Messkirch, ville-monastère carolingienne
Une ville médiévale est actuellement construite dans le Bade-Wurtemberg dans des conditions historiques.
Dans une clairière en Haute Souabe, entre le Danube et le lac de Constance, une ville médiévale est actuellement construite dans des conditions historiques : la force musculaire remplace celle des machines, les chars à bœufs remplacent les camions et les vêtements historiques les bleus de travail. À Messkirch, 30 artisans permanents construisent 50 maisons et une cathédrale pour 2 000 personnes. Ils emploient uniquement des techniques et des matériaux du IXe siècle. Tous les matériaux de construction, les pierres, l’argile et le bois sont extraits sur place ; tout doit se passer exactement comme à l’époque de Charlemagne. Les travaux ont lieu du 2 avril, jour de la naissance de l’empereur carolingien, à la Saint-Martin, le 11 novembre. Un week-end par mois est férié.
L’entrepreneur rhénan Bert Geurten a eu l’idée de ce projet gigantesque. À Aix-la-Chapelle, sa ville natale, il avait découvert les plans du couvent de Saint-Gall qui avaient été dessinés au IXe siècle sur l’île de Reichenau du lac de Constance, sans avoir jamais été vraiment réalisés. Geurten se réfère aussi au modèle français de Guédelon, où une association construit un château fort en employant les techniques du XIIIe siècle. Chaque année, quelque 300 000 visiteurs viennent dans cette ville isolée et paient pour visiter le chantier.
Le projet de Messkirch, après avoir reçu un financement de lancement d’environ un million d’euros provenant des caisses de la ville, du canton et de l’Union européenne, doit aussi devenir une attraction touristique viable. Les artisans ne sont pas les seuls à devoir s’adapter à des conditions médiévales ; il en est de même pour les visiteurs. Un long chemin à pied entre le parking et le chantier sert à les mettre dans l’ambiance. Selon Geurten, « ils doivent faire un voyage dans le passé ». S’ils veulent reprendre des forces après la marche à pied, ils pourront se restaurer dans la ville-monastère où ils ne trouveront que des plats cuisinés selon les recettes du IXe siècle. Geurten explique que « les sondages effectués auprès des visiteurs de Guédelon ont révélé qu’ils revenaient en moyenne tous les trois ans pour voir l’avancement des travaux ». C’est un véritable feuilleton touristique, à suivre. Car il faudra au moins 40 ans pour que la ville soit achevée.
