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Une alliance mondiale pour la démocratie

La première Berlin Freedom Week rassemble des personnes du monde entier qui s’engagent pour la liberté et la démocratie. 

Klaus LüberKlaus Lüber, 12.11.2025
Garry Kasparov, Masih Alinejad et Leopoldo López lors de la World Liberty Conference à Berlin
Garry Kasparov, Masih Alinejad et Leopoldo López lors de la World Liberty Conference à Berlin © visitBerlin, Kevin McElvaney

Dans le monde entier, les démocraties reculent et Leopoldo López sait pourquoi. « Les autocraties s’organisent dans un réseau mondial. Avec un objectif : détruire l’occident ainsi que ses valeurs libérales. » L’ancien maire de Caracas a vu comment son pays d’origine, le Venezuela, est tombé de plus en plus sous l’influence de la Russie et de la Chine. En 2014, il a mené un mouvement de protestation qui luttait contre la criminalité, l’inflation et la répression. Il fut arrêté et a passé sept ans en prison. Aujourd’hui, il déclare : « Les personnes qui veulent défendre la liberté et la démocratie doivent se constituer un réseau mondial. »

C’est ce qui a conduit López et d’autres dissidentes et dissidents politiques du monde entier à Berlin. Du 8 au 15 novembre 2025, la Berlin Freedom Week y est organisée pour la première fois, uni initiative pour la liberté et la démocratie, à l’occasion du 36e anniversaire de la Chute du Mur. Dans plus de 130 manifestations organisées dans 80 lieux de la capitale allemande ont lieu des conférences, des présentations de films et les ateliers ayant pour but de favoriser l’échange entre les combattantes et combattants pour la liberté entre eux et elles et avec des acteurs de la politique, de l’économie, des sciences et de la culture 

Pour le lancement de la Berlin Freedom Week le 8 novembre, le World Liberty Congress s’est réuni dans la Chambre des représentants de Berlin – un parlement unique composé d’environ 200 dissidentes et dissidents, envoyés comme délégués des mouvements d’opposition dans plus de 50 pays sous gestion autocratique. Il fut créé en 2021 par López, avec la journaliste et défenseuse des droits des femmes iranienne Masih Alinejad ainsi que l’opposant au Kremlin et ancien champion du monde d’échecs Garry Kasparov. L’assemblée générale à Berlin a également été convoquée pour l’élection d’un nouveau comité exécutif – une étape symbolique importante pour les membres. « En faisant cela, nous voulons montrer : c’est ainsi que fonctionne une démocratie. Nous transmettons la responsabilité. Nous n’agissons pas comme les régimes dans nos pays », explique Alinejad.

Berlin Freedom Conference : préserver les valeurs démocratiques

La Berlin Freedom Conference du 10 novembre – l’événement central de la Berlin Freedom Week – a permis de sentir à quel point cette communauté mondiale est unique. Ce fut une journée intense, remplies de tables rondes et d’ateliers sur une question centrale : comment les démocraties peuvent-elles mieux défendre leurs propres valeurs ? Comment leur déclin mondial peut-il être arrêté ? Plus de 1000 personnes – dont, en plus des quelques 130 dissidentes et dissidents, des représentantes et représentants de la politique, de l’économie et des médias – se sont réunies, environ 60 oratrices et orateurs du monde entier ont donné des impulsions importantes. Outre López, Alinejad et Kasparov, ce fut aussi l’occasion d’écouter les Prix Nobel de la Paix Oleksandra Matviichuk et María Corina Machado, l’ambassadrice numérique de Taiwan Audrey Tang et Ben Hodges, l’ancien général en chef de l’armée des États-Unis en Europe.

Deux tiers des activistes présents ont subi des peines de prison dans leurs pays, ont fait l’expérience de la violence et même de la torture pour une partie. Pourtant, ils et elles ne se sont pas résigné, préférant lutter de toutes leurs forces pour les valeurs démocratiques. « Nous avons été et sommes encore menacés par les régimes de nos pays d’origine, mais nous ne nous considérons pas comme des victimes. Nous nus voyons comme des combattants pour la liberté, comme des défenseurs de la démocratie », affirme López. 

« Car nous devons nous battre », comme l’a notamment souligné plusieurs fois Garry Kasparov lors de la conférence. Depuis près de 20 ans, les démocraties sont en recul dans le monde entier, désormais environ 70 pour cent de la population mondiale vit sous des régimes autocratiques. « Comme avant, beaucoup de personnes n’ont pas suffisamment conscience du danger qui menace le modèle de valeur libéral de l’occident », affirme Mantas Adomėnas, secrétaire général de l’organisation Community of Democracies. Il a alerté contre l’illusion d’une démocratisation qui serait acquise, qu’il a aussi qualifiée de « fatalisme optimiste » : « Nous avons pensé pendant bien trop longtemps que l’histoire était de notre côté. Qu’au final, malgré tous les défis, tout irait bien. Nous devons de toute urgence mettre un terme à cette attitude. »

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L’attention des médiatique, de nouvelles narrations

Que faire alors ? Les activistes, surtout, avaient un message clair à ce propos : ne jamais cesser de dénoncer les dysfonctionnements et les injustices. C’est de cette façon que Carine Kanimba a réussi à libérer son père Paul Rusesabagina de prison. En tant que responsable d’hôtel, Rusesabagina sauva des milliers de personnes pendant le génocide au Rwanda en leur offrant un refuge à l’abri des milices. Son histoire a inspiré le film aux multiples récompenses « Hôtel Rwanda ». Plus tard, il est devenu un critique féroce du gouvernement rwandais sous le président Paul Kagame et, en 2020, il fut condamné à 25 ans de prison. Ou encore Evgenia Kara-Murza, qui s’est battue sans relâche pour son mari, le politicien de l’opposition russe, défenseur des droits humains et journaliste Vladimir Kara-Murza, qui fut libéré en août 2024 suite à un échange de prisonniers. Carine Kanimba et Evgenia Kara-Murza se sont rencontrées lors de la conférence et sont tombées dans les bras l’une de l’autre sur la scène – aux côtés de ceux qu’elles ont fait libérer.

L’attention médiatique pue est une chose, mais le questionnement critique des narrations semble être aussi une étape importante. « Il existe encore de nombreuses personnes qui pensent que la démocratie serait comme un privilège culturel. Et que certains pays ne seraient pas prêts », affirme López. « Mais c’est faux. Je peux vous dire que les personnes du monde entier veulent être libres. Tout simplement parce que la liberté est un besoin humain fondamental. Et la seule possibilité d’être vraiment libre, c’est de vivre dans une société démocratique. »

Julia Klöckner, présidente du Bundestag
Julia Klöckner, présidente du Bundestag © visitBerlin, Mo Wüstenhagen

Berlin : quartier général d’un mouvement mondial

Mais les défis ne viennent pas que de l’extérieur. Même les systèmes démocratiques eux-mêmes doivent repenser leur pratique politique, à souligné Julia Klöckner, présidente du Bundestag allemand. Les décisions doivent être plus transparentes, affirme Klöckner : « Les électrices et électeurs ont le droit de comprendre comment les décisions sont prises et comment la pondération a été effectuée entre les différents intérêts. La confiance naît de la fiabilité et de la compréhensibilité. »

La Berlin Freedom Week et sa conférence centrale devraient à nouveau avoir lieu à Berlin en 2026 et s’établir comme un événement fixe. Pour López, la ville est le quartier général idéal pour le mouvement mondial qu’il a cofondé. « Les personnes en Allemagne commémorent la Chute du Mur de Berlin comme un événement historique. Pour nous, c’est le présent. Nos camarades du World Liberty Congress vivent chacun et chacune dans leur propre Berlin-Est. Et ils et elles travaillent dur pour que les murs de leurs pays tombent. »

La Berlin Freedom Week

La Berlin Freedom Week est une initiative de l’agence de tourisme berlinoise visitBerlin, de l’Axel Springer Foundation, du World Liberty Congress, du délégué de Berlin au travail sur la dictature du SED et le la société Robert-Havamann. Elle a lieu pour la première fois en 2025 et a pour but de permettre aux convives allemands et internationaux d’échanger sur l’importance des valeurs démocratiques à l’époque actuelle.

La Berlin Freedom Conference

La Berlin Freedom Conference, manifestation centrale de la Berlin Freedom Week, a eu lieu pour la première fois le 10 novembre 2025 et a rassemblé des acteurs de premier plan de la politique, de l’économie, de la société civile, de la culture et des médias pour créer ensemble de nouvelles alliances démocratiques et faire avancer l’engagement mondial pour la liberté et la démocratie.

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