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Donner une voix aux victimes du nazisme

Deux volontaires internationaux de l’« Aktion Sühnezeichen Friedensdienste » parlent de leur travail en Allemagne. 

Johannes_GöbelProtokolle: Johannes Göbel , 30.04.2025
Des volontaires s’intéressent de près à l’histoire allemande.
Des volontaires s’intéressent de près à l’histoire allemande. © ASF / ZUNTZ RUTHE

Venue de France, Lucie Louis (21 ans) effectue son service volontaire au mémorial Augustaschacht d’Osnabrück pour l’« Aktion Sühnezeichen Friedensdienste » (Action Service de Réconciliation pour la Paix), de septembre 2024 à août 2025. 

Lucie Louis : « Important de se souvenir des souffrances des prisonniers »
Lucie Louis : « Important de se souvenir des souffrances des prisonniers » © ASF

« Après ma licence en sciences humaines et histoire à Lyon, je voulais absolument commencer par un travail pratique. C’est par l’intermédiaire de l’Aktion Sühnezeichen Friedensdienste que j’ai découvert le mémorial Augustaschacht Osnabrück, qui rappelle les cellules de détention et le ‹ camp d’éducation au travail › de la Gestapo (Geheime Staatspolizei). Je travaille, entre autres, aux archives et à l’accueil des visiteurs du mémorial. En tant que locutrice native, j’essaie par ailleurs d’établir des contacts avec les familles d’anciens prisonniers français. C’est aussi une lutte contre le temps et l’oubli ; souvent, seuls les petits-enfants des victimes de la persécution nazie sont encore en vie. Début avril, j’ai pu interviewer un homme âgé qui était né en captivité, fils d’une travailleuse forcée. Ce fut un entretien émouvant. Je trouve qu’il est essentiel de se souvenir des souffrances des prisonniers et de leur donner une voix, même 80 ans après la fin de la guerre. » 

   

Venant des États-Unis, Gabriel Rogers (25 ans) travaille, dans le cadre de son service volontaire, au mémorial du camp de concentration de Neuengamme, près de Hambourg, aussi pour l’« Aktion Sühnezeichen Friedensdienste », de septembre 2024 à septembre 2025. 

Gabriel Rogers : « De précieuses rencontres personnelles »
Gabriel Rogers : « De précieuses rencontres personnelles » © privat

« C’est durant mes études à l’université Ludwig-Maximilian (LMU) de Munich que la période de la Seconde Guerre mondiale a éveillé mon intérêt. Munich était ‹ la capitale du mouvement › des nationaux-socialistes, et dans mon travail de journaliste, je m’intéresse au danger de la résurgence de l’extrémisme de droite et de l’antisémitisme. Cette menace, je l’observe malheureusement aussi dans mon État d’origine, le Michigan, aux États-Unis. Au mémorial du camp de concentration de Neuengamme, je m’occupe surtout des activités de campagne de sensibilisation sur les médias sociaux. Avec mon propre canal TikTok, le mémorial emprunte de nouvelles voies dans le travail de mémoire. C’est important pour permettre également à de jeunes personnes d’avoir un accès aussi direct que possible à la commémoration des crimes nazis. Je produis les clips pour TikTok de manière autonome et, grâce à une vidéo, j’ai déjà pu atteindre plus de 100 000 personnes. Mon travail inclut également de précieuses rencontres personnelles. Je fais des recherches pour un grand projet de film sur des expériences médicales menées par les nazis sur des enfants. Pour ce faire, j’ai notamment parlé à deux cousins italiens qui ont survécu à l’horreur. Je suis incroyablement reconnaissant lorsque les gens s’ouvrent et contribuent ainsi à ce devoir de mémoire si crucial. »