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Miser sur la société civile

Le thème de l’immigration et de l’asile est d’actualité en Allemagne. Le psychologue social Harald Welzer s’exprime sur un débat qui change le climat social.

09.08.2018
Manifestation pour le sauvetage en mer de réfugiés
Manifestation pour le sauvetage en mer de réfugiés © dpa

Monsieur Welzer, vous avez fait l’éloge de l’accueil d’un grand nombre de réfugiés en 2015 et 2016 et qualifié d’« heure de gloire de la démocratie » l’engagement social en faveur des personnes recherchant une protection. Entre-temps, il y a eu toutefois un virulent débat sur l’asile qui a causé d’importants troubles politiques. 
On a malheureusement omis, après 2015, de soutenir systématiquement l’engagement démocratique qui se révélait dans l’aide aux réfugiés. Au lieu de cela, il y a eu une exacerbation de la plainte qu’il y aurait trop de réfugiés et que cela représenterait un danger pour notre pays. Dans cette mesure, nous avons aujourd’hui une situation complètement différente.  

Le langage est un élément déterminant de la transformation de la société. 
Harald Welzer, psychologue social

Qu’est-ce qui a mené à cette situation ?
La politique se sentait apparemment poussée par le parti populiste de droite AfD. Parallèlement, dans les débats médiatiques et politiques, il n’y avait presque plus qu’un seul thème – il ne s’agissait plus que des réfugiés et de l’immigration. C’était le sujet auquel les gens se voyaient ici confrontés au cours des deux dernières années et demie alors que, en fait, quelques autres choses sont importantes pour ce pays. Du point de vue sociopsychologique, il faut malheureusement dire que cette monothématisation cause un changement. Les gens perçoivent des thèmes différemment lorsqu’ils font l’objet d’une communication telle que celle de la question de l’asile actuellement.

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Il y a eu récemment de nombreuses critiques d’un « langage empoisonné » utilisé lors des débats. Y voyez-vous également une partie du problème ?
Le langage est un élément déterminant de la transformation de la société. Tous les populistes de droite utilisent l’exagération de ce qui est dicible comme une stratégie couronnée de succès. Ce qui est grave, c’est lorsque, dans les cercles conventionnels, les limites du dicible sont dépassées, par exemple avec l’expression « Asyltourismus ».

Les gens réagissent contre la criminalisation des sauveteurs et de leurs aides. 
Harald Welzer, psychologue social

Qu’est-ce qui vous donne de l’espoir ?
Plusieurs choses. Depuis quelques semaines, dans de nombreuses villes allemandes, il y a des manifestations pour revendiquer le droit  au sauvetage en mer. Les gens réagissent contre la criminalisation des sauveteurs et de leurs aides. Nous-mêmes, en collaboration avec d’autres organisations, nous lançons actuellement la campagne « Nicht in meinem Namen » (Pas en mon nom). Il y a probablement beaucoup de personnes qui ne sont pas d’accord avec le changement de langage et la programmatique, sans toutefois appartenir à un parti ou à une organisation. 

Vous misez donc sur la société civile ?
Sur quoi d’autre sinon ? La politique fait ce que la société civile veut. Récemment, la majorité s’est trop souvent tue. Les autres ont élevé la voix et sont parvenus à suggérer à la politique que leurs exigences étaient d’importance. Maintenant, les « bons esprits » doivent aussi élever la voix. 

Harald Welzer
Harald Welzer © dpa

Harald Welzer est co-fondateur et directeur de la fondation « Futurzwei – Stiftung Zukunftsfähigkeit »  et occupe une chaire de transformation design à l’université européenne de Flensburg. Auparavant, il avait été directeur du Center for Interdisciplinary Memory Research et responsable de plusieurs projets au Kulturwissenschaftliches Institut à Essen (KWI).

Interview : Helen Sibum

© www.deutschland.de