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« Nous devons être particulièrement vigilants »

Bärbel Kofler, déléguée du gouvernement fédéral, explique pourquoi les droits de l’homme sont particulièrement en danger pendant la pandémie de Covid-19.

27.07.2020
Bärbel Kofler s’exprime au Bundestag.
Bärbel Kofler s’exprime au Bundestag. © Thomas Koehler/photothek.net

Madame Kofler, pour vous, il était très important que le thème des droits de l'homme soit l’une des priorités de la présidence allemande du Conseil de l’UE. Quels aspects sont particulièrement urgents ?
Dans la situation actuelle, les droits de l’homme sont menacés en de nombreux endroits. C’est maintenant que nous devons surtout être très vigilants et, avec d’autres Etats de l'UE, nous investir au profit d'une politique européenne ambitieuse en matière de droits de l'homme. Dans certains Etats membres de l’UE également, nous constatons que les droits de l’homme et l’Etat de droit sont attaqués, par exemple en Hongrie et en Pologne. L’UE ne doit pas tolérer que ses valeurs fondamentales, les droits de l’homme et l’Etat de droit soient violés. Il est également urgent de progresser sur le mécanisme de sanctions en matière des droits de l’homme qui permet de réprimer de manière ciblée leurs violations et dote la politique de l’UE en matière de droit de l’homme d’un instrument puissant.      

La pandémie de Covid-19 va-t-elle également occasionner une crise pour les droits de l’homme ?
Pendant la pandémie de Covid-19, de nombreux Etats violent malheureusement les droits fondamentaux. On est en droit de craindre que, après la pandémie, les restrictions ne soient pas levées partout, en particulier dans les pays où la situation des droits de l’homme était déjà préoccupante avant le Covid-19. Face à toutes les mesures de crise, il faut toujours s’assurer qu’elles sont justifiées et que les trois piliers fondamentaux des droits de l’homme – l’universalité, l’inaliénabilité et l’indivisibilité – restent incontestés  

Seule une loi sur les chaînes d’approvisionnement peut durablement garantir le respect des droits de l’homme et des conditions de travail équitables.
Bärbel Kofler, déléguée du gouvernement fédéral à la politique des droits de l’homme

Le débat sur une loi relative aux chaînes d’approvisionnement prend forme en Allemagne et également au niveau européen.  Pourquoi une telle loi est-elle si importante ?
Une grande partie des entreprises allemandes ne respectent pas leur devoir de diligence. Tel est le résultat de deux enquêtes menées par le gouvernement fédéral. Seule une loi sur les chaînes d’approvisionnement peut durablement garantir le respect des droits de l’homme et des conditions de travail équitables tout au long de la production, car les droits de l’homme ne sont pas un luxe. Du côté des entreprises également, le nombre de celles  qui souhaitent des règles juridiques augmente. Celles-ci doivent s’appliquer à tous et ne pas porter préjudice à ceux qui appliquent déjà les devoirs de diligence en matière de droits de l’homme. Dans l’esprit d’égalité des chances, la progression au niveau de l’UE joue aussi un rôle. C’est pourquoi nous devons préconiser deux éléments : une loi sur les chaînes d’approvisionnement au niveau national et une initiative législative au niveau de L’UE.       

En juin 2020, le ministère fédéral des Affaires étrangères, avec l’Institut allemand pour les relations avec l’étranger (ifa), a lancé un programme pour aider les militants de droits de l’homme. Pourquoi l’Initiative Elisabeth Selbert est-elle si importante ?
Nous constatons depuis des années que le champ d’action de la société civile est de plus en plus réduit dans de nombreux pays. La pandémie de Covid-19 renforce malheureusement cette tendance. Avec l’Initiative Elisabeth Selbert, nous voulons soutenir les défenseurs des droits de l’homme gravement menacés. Il convient de leur assurer une protection temporaire, soit dans leur pays, soit en Allemagne, car nous ne voulons pas laisser tomber les défenseurs des droits de l’homme, surtout maintenant. 

 


Bärbel Kofler est la déléguée du gouvernement fédéral à la politique des droits de l’homme et à l’aide humanitaire depuis le 1er mars 2016.

Interview: Sarah Kanning

© www.deutschland.de

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