L’ambassadeur Viktor Elbling au Mexique
Dans la série de « deutschland.de », des ambassadeurs allemands nous décrivent leur pays hôte et les coulisses de la diplomatie. 10e partie : Viktor Elbling au Mexique.
M. Elbling, quels sujets dominent actuellement les relations bilatérales entre l’Allemagne et le Mexique ?
Le Mexique est l’un de nos plus grands partenaires. Nos relations sont diversifiées et portent sur tous les domaines de la vie politique, économique, culturelle et sociétale. S’il me fallait les définir, je dirais que le développement durable est au cœur de ces relations. La protection de l‘environnement et du climat, une politique énergétique durable, les questions d’urbanisme, d’éducation et de formation en font aussi partie. Générer une croissance économique dont la population profite sans épuiser les ressources naturelles ni polluer, tout en offrant aux gens une perspective et un environnement ayant une grande qualité de vie, est le défi que nous devons tous relever. C’est pourquoi nous avons créé avec le Centro Mario Molina un forum de dialogue sur l’avenir durable. Des experts allemands et mexicains veulent débattre ensemble de grands thèmes comme la mobilité, la protection du climat ou l’énergie et élaborer des solutions durables. Le Mexique a un grand potentiel dans le domaine des énergies renouvelables. Le rendement énergétique peut encore s’améliorer et les pertes d’énergie être réduites. Des entreprises et des chercheurs allemands possèdent de grandes connaissances et une belle expérience en la matière. L’ouverture du secteur mexicain de l’énergie offre de très belles possibilités de coopération. Nous travaillons aussi étroitement avec le Mexique en matière de formation professionnelle. Nous soutenons l’introduction du modèle mexicain de formation en alternance. Ce modèle offre aux jeunes Mexicains une alternative aux études universitaires. Notamment les jeunes venant de couches modestes, qui ne peuvent pas se payer des études, ont ainsi l’opportunité d’avoir une bonne formation tout en gagnant déjà de l’argent, cela augmente la mobilité sociale. Les besoins en main d’œuvre qualifiée au niveau technique sont très importants au Mexique. Et les 1700 entreprises allemandes opérant sur le marché mexicain en profitent également. Une situation gagnant-gagnant classique.
Qu’est-ce qui unit particulièrement l’Allemagne et le Mexique et où aimeriez-vous approfondir les relations ?
Nos pays sont unis par une longue histoire. Le voyage d‘Alexander von Humboldt en 1803-1804 et ses comptes rendus sur le pays ont éveillé la fascination des Allemands pour le Mexique. Plusieurs vagues d’immigrants ont depuis conduit à ce que des Allemands et des Mexicains d’origine allemande ont contribué et contribuent encore au développement du Mexique dans tous les domaines de la société. Pour le Mexique, l’Allemagne est un partenaire privilégié en Europe. Nos relations économiques sont certainement une pierre angulaire : 1700 entreprises allemandes ont investi à ce jour 25 milliards d’euros au Mexique et créé 120.000 emplois. D’autres investissements suivent, nos entreprises croient au Mexique. Mais ce pays est pour nous bien plus qu’un grand partenaire commercial. Nous partageons un canon de valeurs et défendons les valeurs démocratiques, nous œuvrons à une société de liberté, au développement durable, à la solution pacifique des conflits, à la protection des droits de l’homme. C’est pourquoi nous soutenons aussi le Mexique pour surmonter les défis auquel il est actuellement confronté, par exemple dans le développement de l’Etat de droit. Nous voulons encore étendre notre coopération dans tous les domaines. Un projet commun est en cours de préparation dans le domaine de la médecine légale. Le gouvernement mexicain a décidé que le Mexique participera désormais aux missions de paix des Nations Unies et il partage volontiers les expériences que l’Allemagne a faites ces dernières années dans ce domaine. Je trouve important d’intensifier encore les échanges de jeunes Allemands et Mexicains – lycéens, étudiants, jeunes travailleurs et scientifiques. Ces échanges jettent des passerelles entre nos sociétés avec l’apprentissage mutuel de nos deux langues, en participant aux échanges scolaires, universitaires et professionnels et en créant des amitiés. Cela contribuera à approfondir encore nos relations.
L’établissement d’une commission gouvernementale commune a été décidé en 2014. Qu’en attendez-vous ?
La commission binationale qui se réunira pour la première fois le 8 juin 2015 à Berlin contribuera au développement et à l’approfondissement de nos relations. Elle offre une plateforme à un dialogue politique régulier encore plus étroit entre les gouvernements de nos deux pays. Les échanges sur des sujets d’intérêt commun et l’élaboration d’initiatives communes, également dans le cadre multilatéral, seront facilités par cette commission binationale.
En 2016, une Année allemande est prévue au Mexique et une Année mexicaine est prévue en Allemagne. Quels en seront les grands axes et les temps forts ?
Avec l’Année allemande, nous voulons moderniser l’image très positive de l’Allemagne au Mexique qui se fonde encore souvent sur des idées obsolètes. Nous voulons donner aux Mexicains une vue d’ensemble sur la société allemande actuelle, sur la vie culturelle, sur l’économie et la science. Ils découvriront la réalité de notre vie aujourd’hui. Les grands thèmes en seront la science, la recherche et l‘innovation, l’environnement et la durabilité, la mobilité et l’intégration ainsi que l’éducation, notamment la formation professionnelle. Parmi les nombreux temps forts prévus, on compte un projet sur le partage de voitures électriques, un jardin Alexander von Humboldt avec lequel nous voulons souligner l’importance de la biodiversité, et une exposition sur Otto Dix.
L’image d’un pays varie lorsqu’il est vu de l’intérieur ou de l’extérieur. Avec votre expérience du pays, que devrions-nous savoir sur le Mexique ?
Je pense que l’image du Mexique d’une grande partie des Allemands est marquée par deux influences contraires qui ne reflètent chacune qu’une petite partie de la réalité dans ce grand pays aux mille facettes. Il existe d’une part les bastions du tourisme, avec notamment les plages du Yucatán et autour de Cancún que nombre d’Allemands connaissent pour y être venus en vacances. Et bien sûr, les nombreux restaurants tex-mex en Allemagne qui ont popularisé chez nous la cuisine mexicaine qui fait d’ailleurs partie du patrimoine mondial de l’UNESCO. D’autre part, les informations dans les médias allemands décrivent souvent les problèmes de sécurité et de la drogue au Mexique. Le Mexique est naturellement confronté à de grands défis dans le domaine de la sécurité et de la drogue et il est important de s’y atteler avec détermination. Mais, au-delà, le pays s’est énormément développé ces dernières années. Le Mexique est le septième constructeur automobile au monde et l’industrie aéronautique s’y développe très bien. Le pays possède une riche culture et plus de 30 sites classés au patrimoine mondial. La ville de Mexico est la deuxième région métropolitaine au monde avec une vie culturelle et nocturne très animée ; c’est la ville ayant le plus de musées au monde, elle a nombre d’espaces verts et une infrastructure en amélioration constante pour les cyclistes. Voyager dans le pays et découvrir ses nombreux visages, également à l’écart des centres touristiques, en vaut la peine.
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