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Des BD pour la commémoration

Le projet « We will call out your name » (Nous rappellerons votre nom) fait revivre les victimes de l’Holocauste.

Helen Sibum09.01.2024
© Tobias Dahmen/Avitall - We will call out your name

Une interview d’Avitall Gerstetter, initiatrice du projet et cantor de la communauté juive de Berlin.

Dans votre projet de commémoration, des jeunes racontent sous forme de BD la vie qu’auraient eue les victimes de l’Holocauste. Comment avez-vous eu cette idée ?

Grâce à Shimon Peres qui a fait un discours en 2010 au Bundestag pour la commémoration de l’Holocauste. Il a parlé de son grand-père, un rabbin qui a été brûlé dans la synagogue avec toute sa communauté. Peres s’est demandé ce que ces gens aimeraient nous dire, ce qu’ils souhaiteraient qu’on leur apporte. Sa réponse : ils nous demanderaient de raconter la suite de leur histoire. Quelle aurait été leur vie s’il n’y avait pas eu la Shoah ? Cela m’a beaucoup touchée et m’a naturellement rappelé l’histoire de ma propre famille. Quel avenir auraient eu les membres de ma famille qui ont été assassinés s’il n’y avait pas eu l’Holocauste, où auraient-ils vécu, quel métier auraient-ils exercé ?

Pourquoi avoir choisi la BD comme forme d’expression?

La jeune génération n’a pratiquement plus d’opportunités de parler avec des survivants. C’est pourquoi il est important pour moi de créer une passerelle pour atteindre les jeunes. La BD en tant que médium avec des phrases courtes et claires est le langage de notre époque. C’est ainsi qu’est née l’idée, en collaboration avec l‘illustrateur Tobi Dahmen et le scénariste Jens R. Nielsen de créer le roman graphique « Rozsika ». Il commence par le récit de l’amitié entre Hannah et Rozsika, ma grande-tante, et couvre plusieurs époques. Dans mon histoire, les personnages survivent – ils ne meurent pas comme ma grande-tante qui a dû mourir à l’âge de sept ans.  Le lecteur est ainsi mis en situation de se pencher sur le passé, sans perdre le présent de vue. Sur un site internet et sur un blog, les jeunes peuvent raconter de la même façon le futur imaginé d’autres personnes – par exemple celui de gens de leur ville qui ont  été assassinés par les nazis. 

Que signifie pour vous la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste le 27 janvier – la célébrez-vous d’une manière particulière ?

L’année dernière j’ai participé avec mon autre grande-tante, la sœur de Roszika, à l’organisation de la commémoration à la cathédrale de Berlin. Auparavant, nous étions allées à Auschwitz. J’ai prié et chanté devant le crématorium. Pour moi, c’était un moment important. Le 27 janvier signifie beaucoup pour moi mais je ne veux pas que la commémoration se limite à certains jours. Je souhaite offrir une plate-forme qui incite à réfléchir toute l’année.

Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste le 27 janvier

www.salonavitall.org

info.arte.tv/fr/bande-dessinee-la-vie-sans-lholocauste

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