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« Emettre des signaux positifs »

Un maire européen pour une ville européenne : l’Allemand Dominic Fritz est le chef de la ville de Temesvar, en Roumanie.

14.10.2020
L’Allemand Dominic Samuel Fritz
L’Allemand Dominic Samuel Fritz © privat

Cette élection est une petite sensation : dans l’ouest de la Roumanie, les habitants de la ville de Temesvar (Timișoara en roumain) ont élu maire l’Allemand Dominic Samuel Fritz. Il n’est pas roumain ni n’a de racines familiales dans la ville. Agé de 36 ans, il est originaire de la Forêt noire et a fait usage de son droit comme citoyen européen d’être candidat aux élections municipales là où il vit. Il vint pour la première fois à Temesvar, la troisième ville roumaine, en 2003 pendant son année de bénévolat social. Il travaillait alors dans un orphelinat. Il a succombé au charme de la ville et apprit le roumain. Il ne cessa de revenir à Temesvar, devint le parrain des enfants de « ses » enfants à l’orphelinat, fonda un chœur de gospel. En Allemagne, ce politologue spécialiste de l’administration publique s’était engagé chez les Verts. Il travailla en dernier lieu dans le bureau de l’ex-président fédéral Horst Köhler, le dirigeant depuis 2016. Fritz donna sa démission en 2019 et vit depuis à Temesvar. Il a été candidat aux élections municipales pour le parti réformiste « Union Sauvons la Roumanie » et obtint d’emblée 55 % des voix le 27 septembre 2020.

M. Fritz, vous êtes Allemand et venez d’être élu maire de la ville roumaine de Temesvar. Que pouvez-vous apporter à la ville ?

Nous pouvons réaliser un projet d’avenir qui renoue avec un passé et des valeurs propres. Temesvar est une ville aux racines multiculturelles. Nombre de choses innovantes sont apparues ici parce qu’il y avait une diversité, parce qu’on était confronté à des perspectives très différentes.

Je n’apporte pas de recettes miracles à Temesvar, ma mission est de faire fructifier les ressources et les énergies propres, et peut-être même les valeurs et les traditions enfouies qui existent ici. Le fait que Temesvar, une ville explicitement européenne, ait maintenant un maire européen ouvre de nouvelles portes aux investissements, au tourisme, à la coopération dans la science et la recherche. Mon parcours aussi peut être utile en la matière.

Le fait que Temesvar ait un maire européen ouvre de nouvelles portes aux investissements.
Dominic Fritz, maire de Temesvar
Fêter la victoire le soir des élections à Temesvar
Fêter la victoire le soir des élections à Temesvar © Constantin Duma

Nombre de Souabes du Banat, une minorité allemande de la région, n’y vivent plus. Ressent-on néanmoins à Temesvar une certaine proximité avec l’Allemagne – et cela vous a-t-il aidé ?

Le Forum des Souabes du Banat m’a effectivement officiellement soutenu pendant la campagne électorale. Cela a certainement fait la différence pour certains. L’attitude est amicale envers les Allemands. Le président roumain Klaus Johannis était naguère président du Forum des Allemands en Roumanie et a longtemps été maire de Hermannstadt (Sibiu en roumain). Nombre de Roumains ont fréquenté l’Ecole allemande qui a accueilli deux futurs prix Nobel. De nombreuses firmes allemandes ont investi ici parce qu’elles y trouvent des collaborateurs qui parlent naturellement l’allemand. Ce n’était donc pas une grosse affaire pour Temesvar que je sois allemand. Cela convient bien à l’identité de la ville.

Quels sont vos projets ?

Un grand projet est que Temesvar soit capitale européenne de la culture en 2023. La ville devait l’être en 2021 mais nous avons ajourné de deux ans en raison du coronavirus. Un autre projet concerne le canal Bega qui traverse Temesvar et un grand nombre de canaux de drainage autour de la ville : nous voulons les revégétaliser et en faire un grand réseau aquatique naturel. Il y a nombre de bonnes idées qui renforce la ville comme site innovant. Les premières entreprises qui pensent investir ici ont déjà appelé. Ce sont les signaux positifs que je voudrais émettre.    

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