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L’histoire coloniale, une mission de l’État

Un passé inconnu : l’Allemagne effectue un travail commun avec la Tanzanie sur l’occupation par l’Empire germanique.  

12.04.2023
Annalena Baerbock et Claudia Roth remettent les premiers bronzes du Bénin au Ministre Lai Mohammed, à Abuja.
Annalena Baerbock et Claudia Roth remettent les premiers bronzes du Bénin au Ministre Lai Mohammed, à Abuja. © Florian Gaertner/photothek.de

Le travail sur l’histoire coloniale de l’Empire germanique entre 1880 et 1919 est une mission de l’État, a déclaré Claudia Roth, ministre allemande de la Culture lors de son investiture en décembre 2021. Un an plus tard, l’Allemagne a transformé ses paroles en actes. Le 20 décembre 2022, C. Roth et Annalena Baerbock, la ministre des Affaires étrangères ont remis à Abuja, la capitale du Nigeria, 20 objets issus des cinq musées allemands du Benin Dialogue Group à Berlin, Hambourg, Leipzig, Stuttgart et Cologne. Il s’agit des premiers des 1130 bronzes du Bénin que l’Allemagne s’est engagée à restituer. Les bronzes du Bénin n’ont toutefois pas de rapport direct avec d’anciennes colonies allemandes. Ils avaient été volés et vendus par des soldats britanniques. 

Vue sur Dar es-Salam, la capitale de la Tanzanie
Vue sur Dar es-Salam, la capitale de la Tanzanie © AdobeStock

La Tanzanie était elle sous la domination coloniale de l’Allemagne. Il est grand temps d’aborder le sujet, affirme Katja Keul, ministre adjointe au ministère des Affaires étrangères : ces « évènements ne sont pas suffisamment connus, que ce soit en Tanzanie ou en Allemagne ». De 1885 à 1918, la Tanzanie faisait partie de la colonie de l’Empire germanique appelée « Afrique orientale allemande », qui englobait aussi les pays actuels du Rwanda, du Burundi ainsi que de petites parties du Mozambique. Toutes les tentatives de se libérer de la dominance coloniale ont été brutalement réprimées. Ainsi, la rébellion des Maji-Maji (de 1905 à 1908) tua entre 200 000 et 300 000 personnes parmi la population d’Afrique de l’Est.  

Hermann Parzinger, Président de la Fondation du patrimoine culturel prussien
Hermann Parzinger, Président de la Fondation du patrimoine culturel prussien © Thomas Trutschel/photothek.de

Aussi, les Allemands pillèrent les ossements de milliers de personnes dans les cimetières pour les mesurer et collectionner. « Il s’agit de destruction de tombes, de violations de sépulture, cela aurait été passible d’une peine ici en Allemagne, à l’époque comme aujourd’hui. », a déclaré Hermann Parzinger, Président de la Fondation du patrimoine culturel prussien de la Deutsche Welle. Les restes mortels doivent désormais être restitués. Selon Parzinger, leur origine a été recherchée et trouvée en coopération avec des collègues du Rwanda et de Tanzanie.  

Cela aurait été passible d’une peine ici en Allemagne, à l’époque comme aujourd’hui.
Hermann Parzinger, Fondation du patrimoine culturel prussien

Outre cette restitution, le Musée national de Tanzanie et le Humboldt-Forum à Berlin, qui est géré par la Fondation du patrimoine culturel prussien, ont codifié leur collaboration de longue date pour le travail sur l’Histoire dans un contrat de coopération. En 2024, une exposition spéciale sur l’histoire de la Tanzanie sera présentée au Humboldt-Forum, puis en Tanzanie. En effet, selon Katja Keul, « promouvoir une réflexion publique sur le colonialisme et ses conséquences est un objectif politique central ».   

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