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« Nous dépendons l’un de l’autre »

Le numérique, la formation, le commerce, les droits humains et le coronavirus sont les sujets qui occupent le Chargé des affaires africaines au ministère fédéral des Affaires étrangères.

Interview: Clara Krug, 10.12.2020
L’Allemagne et l’UE soutiennent l’Afrique pendant la pandémie.
L’Allemagne et l’UE soutiennent l’Afrique pendant la pandémie. © dpa

M. Dölger, vous êtes Chargé des affaires africaines au du ministère fédéral des Affaires étrangères. Pouvez-vous nous décrire votre travail ?

Etant chargé de l’Afrique sub-saharienne et du Sahel, je suis compétent pour 48 pays dans la région. Je ne m’en occupe naturellement pas seul mais avec une très grande équipe, à savoir la subdivision du ministère fédéral des Affaires étrangères chargée de la politique africaine du gouvernement fédéral. Cela signifie concrètement que nous observons continuellement la situation actuelle dans les différents pays, rédigeons des analyses et faisons des propositions pour notre politique dans ces pays.

Cela ne peut naturellement pas se faire sans contacts intenses sur place. Nous avons pour cela nos ambassades et nos représentations et je me rends souvent en Afrique ou prépare les visites de nos partenaires africains en Allemagne. A côté des gouvernements, les interlocuteurs importants sont aussi, tout naturellement, les acteurs non-étatiques comme les organisations non-gouvernementales, les représentants des religions, les fédérations, les instituts de recherche et la diaspora africaine en Allemagne.

Le coronavirus a malheureusement un fort impact sur notre travail : la transition vers le télétravail et les visioconférences a été relativement simple ici, à Berlin. C’est beaucoup plus difficile pour nos ambassades et consulats en Afrique : nombre de nos collègues ont été confinés pendant des mois, ont coorganisé le retour d’Allemands au pays et distribué de l’aide.

La pandémie nous a rappelé combien nos avenirs sont étroitement liés.
Robert Dölger, Chargé des affaires africaines au ministère fédéral des Affaires étrangères

Pourquoi le continent africain est-il un grand partenaire pour l’Europe – et pourquoi l’Europe est-elle un partenaire important pour l’Afrique ?

Nous voulons clairement approfondir nos relations avec l’Afrique. Pour cela, nous nous orientons beaucoup sur les principes et les objectifs de l’Agenda 2063 de l’Union africaine ainsi que sur les grandes lignes de la politique africaine du gouvernement fédéral : nous voulons nous concentrer sur les intérêts et les thèmes d’avenir communs, dont le numérique, l’innovation et la formation, mais aussi renforcer le commerce et les investissements privés. Nous voulons aussi promouvoir les droits humains, l’Etat de droit et la participation – notamment des femmes – et approfondir les contacts avec la société civile. L’Afrique a un fort potentiel en matière d’énergies renouvelables et possède une impressionnante diversité biologique. Le continent est donc un partenaire naturel pour la protection du climat et de l’environnement. Nous pouvons aussi gérer ensemble le thème des migrations. Nous sommes donc interdépendants dans de grands secteurs stratégiques et avons besoin d’une étroite coopération. La pandémie aussi nous a rappelé combien nos avenirs sont étroitement liés. Nous voulons construire sur cette expériences commune.

 

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L’Afrique est un grand sujet de la présidence allemande du Conseil de l’Union européenne au deuxième semestre 2020. De quoi y va-t-il concrètement ?

Le contenu de notre partenariat est évident. Nous avons besoin d’approches communes dans la protection de l’environnement, les questions d’énergie et la bonne gouvernance. Ces dernières années, l‘Allemagne a beaucoup investi dans la construction d’une architecture de paix et de sécurité en Afrique. Le conflit actuel en Ethiopie nous montre combien cela est nécessaire. De tels conflits ont le potentiel de s’étendre, éventuellement au-delà des frontières. Avec une nouvelle facilité européenne pour la paix, nous voulons encore mieux soutenir les Etats africains demain pour éviter la violence et les conflits. A cela vient s’ajouter que l’Europe doit se tenir aux côtés de l’Union africaine dans son projet-clé de créer une zone de libre-échange continentale. Nous aussi, en Europe, avons appris qu’une étroite coopération économique entre les pays crée et renforce la stabilité des relations. Les investissements et la promotion de la formation et de l’emploi, notamment pour les femmes et les jeunes, sont des objectifs importants face à l’évolution démographique en Afrique.

   Avec l’OMS, nous œuvrons à un mécanisme de répartition global équitable des tests sur la Covid-19, les vaccins et les médicaments.   
Robert Dölger, Chargé des affaires africaines au ministère fédéral des Affaires étrangères

Dans quelle mesure la pandémie du coronavirus influe-t-elle sur l’ordre du jour de la présidence allemande du Conseil de l’Union européenne en ce qui concerne l’Afrique ?

La pandémie du coronavirus a naturellement fortement impacté notre présidence du Conseil de l’Union européenne et l’impacte encore. Nous constatons que, dans la plupart des pays africains, nous enregistrons moins de décès qu’on ne le craignait mais les effets secondaires de la lutte contre la pandémie ont de graves conséquences. L’UE est rapidement tombée d’accord sur le fait que nous devons aider les pays africains non seulement pour contenir la maladie mais aussi l’aider massivement pour en compenser les conséquences humanitaires et socio-économiques. En tant que « Team Europe », nous avons présenté en avril 2020 un train de mesures mondiales mettant l’accent sur l’Afrique. Avec l‘Organisation mondiale de la santé OMS, nous œuvrons par exemple à un mécanisme de répartition global équitable des tests sur la Covid-19, les vaccins et les médicaments et soutenons les systèmes de santé. Nous ne devons pas non plus perdre de vue les conséquences négatives de la crise de la Covid 19 sur la paix et la stabilité ainsi que sur la sécurité alimentaire en Afrique. Avec l’initiative Compact with Africa du G20, l’Allemagne a déjà élaboré des approches importantes pour promouvoir les investissements et l’emploi. Nous devons également poursuivre les discussions dans un cadre multilatéral sur les préférences commerciales et l’allègement de la dette.

 Qu’attendez-vous du Sommet UE-Afrique 2021 ?

J’espère tout d’abord qu’il pourra avoir lieu dès que possible! A l’origine, le sommet était prévu fin octobre 2020 comme la rencontre physique de tous les chefs d’Etats et de gouvernement de l’Union africaine (55 pays membres) et de l’Union européenne (27 pays membres) ; il a dû être repoussé en raison de la pandémie. Pour ne pas interrompre le dialogue avec les partenaires africains jusqu’au sommet, une rencontre virtuelle de l’Union européenne et de l’Union africaine a eu lieu dans un format plus restreint le 9 décembre 2020.

J’espère que le sommet lancera d’abord un signe de solidarité : l’Afrique et l’Europe sont dans un même bateau, non seulement en ce qui concerne les grandes tâches pour garantir l’avenir, comme la protection de l’environnement ou la politique du climat et de l’énergie. Il y va du principe d’une coopération partenariale en soi. Nous voulons créer une alternative aux approches politiques internationales plutôt guidées par des intérêts hégémoniques nationaux. J’espère aussi que le sommet parviendra à des résultats concrets dans la coopération de la société et de l’économie qui seront tangibles pour les citoyennes et les citoyens des deux continents.

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