« Une performance importante dont nous devrions plus parler »
La chargée du gouvernement fédéral pour l’Allemagne de l’Est à propos des familles qui ont dû prendre un nouveau départ après l’unité – et de la change de vivre dans un pays libre.

Madame Kaiser, à l’occasion du 35e anniversaire, quel regard portez-vous sur l’état de l’unité allemande – quelles sont les réussites, quels défis persistent ?
Ces 35 dernières années, l’Allemagne de l’Est a connu une évolution nettement positive, comme c’est souvent affirmé. Cela se voit par exemple dans l’évolution de l’économie, de l’infrastructure, mais aussi dans les améliorations du secteur de l’environnement, comme les rivières plus propres et les beaux parcs nationaux. Malgré tout, il reste des différences structurelles : les Allemands de l’Est ont moins de revenus et de biens et occupent moins de postes de direction. Il y a aussi beaucoup moins de sociétés avec un siège à l’Est. Environ deux tiers des Allemands de l’Est ont le sentiment que les Allemands de l’Est sont traités comme des citoyens de deuxième zone. Cela n’est pas valable pour les Allemands de l’Ouest dans des régions défavorisées et c’est une problématique que nous devons traiter en particulier. Il reste donc encore du travail. Mais le verre est à moitié plein.
Pour de nombreuses familles, dont la mienne, les bouleversements ont été très durs.
Vous êtes née en 1987 dans l’ancienne RDA. Qu’est-ce que vous associez personnellement à l’unité allemande ?
Bien sûr, j’étais trop jeune pour vivre la Réunification de 1990 de manière consciente. Mais j’ai remarqué que quelque chose avait changé, surtout via les discussions de mes parents. J’ai grandi dans un pays libre et j’ai eu beaucoup d’opportunités que mes parents n’ont pas eues, par exemple. J’ai fait des séjours à l’étranger et j’ai pu étudier en France. Pour de nombreuses familles, dont la mienne, les bouleversements qui ont suivi la Réunification ont été très durs. La plupart ont réussi à se reconstruire quelque chose eux-mêmes. C’était une performance importante dont nous devrions plus parler. Cette évolution me montre à quel point c’est une chance de pouvoir vivre dans un pays libre. Cela ne va pas de soi.
Je m’engage pour une économie forte.
Quelles sont vos missions en tant que chargée du gouvernement fédéral pour l’Allemagne de l’Est, quels sont vos axes principaux ?
Ma mission est de représenter avec emphase les intérêts de l’Allemagne de l’Est dans toutes les décisions du gouvernement fédéral et de ne pas donner une voix forte à la région et à se habitants que sur la table du cabinet. Je me considère ici comme une bâtisseuse de ponts. Je souhaite créer de l’échange entre les régions à l’Est et à l’Ouest qui font face à des défis structuraux similaires afin de surmonter ensemble les difficultés et d’apprendre des expériences des autres. Je m’engage pour une économie forte et de nouvelles installations d’entreprises. Et la société civile me tient à cœur : nous devons diriger notre attention sur l’engagement des nombreuses personnes qui œuvrent sur place pour la communauté. Elles sont le ciment de notre société et la base de la démocratie.
Elisabeth Kaiser est née en 1987 à Gera, en Thuringe. Depuis 2017, elle est membre du Bundestag et, depuis mai 2025, elle est chargée du gouvernement fédéral pour l’Allemagne de l’Est.