement à ses réalisations, il s’agit aussi de sa partie obscure, par exemple de son antisémitisme.
Selon le président fédéral Joachim Gauck qui sera le principal orateur lors des festivités nationales à Berlin, l’attitude de Luther face au judaïsme est consternante et doit absolument être rejetée. Gauck considère que les festivités sont toutefois une opportunité « qu’une société moderne et en recherche, dans un monde corruptible, voit qu’il y a avec Luther une figure historique qui aide dans la recherche de la vérité et de la justice et peut offrir la confiance en Dieu ». La conception de la liberté par Luther « qui n’est pas seulement la liberté de quelque chose mais surtout la liberté pour quelque chose » pourrait aussi servir d’orientation à la politique actuelle.
