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« Allez en Pologne »

L’artiste de cabaret Steffen Möller partage sa vie entre l’Allemagne et la Pologne. Il connaît ainsi les relations entre les deux pays – et l’influence de la météo sur ces relations.

09.07.2018
L’artiste de cabaret Steffen Möller
L’artiste de cabaret Steffen Möller © P. Felbert

Le chansonnier allemand Steffen Möller vit depuis près de 25 ans également en Pologne, Dans cette interview donnée à deutschland.de, il décrit sa vision des relations germano-polonaises et l’influence de la météo sur ces relations.

M. Möller, les relations germano-polonaises ont connu des jours meilleurs. Il existe nombre de différends, par exemple sur la question des migrants et la politique de l’UE dans son ensemble. Cette évolution vous inquiète-t-elle ?
Oui et non. Je pense que les tensions politiques ne sont que passagères et que la base finira par s’imposer. Il y a en effet 400.000 mariages et couples germano-polonais à la base et un groupe particulièrement important d’enfants germano-polonais qui parlent parfaitement les deux langues. Je suis en train d’écrire un livre sur cette niche dans la société et ai réalisé nombre d’interviews avec ces couples ces derniers mois. Fort de cette expérience, je peux donc dire que tout va bien, nous nous rapprochons d’une fusion germano-polonaise. Les responsables politiques peuvent bien se disputer : dans 100 ou 200 ans, nous serons les meilleurs amis.

Les tensions politiques n’ont donc pas d’impact au quotidien ?
Si, il y a beaucoup d’irritations. Les Allemands sont parfois traités de manière désagréable en Pologne parce qu’ils parlent par exemple allemand dans le tramway. Cela arrive parfois, peut-être une fois par mois. Mais il y a aussi nombre de Polonais qui sont traités de manière désagréable en Allemagne – et cela depuis toujours. J’invite à ne pas en faire une excuse pour ne pas se rendre en Pologne. Toute excuse est la bienvenue pour les gens qui n’y sont jamais allés – et ce sont 70 % des Allemands. Je dis donc : d’accord, le climat politique n’est pas fameux en ce moment mais allez-y quand même.

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Que doit-il se passer pour que l’Allemagne et la Pologne se rapprochent à nouveau sur le plan politique ?
Je vois les choses un peu différemment parce que je ne suis pas un politique. Je fais du cabaret germano-polonais depuis 16 ans et, même lorsque tout se passait à merveille sur le plan politique, il y a toujours eu des clichés et des préjugés des deux côtés. Je travaille pour ainsi dire à une amélioration sur le long terme des relations germano-polonaises. Les Polonais en savent d’ailleurs un peu plus sur l’Allemagne que nous sur la Pologne.

En tant qu’artiste de cabaret, j’ai le privilège de pouvoir raconter des blagues sur le pays de l’autre côté de la frontière. 
Le chansonnier Steffen Möller

A quoi est-ce dû ?
Surtout au fait que 30 % des élèves polonais apprennent l’allemand. La Pologne est le pays ayant le plus grand nombre d’apprenants d’allemand dans le monde – avec 2,2 millions d’élèves en 2017. En Allemagne, environ 10.000 élèves au plus apprennent le polonais. Il y a donc une très grande asymétrie. Mais ce qui devrait vraiment changer pour que les Allemands et les Polonais se rendent en masse dans l’autre pays, c’est la météo. La véritable raison pour laquelle les Allemands et les Polonais s’ignorent largement, ce n’est pas l’Histoire, ce n’est pas la politique, ce n’est pas non plus la langue, c’est le temps. Un Polonais n‘a pas envie de passer ses vacances en Allemagne car le temps est le même que chez lui. Et il en va de même pour les Allemands. Un deuxième facteur fait aussi obstacle à la curiosité : nous sommes voisins. Or, aujourd’hui, les vraies vacances ne commencent qu’à 5.000 kilomètres de distance. J’ai parfois le sentiment que je pourrais plus facilement promouvoir la Pologne au Brésil et au Japon qu’en Allemagne.

Pouvez-vous, en tant que chansonnier, arriver à quelque chose à laquelle la diplomatie ne parvient pas ?
En tant qu’artiste de cabaret, j’ai le privilège de pouvoir raconter des blagues sur le pays de l’autre côté de la frontière et l’autre côté doit en plus en rire. Faire des plaisanteries sur la Pologne ? Je ne le recommanderais pas à un responsable politique allemand, cela créerait des problèmes. En tant que chansonnier, j’évolue à un autre niveau.

Le mieux à faire quand on se rend dans un pays étranger, c’est d’en apprendre la langue. C’est vraiment un plus. Or, autant que je sache, il n’y a actuellement aucun grand responsable politique allemand qui parle le polonais. Seul Mats Hummels peut compter jusqu’à dix en polonais, il me l’a prouvé.

Les jumelages de villes valent leur pesant d’or.
Le chansonnier Steffen Möller

Vous êtes souvent invité par des associations de villes jumelées. Quelle est leur importance ?
Naguère, je pensais que tous ces jumelages étaient obsolètes. C’est peut-être un peu vrai pour les relations franco-allemandes qui sont actuellement bonnes. En ce qui concerne la Pologne, je ne peux que dire que les jumelages de villes valent leur pesant d’or car ils mettent tellement de gens en contact au niveau local. Il y a des jumelages très réussis : des écoles, des chœurs, des orchestres, des fanfares se rendent mutuellement visite. Des centaines de personnes se rencontrent ainsi chaque année.

Vous faites des allers-retours entre l’Allemagne et la Pologne. Où est votre port d’attache ?
Qu’est-ce qu’un port d’attache ? Peut-être le lieu où les gens vous ressemblent. Mon port d’attache est alors le train Eurocity entre Berlin et Varsovie. Je fais des allers-retours avec ce train plusieurs fois par mois. J’y rencontre nombre de gens comme moi faisant la navette entre deux mondes. Ils parlent les deux langues et connaissent eux aussi les plaisanteries sur les voleurs polonais et les nazis allemands. Je m’y sens bien et, avec un peu de chance, j’y entends parfois une nouvelle blague.

Interview: Kathrin Noll

« Mon port d’attache, c’est le train Eurocity »
« Mon port d’attache, c’est le train Eurocity » © Steffen Möller