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Les jeunes avant les élections

Les élections du Bundestag auront une influence sur leur avenir – et les jeunes adultes veulent s’exprimer. Il n’hésitent pas à critiquer.

21.09.2017
Erstwähler
© Adrian Jankowski

Allemagne. Ils ont discuté pendant des heures : lors d’une « Conférence pour les nouveaux jeunes électeurs » à Berlin, de jeunes électeurs et des élèves ont eu l’occasion de parler des élections et du rôle de l’Allemagne au sein de l’UE. Ils avaient été invités par la fondation Schwarzkopf-Stiftung Junges Europa et le Jacques Delors Institut. Leurs interlocuteurs étaient des représentants de la Commission de l’UE ainsi que des partis  CDU, SPD, Die Linke et Die Grünen. Les débats ont porté, entre autres, sur la migration, les exportations d’armes et la politique budgétaire. Lors de cette soirée animée par Wana Lima, star YouTube, il n’y avait pas trace de la dépolitisation des jeunes si souvent évoquée. Que disent les participants ?   

Yunus Becker, 16 ans, lycéen de Berlin

« Je m’intéresse à la politique et je veux participer au dialogue avec les  décideurs. L’élection du Bundestag concerne mon avenir, même si cette fois je ne vote pas. C’est dommage que les possibilités de la démocratie directe ne soient pas complètement exploitées. Avec des référendums, on pourrait éveiller l’intérêt de plus de gens pour la politique.  

Au lycée aussi je trouve qu’il devrait y avoir des débats plus intenses. Sur la politique de l’UE, en particulier, on n’apprend presque rien. Justement maintenant où l’UE court le risque de s’effondrer, l’Etat devrait nous expliquer l’Europe plus clairement – sans les formules habituelles mais en mettant l’accent sur ce qu’elle nous apporte en tant que communauté de valeurs. Je trouve qu’un pays ne doit pas penser uniquement à son propre bien-être. L’Allemagne, en tant que plus grande puissance économique, devrait être pionnière en matière de solidarité dans l’UE. »    

Yunus Becker
© Sagener

Wana Limar, animatrice et star YouTube

« Des débats comme celui-ci nous permettent d’analyser ce qu’est l’Europe, quels en sont les avantages et les inconvénients et quel est le rôle de l’Allemagne. C’est évidemment complexe, surtout pour les jeunes. C’est pourquoi on a besoin de gens comme moi qui abordent ce thème de manière émotionnelle et ludique : chacun, à son niveau, peut changer quelque chose, par exemple par son engagement social. Je m’engage au sein de l’ONG Visions for Children et, pour l’association Gesicht Zeigen, je vais dans les écoles pour parler avec les adolescents du racisme et de l’extrême droite.

Pour beaucoup d’entre eux la politique paraît incompréhensible ; ils ressentent une certaine impuissance. Une société moderne implique une plus large information en matière de politique. Il devrait y avoir davantage de programmes concernant la politique. Des offres comme celles du Wahl-O-Mat, programme informatique au secours des électeurs indécis, sont parfaites pour intéresser les gens à la politique.  L’échange aussi est important ; je suis toujours pour le dialogue. Même quand c’est difficile et frustrant – ce n’est que comme ça que l’on peut informer les gens et changer quelque chose. »

Wana Limar
© Schwarzkopf Stiftung

Patrick Lobis de la représentation de la Commission européenne en Allemagne

« C’est impressionnant de voir à quel point ces élèves sont intéressés et engagés. Les grands thèmes les touchent également. Evidemment, pour les jeunes, l’Europe peut parfois paraître abstraite, trop éloignée de leur quotidien. Les Etats membres doivent aussi leur expliquer plus clairement ce que les institution de l’UE peuvent faire – et ne pas faire.  

Pour sortir de la ‘bulle de l’UE’ et familiariser les gens avec l’Europe, les offres concrètes sont importantes. Par exemple le programme Erasmus pour les étudiants, qui concerne maintenant également les apprentis et les actifs, aide beaucoup à créer un sentiment de communauté.    

Pour pouvoir atteindre les populations plutôt hostiles à l’Europe, il faudrait expliquer plus clairement ce que l’Europe leur apporte. Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a par exemple proposé la création d’une Agence européenne veillant à des conditions de travail équitables en Europe. Equité sociale, circulation, achats transfrontaliers, protection des données – c’est ce que ressentent les gens du fait de leurs expériences concrètes. »

Patrick Lobis
© Schwarzkopf Stiftung