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« L’euro assure la cohésion de l’Europe »

Les 20 ans de l’euro fiduciaire : Johannes Beermann, membre du directoire de la Bundesbank, parle de l’abandon du deutsche mark en 2002 et de l’importance de l’argent liquide. 

Carsten Hauptmeier, 23.12.2021
Johannes Beermann membre du directoire de la Bundesbank
Johannes Beermann membre du directoire de la Bundesbank © Bundesbank

Monsieur le professeur Beermann, payez-vous souvent en espèces ?

Plusieurs fois par jour, comme beaucoup de gens, par exemple à la caisse d’un supermarché ou au marché. Même pendant la pandémie de Covid-19, 60 pour cent des paiements se font en espèces.

Pensez-vous qu’il y aura des changements à long terme ?

On ne le saura qu’à la fin de la pandémie. Lorsque les magasins sont fermés ou que, par exemple, les fêtes de Noël n’ont pas lieu, il est impossible d'évaluer comment les comportements de paiement évolueront à long terme. C’est justement en période de crise que les gens accumulent également de l'argent liquide. Il s’agit d'un effet psychologique avec un arrière-plan réel qui se reflète dans le dicton « Nur Bares ist Wahres » (il n’y a que l’argent liquide de vrai). Les gens sont prudents.

Actuellement, il y a un total de 1,5 billion d’euros en espèces en circulation dans le monde. La croissance annuelle est de nos jours d’environ huit pour cent.

Quels souvenirs avez-vous de l’introduction de l’euro fiduciaire le 1er janvier 2002 ?

Les gens étaient impatients et extrêmement curieux. L'introduction des espèces s'est faite de manière très professionnelle et était très bien organisée. Du jour au lendemain, les gens ont pu payer en euros. Cela représentait déjà une tâche énorme. Les banques devaient avoir les nouveaux billets et les pièces en stock et tous les distributeurs de tickets de transport devaient aussi fonctionner. En outre, il a fallu collecter les espèces en marks. 

Les personnes qui ont encore des billets ou des pièces en marks peuvent toujours les échanger auprès des filiales de la Bundesbank. Cela ne va pas changer ?

Cela sera possible sans limite de temps car c’est aussi une question de confiance. Fin novembre 2021, 12,4 milliards de marks n’étaient pas encore revenus à la Bundesbank ; fin 2001, c’était 162 milliards.

Les Allemands avaient une relation très émotionnelle vis-à-vis du deutsche mark. Quelle est leur relation avec l'euro aujourd'hui ?

Le deutsche mark était une monnaie forte et, pour les gens en Allemagne, il avait une importance particulière. A l’Est, le passage à l'euro était le second changement de monnaie en relativement peu de temps, après l'introduction du deutsche mark en 1990 à la suite de la réunification de l’Allemagne. Aujourd'hui, la majorité des gens dans les pays de la zone euro considèrent l’euro comme une bonne chose pour leur pays et pour l’Europe

Quelle est l’importance de l'euro pour l'Europe ?

L’euro assure la cohésion de l’Europe. Il montre à quel point la cohabitation est devenue une évidence.

Le graphisme des billets de banque en euro doit être modifié d’ici 2024. Jusqu'à maintenant, on y voit des fenêtres, des portails et des ponts abstraits mais aucun véritable bâtiment ou personnalités. Qu’attendez-vous de ce nouveau graphisme ?

C’est une bonne chose que les citoyens soient impliqués dans ce processus de conception. Cela permet aussi de réfléchir à l’Europe. En ce qui concerne les nouveaux motifs, tout est possible jusqu'à maintenant.

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