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« La démocratie ne va pas de soi »

Comment l’association « Contre l’oubli – Pour la démocratie » renforce la prise de position et combat la polarisation grâce à un travail éducatif et à des entraînements à l’argumentation. 

Wolf ZinnWolf Zinn , 29.04.2025
Entraînement à l’argumentation de l’association
Entraînement à l’argumentation de l’association © GVFD / Jan Schapira

« Et qu’en est-il de la liberté d’opinion ? » : c’est la question qui provoque. Un bref silence règne dans la salle, puis une jeune femme intervient : « Bien sûr que tu as le droit d’exprimer ton opinion, mais sans dévaloriser d’autres personnes. » L’assemblée acquiesce. L’entraînement à l’argumentation, notamment pour répondre à des slogans d’extrême droite, va bon train. On ne parle pas ici d’esprit de répartie, mais de prise de position, de démocratie et de dignité. 

Depuis plus de 30 ans, l’association à but non lucratif GVFD, soit « Gegen Vergessen – Für Demokratie » (en français : « Contre l’oubli – Pour la démocratie ») s’engage précisément pour ces valeurs. Fondée en 1993, entre autres par l’ancien président du SPD Hans-Jochen Vogel, en réaction à des attentats motivés par l’extrême droite, l’association rassemble Histoire, éducation et engagement politique au service d’une démocratie vivante. Depuis, l’association GVFD a été dirigée par des personnalités de renom, tout comme l’ancien président fédéral Joachim Gauck. Depuis 2020, c’est Andreas Voßkuhle – l’ancien président de la Cour constitutionnelle allemande – qui dirige l’association. 

Base de l’action démocratique 

« Nous voulons donner aux gens les moyens de donner vie à la culture de la mémoire et de s’engager pour les valeurs démocratiques », indique Liane Czeremin, directrice spécialisée dans le développement de la démocratie et la gestion des conflits. Selon elle, il s’agit de prendre conscience de l’histoire, de se confronter à la période nazie et à la dictature du SED – pour en faire aujourd’hui la base d’une action démocratique.  

Larissa Bothe (à g.) et Liane Czeremin
Larissa Bothe (à g.) et Liane Czeremin © Elisabeth Gliesche

Forte de plus de 2 300 membres, de 43 groupes de travail dans toute l’Allemagne et de plus de 500 projets par an, la GVFD représente un acteur central du travail éducatif de la société civile. Une attention particulière est accordée à la jeunesse : dans les projets de mémoriaux, par exemple, les jeunes jouent eux-mêmes le rôle de médiateurs, se penchent sur des biographies régionales de victimes de persécutions nazies ou mènent des interviews avec des témoins de l’époque. Dans le domaine de la formation des adultes, des policiers et policières sont notamment formés en tant que « parrains et marraines de la démocratie », afin de renforcer et de transmettre des positions démocratiques. 

Argumenter sans provoquer d’escalade 

Un format particulièrement demandé est celui des entraînements à l’argumentation que propose la GVFD. Larissa Bothe, responsable du groupe d’experts en éducation et en renforcement des compétences, dirige elle-même un grand nombre de ces entraînements : « Le climat social devient de plus en plus rude, la polarisation dans la vie de tous les jours s’accentue. Nombreux sont ceux qui se demandent : comment dois-je réagir ? » 

Selon Bothe, il n’existe pas de scénario tout prêt ni de recette miracle. « L’important est de prendre conscience de sa propre position. Il faut rester ouvert, calme et respectueux. » Cela signifie poser des questions, montrer de l’intérêt, envoyer des messages à la première personne, ne pas attaquer ni compromettre. « Nous transmettons des stratégies – et le sentiment : je ne suis pas seul, j’ai le droit de prendre position. L’association agit ainsi littéralement « contre l’oubli et pour la démocratie ». Car, comme le formule Liane Czeremin : « La démocratie ne va pas de soi, c’est un processus – et là, nous sommes tous sollicités. »