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« Il nous suffit de vouloir »

La COP27 et comment aborder le changement climatique : le rapport du GIEC dessine les possibilités offertes à l’humanité.

Klaus Lüber, 04.11.2022
Charm el-Cheikh accueille la COP27.
Charm el-Cheikh accueille la COP27. © Repina Valeriya/AdobeStock

Le changement climatique fait rage et l’humanité doit s’adapter car on ne peut pas l’arrêter, on peut au mieux le freiner. Un réchauffement de 1,5 °C – l’objectif idéal fixé dans l’Accord de Paris – provoque un changement drastique des conditions de vie. On constate déjà un impact dramatique sur de grandes parties de la planète avec les 1,2 °C actuels de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle. « Dès aujourd’hui, jusqu’à 3,6 milliards de personnes vivent dans des régions du monde souffrant gravement de l’impact du changement climatique », dit le professeur Hans-Otto Pörtner. « Cela peut être des tempêtes, des inondations ou des sécheresses, comme nous le voyons en ce moment parallèlement dans plusieurs pays. » Et on réfléchit néanmoins encore trop peu sur la manière d’aborder ces risques.

Le professeur Hans-Otto Pörtner, du GIEC
Le professeur Hans-Otto Pörtner, du GIEC © picture alliance/dpa

M. Pörtner est co-président du groupe de travail II du Conseil mondial sur le climat, le GIEC, dont le rapport « Conséquences du changement climatique, adaptation et vulnérabilité », paru en février 2022, montre non seulement ce que le changement climatique provoque sur la Terre et quels écosystèmes sont particulièrement touchés mais aussi ce que les hommes devraient faire pour prévenir autant que possible les dommages. Il s’agit là de la deuxième partie du sixième rapport du GIEC. La première partie évalue les aspects scientifiques du changement climatique, la troisième se focalise sur les possibilités de limiter les émissions. « Nous voulons surtout montrer dans notre rapport les options dont nous disposons pour induire un développement résilient face au climat. »

Une humanité vulnérable au changement climatique

Car l’humanité est vulnérable. Dès aujourd’hui, il y a des régions dans lesquelles l’homme peut difficilement survivre lors des chaudes journées d’été. La combinaison de fortes températures et d’une forte humidité ambiante fait d’un séjour à l’extérieur un risque vital. « Et cette tendance augmentera encore, avertit M. Pörtner. Nous sommes en train de détruire de grandes parties de notre habitat apparu il y a 11.000 ans. » Il ne s’agit pas seulement de températures mortelles mais aussi de l’écroulement d’écosystèmes entiers qui nous fournissent aliments et eau potable.

Nous y arriverons, il nous suffit de vouloir.
Professeur Hans-Otto Pörtnerc, Conseil mondial sur le climat GIEC

Le rapport montre aussi que nos options pour agir diminuent avec chaque dixième de degré de réchauffement. Selon les modélisations actuelles, 1,5 °C est la limite exacte où les risques pour l’humanité passent de moyens à grands. Les quelque 2,7 °C actuels de réchauffement signifient donc une augmentation massive du risque potentiel et montrent combien l’adaptation des modes de vie aux nouvelles conditions dans les pays industriels occidentaux est urgente. L’une des mesures les plus importantes est de protéger les espaces naturels : entre 30 % et 50 % doivent être préservés pour continuer à pouvoir agir. « Mais nous y arriverons, il nous suffit de vouloir, dit M. Pörtner. Nous avons des options pour agir de manière positive mais celles-ci sont souvent locales, dans des communautés indigènes. Nous devrions apprendre d’elles. »

Le mode de vie des pays industrialisés doit changer

Pour les pays industrialisés occidentaux, cela signifie renoncer à leur mode de vie gros consommateur de ressources. Il n’y a pas de risque de perte massive de prospérité, comme le suggèrent les sceptiques. C’est ce qu’affirme par exemple l’experte financière Silvie Kreibiehl, coordinatrice et auteure principale du troisième rapport du GIEC sur le ralentissement du changement climatique. On peut économiser entre 40 % et 70 % des émissions sans encourir une large perte de prospérité dans la population de pays comme l’Allemagne, dit Mme Kreibiehl. Elle est également optimiste quant au financement de la transition climatique. Il suffit de parvenir à booster les flots de capital privé là où les besoins sont le plus urgents – dans les pays émergents et en développement. Avec son équipe, elle a calculé dans quelle mesure le financement de la transformation verte doit augmenter pour atteindre les objectifs fixés dans l’Accord de Paris. « Nous arrivons à un facteur de 3 à 6. Ce n’est pas beaucoup pour le marché des capitaux. » Sa conclusion : la pression pour agir augmente mais il n’a jamais été aussi clair quelles mesures concrètes doivent être prises.

Vous trouverez ici les informations les plus importantes sur la COP27.

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