Le Congrès des historiens allemands
Ce qui attire les historiens à la grande rencontre de leur corporation à Göttingen. Une interview.

Dorothee Wierling est directrice adjointe du Centre de recherche sur l’histoire contemporaine à Hambourg (FZH). En tant que professeur invitée de la fondation Gerda Henkel, elle se consacre à la recherche depuis 2013/2014 à l’Institut historique allemand (DHI) à Londres et enseigne à la London School of Economics (LSE). Elle se rend en Allemagne à l’occasion du 50e Congrès des historiens allemands.
3 000 participants en moyenne viennent au Congrès des historiens allemands. Comment expliquer un tel intérêt pour un échange direct à l’ère du numérique ?
Internet ne peut pas remplacer la communication personnelle. Il se crée une dynamique particulière lors de cette rencontre des chercheurs et des enseignants en histoire. Il ne s’agit pas seulement d’échanges concernant les résultats de la recherche mais aussi de ce qui se passe dans notre domaine. Les thèmes portent sur l’histoire en tant que discipline dans les universités, sur les tendances en matière de publications et sur la diffusion dans la société.
La Grande-Bretagne est cette fois le pays partenaire. Quelle est la différence entre l’histoire dans ce pays et en Allemagne ?
L’histoire en Grande-Bretagne a davantage une orientation transnationale, ce qui résulte bien évidemment de l’Empire. De ce fait, les Britanniques ont une nette avance dans le domaine de la comparaison internationale en histoire et de l’histoire de la mondialisation. De plus, les historiens en Grande-Bretagne craignent moins de populariser leurs connaissances. Leurs ouvrages sont souvent divertissants et touchent un plus large public. Ils sont également davantage présents dans les médias, comme par exemple dans les nombreuses émissions de télévision consacrées à l’histoire.
Actuellement vous faites de la recherche et enseignez en Grande-Bretagne. Comment y vivez-vous l’année commémorative 2014 ?
Au niveau académique, le livre de Christopher Clark « Les somnambules » a lancé ici un débat intéressant sur la responsabilité dans le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Pour l’opinion publique, la commémoration souligne surtout l’héroïsme et l’esprit de sacrifice des soldats et de la population. Des institutions telles que le Imperial War Museum incitent à l’identification avec la génération qui a connu la guerre. Tout ceci est fortement en contraste avec la distance qui domine en Allemagne face à la catastrophe de 1914. Bien que l’on puisse comprendre que pour les Allemands le souvenir de la Seconde Guerre mondiale estompe celui de la précédente, cette distance devrait nous engager à nous livrer à une auto-réflexion critique.
50e Congrès des historiens allemands du 23 au 26 septembre 2014 à Göttingen
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