Aller au contenu principal

Diversité dans le monde politique allemand

La diversité de la société allemande se reflète également dans le monde politique. Voici des femmes et des hommes politiques d’origine germano-africaine.

Ana Maria Michel, 15.03.2023
Aminata Touré est ministre dans le Schleswig-Holstein.
Aminata Touré est ministre dans le Schleswig-Holstein. © picture alliance/dpa | Marcus Brandt

Aminata Touré

Aminata Touré est non seulement la plus jeune, mais aussi la première ministre afro-allemande en Allemagne. Elle est née en 1992 à Neumünster, où ses parents se sont réfugiés après un coup d’État au Mali. Aminata Touré a passé les premières années de sa vie avec sa famille dans un centre d’hébergement pour les réfugiés. Dès sa scolarité, elle s’est engagée sur un plan politique, notamment par le biais du projet « École sans racisme — École avec courage ». En 2012, Aminata Touré est devenue membre du parti Alliance 90/Les Verts. Cinq ans plus tard, elle est entrée au Parlement du Land du Schleswig-Holstein, dans le nord de l’Allemagne, dont elle a été vice-présidente entre 2019 et 2022. Cette année-là, Aminata Touré a connu un autre moment clef de sa carrière politique : elle est devenue ministre des Affaires sociales, de la Jeunesse, de la Famille, des Personnes âgées, de l’Intégration et de l’Égalité dans le Schleswig-Holstein. La jeune ministre s’engage également pour les jeunes. Dans son livre « Wir können mehr sein. Die Macht der Vielfalt » (« Nous pouvons être bien plus. Le pouvoir de la diversité »), paru en 2021, elle appelait déjà les jeunes ainsi que différentes personnes à s’engager pour changer la politique et le vivre ensemble.

Awet Tesfaiesus

Awet Tesfaiesus est membre du Bundestag allemand depuis 2021.
Awet Tesfaiesus est membre du Bundestag allemand depuis 2021. © picture alliance/photothek | Felix Zahn

C’est la première députée afro-allemande de l’histoire du Bundestag : depuis 2021, Awet Tesfaiesus siège au Parlement allemand au sein du parti Alliance 90/Les Verts. Enfant, elle a fui l’Érythrée avec sa famille et s’est réfugiée en Allemagne, où elle est allée directement au lycée. « Je suis reconnaissante d’avoir grandi au sein de deux cultures et d’avoir ainsi appris très tôt que mon point de vue n’est qu’un point de vue parmi d’autres », dit-elle avec du recul. Après son baccalauréat, elle a étudié le droit à Heidelberg et est devenue avocate spécialisée dans le droit d’asile et des migrations. Elle a pris sa carte au parti écologiste allemand en 2009 et a été élue au Parlement de la ville de Kassel en 2016. Elle est entrée en politique car elle voulait s’opposer à la montée en puissance du parti populiste de droite AfD.

Awet Tesfaiesus, 48 ans, a toutefois pensé à plusieurs reprises à quitter l’Allemagne, en particulier après l’attentat raciste de Hanau en 2020, dans lequel neuf personnes issues de l’immigration ont été tuées. Elle a finalement décidé de rester en Allemagne afin d’y lutter contre le racisme, et s’est présentée aux élections du Bundestag. Awet Tesfaiesus a longtemps cru qu’elle ne pourrait pas faire de la politique en tant que femme noire, notamment parce qu’elle n’avait pas de modèles. Elle en est devenue un désormais. Au Bundestag, elle préside la commission de la Culture et des Médias et est membre de la commission des Affaires juridiques. Elle s’engage particulièrement sur des sujets comme la décolonisation, la diversité et l’égalité des chances. « En tant que femme noire, j’ai ressenti très tôt les conséquences de la discrimination structurelle. Cela a aiguisé mon regard sur les injustices », explique-t-elle.

Karamba Diaby

Karamba Diaby a été élu en 2013 au Bundestag allemand.
Karamba Diaby a été élu en 2013 au Bundestag allemand. © picture alliance/dpa | Hendrik Schmidt

Karamba Diaby est l’un des premiers hommes politiques nés en Afrique à avoir été élu au Bundestag en 2013. Il y est membre de la commission des Affaires étrangères et de la commission de la Coopération économique et du développement. « Mon engagement politique trouve ses racines dans mes origines et dans les expériences que j’ai vécues dans ma vie », explique-t-il. Cet homme politique social-démocrate est né au Sénégal en 1961 et a été élevé par sa sœur aînée après la mort de ses parents. Au milieu des années 1980, Karamba Diaby s’est rendu en RDA pour étudier la chimie. Il a obtenu son doctorat avec une thèse dans le domaine de la géo-écologie, portant sur les jardins ouvriers.

La cohésion, la politique du travail, l’environnement et l’éducation sont les sujets qui le préoccupent aujourd’hui. En raison de son parcours de vie, Karamba Diaby estime que la responsabilité de s’engager en faveur des personnes issues de l’immigration lui incombe. « Je sais par expérience combien il peut être difficile de prendre pied dans un nouvel environnement et de faire face aux préjugés et à la discrimination », explique-t-il. Karamba Diaby est l’un des trois députés afro-allemands qui siègent actuellement au Bundestag, aux côtés de son collègue de parti camerounais Armand Zorn et de l’élue écologiste Awet Tesfaiesus.

Doreen Denstädt

Depuis le 1er février 2023, Doreen Denstädt, 45 ans, est à la tête du ministère de la Migration, de la Justice et de la Protection des consommateurs en Thuringe. Née à Saalfeld an der Saale d’une mère allemande et d’un père originaire de Tanzanie, Doreen Denstädt a grandi à Erfurt. Avant de devenir ministre, elle a travaillé au sein du service de médiation de la police du ministère de l’Intérieur et des Communes de Thuringe, où peuvent s’adresser les citoyennes et les citoyens qui se sentent discriminés par la police. Maintenant qu’elle est ministre, Doreen Denstädt souhaite notamment s’engager pour la protection des victimes.

Doreen Denstädt n’est membre du parti Alliance 90/Les Verts que depuis 2021. Le fait qu’elle soit désormais ministre en tant que femme noire ne revêt pas une grande importance pour elle : « J’ai déjà été très souvent dans ma vie la première fille noire ou la première femme noire », explique-t-elle. « Cela ne m’a ni été un frein, ni une stimulation ». Mais Doreen Denstädt a souvent fait l’expérience d’être perçue comme étrangère. Elle sait donc qu’il est très important pour les groupes marginalisés de se sentir représentés en politique.