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La paix par la coopération : l’Allemagne mise sur des solutions internationales. La raison pour laquelle le multilatéralisme est si central pour le gouvernement allemand.

Qu’entend le gouvernement fédéral par multilatéralisme ?
L’Allemagne entend par là un système à l’échelle planétaire applicable uniformément à tous les pays. Le concept à la base est le suivant : ce n’est que lorsque tous respectent les mêmes règles du jeu qu’il est possible d’éviter des catastrophes telles que la Seconde Guerre mondiale et de surmonter de nouveaux défis. Ce système universel repose sur des valeurs qui constituent l’ossature de l’ordre international. Les Nations unies (ONU) font office de gardiennes de ces valeurs et de ces normes. Le multilatéralisme consiste à négocier constamment et pacifiquement des intérêts entre les États et à rechercher les meilleures solutions.
Quelle est l’importance de l’ONU dans la politique étrangère allemande ?
Son intégration dans l’ONU, dont l’ambition repose sur un ordre mondial fondé sur des règles, est déterminante pour la politique étrangère allemande. Depuis son adhésion aux Nations unies en 1973, l’Allemagne s’engage pour le respect et le développement du droit international ; en effet, du point de vue du gouvernement allemand, seule une politique axée sur le droit international peut permettre de relever les défis mondiaux. Cela s’applique en particulier aux conflits et crises en cours, qui s’étendent du Proche-Orient à l’Ukraine, en passant par le changement climatique et la disparition des espèces.
Pourquoi l’Allemagne accorde-t-elle une telle importance à l’ONU ?
Parce que tous les États du monde peuvent s’y rencontrer et trouver des solutions à des problèmes communs. Certes, les 15 membres du Conseil de sécurité ont des droits particuliers et les cinq membres permanents ont même un droit de veto ; mais à l’Assemblée générale, chaque pays dispose d’une voix. C’est ainsi que l’ONU crée un forum unique où la plupart des États du monde sont représentés.
L’accent porté sur le multilatéralisme est-il également lié à l’histoire de l’Allemagne ?
L’Allemagne, qui a été à l’origine de la Seconde Guerre mondiale, s’est engagée, en politique étrangère, à ne plus jamais faire cavalier seul, mais tout au contraire, à toujours agir en concertation avec les autres États. D’où son engagement résolu en faveur de l’idée européenne, mais aussi son fort soutien à l’ONU. C’est pour cette raison que, par exemple, la Cour constitutionnelle fédérale a établi en 1994 dans un arrêt de principe que l’Allemagne pouvait, certes, prendre part à des missions à l’étranger, mais uniquement dans le cadre de systèmes de sécurité collective, à savoir au sein de l’ONU ou de l’OTAN, par exemple.
Nous, Peuples des Nations unies, résolus [...] à proclamer à nouveau notre foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine [...].
Pourquoi les droits humains sont-ils importants dans ce contexte ?
Les droits humains font partie intégrante des valeurs des Nations unies et ont une portée universelle. Ils ne sont pas négociables et constituent la base de toutes les autres activités dans le cadre des Nations unies. Dans la Charte des Nations unies de 1945, les « droits de l’homme » constituaient déjà l’objectif et le principe de l’ordre international. Les détails ont été fixés en 1948 dans la « Déclaration universelle des Droits de l’Homme » et ses 30 articles. Les contenus ont été formulés au fil des décennies dans diverses conventions et constituent aussi, par exemple, le socle juridique de la Cour pénale internationale de La Haye, dont l’Allemagne a largement contribué à la création.
Comment l’Allemagne se positionne-t-elle par rapport au monopole de la force des Nations Unies ?
Selon la Charte des Nations unies, le monopole de la force appartient au Conseil de sécurité des Nations unies. Celui-ci peut décider de mesures militaires en cas de menace ou de rupture de la paix. La légitime défense est certes autorisée, mais uniquement jusqu’à ce que le Conseil de sécurité agisse. L’Allemagne soutient expressément ce monopole de la force et le reconnaît en tant que fondement central de l’ordre international en matière de paix et de sécurité. Toutefois, le gouvernement allemand estime que le Conseil de sécurité ne reflète plus les rapports de force mondiaux actuels et qu’il devrait donc être réformé.
Quelles sont les autres organisations multilatérales pertinentes pour l’Allemagne ?
Le gouvernement allemand a ancré sa politique étrangère dans un réseau dense d’organisations internationales. Parmi celles-ci figure au premier rang l’Union européenne, qui représente bien plus qu’une simple communauté économique ; elle incarne également un projet de paix et une force montante potentielle au sein d’un monde de plus en plus multipolaire. En adhérant à l’OTAN, l’Allemagne a intégré une alliance de défense qui, ces derniers temps, a retrouvé de l’importance. Par ailleurs, l’Allemagne est membre de diverses organisations telles que l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), l’IRENA (Agence internationale pour les énergies renouvelables) ou l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). La République allemande fait partie de 120 organisations multilatérales au total.
Actuellement, le système multilatéral est mis à l’épreuve de différents côtés. Quelle est la position de l’Allemagne à ce sujet ?
L’Allemagne plaide résolument pour le règne du droit plutôt que pour la loi du plus fort. Le gouvernement allemand estime que l’ONU et le système multilatéral sont indispensables et il continuera à s’engager en leur faveur. Le contrat de coalition du gouvernement allemand composé de la CDU/CSU et du SPD stipule à ce sujet : « Nous voulons renforcer les structures multilatérales. Les Nations unies restent la colonne vertébrale de l’ordre international basé sur des règles. »