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Une poétesse presque oubliée : Selma Merbaum

Lorsque Selma Merbaum décéda à 18 ans dans un camp nazi, elle laissait derrière elle un recueil de poèmes impressionnants.

18.03.2015
© Zu Klampen Verlag - Selma Merbaum

Même son nom fit longtemps l’objet de doutes : jusqu’en 2014, on pensait que la jeune poétesse s’appelait Selma Meerbaum-Eisinger, la deuxième partie de son nom venant de son beau-père. C’est son biographe Marion Tauschwitz qui parvint à prouver qu’elle s’était toujours appelée Selma Merbaum. Et on n’en savait guère plus sur cette jeune juive née en 1924 dans la Bucovine, dans la Roumanie de l’époque, qui décéda à 18 ans du typhus dans un camp de travail nazi. Mais ses poèmes sont restés et sont de plus en plus appréciés, non seulement parce qu’un talent fut si tôt étouffé mais aussi parce qu’ils sont vraiment bons.

On connaît près de 60 poèmes de Merbaum, notamment ceux datant de 1940 et 1941. La jeune femme les avait écrits dans un album, intitulé son recueil « Blütenlese » et l’avait fait parvenir à son ami Leiser Fichmann avant sa déportation, accompagné de la phrase « Je n’ai pas eu le temps d’écrire jusqu’au bout ». Le couple avait fait connaissance dans un groupe de jeunes sionistes dans la ville natale de Merbaum, Czernowitz dans l’Ukraine actuelle. A l’époque, Czernowitz était un grand centre de culture juive et européenne. C’est aussi là que grandit Paul Celan, un cousin de Merbaum qui avait aussi Rainer Maria Rilke et Heinrich Heine pour modèles.

Mis en musique par Herbert Grönemeyer

Le mince recueil de Merbaum a été conservé par miracle. Fichmann le confia à une amie avant de fuir en 1944 vers Israël. Il périt pendant sa fuite, se noyant lors d’un accident de bateau. L’amie de Selma emporta le recueil dans son sac à dos en Israël où elle arriva en 1948. Il fallut néanmoins attendre de nombreuses années avant que quelqu’un ne publie pour la première fois ces poèmes écrits en allemand : l’ancien professeur de Merbaum fit finalement imprimer 400 exemplaires de « Blütenlese ». En 1980, l’un d’eux parvint en Allemagne, un journaliste du magazine « Stern » le fit connaître. Depuis, des musiciens comme Herbert Grönemeyer ont mis les poèmes de Merbaum en musique, des acteurs connus comme la comédienne Iris Berben les ont lus en public. Merbaum a écrit l’un d’entre eux, intitulé « Poem », en juillet 1941, quelques mois avant que sa famille soit déportée dans un ghetto :

Je voudrais vivre / Je voudrais rire et porter des fardeaux / et voudrais lutter et aimer et haïr / et prendre le ciel dans mes mains / et être libre et crier / Je ne veux pas mourir. Non / Non / La vie est rouge / La vie est mienne / Mienne et tienne / Mienne.

Journée mondiale de la poésie le 21 mars

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