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« Ma mission démocratique »

 

Son film « Berlin Alexanderplatz » jette un éclairage nouveau sur une histoire ancienne : le réalisateur Burhan Qurbani prend position.

Christiane Peitz, 20.03.2020
Le réalisateur Burhan Qurbani.
Le réalisateur Burhan Qurbani. © picture alliance / Geisler-Fotopress

Son troisième film, une version contemporaine du classique d’Alfred Döblin « Berlin Alexanderplatz », écrit en 1929, a été acclamé à la Berlinale. Cette œuvre de trois heures sur Francis, un migrant africain qui se retrouve dans le milieu des dealers à Berlin, a dominé ses concurrents avec onze nominations lors du Prix du film germanophone 2020. Avec cette parabole sur les victimes de la mondialisation, Burhan Qurbani compte aujourd’hui parmi les jeunes réalisateurs les plus intéressants d’Allemagne.

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Né en 1980 de parents afghans réfugiés à Erkelenz, en Rhénanie du Nord-Westphalie, il se penche avec beaucoup d’énergie sur les thèmes de notre époque : les migrations, l’identité, la diversité, le droit d’avoir une patrie. Quand on le rencontre, on découvre un artiste réfléchi et ferme, quelqu’un qui prend position sur un ton calme, empreint de scepticisme. Comme son film.

La loi fondamentale allemande compte parmi les textes juridiques les plus beaux, les plus intelligents et les plus poétiques au monde.
Burhan Qurbani, le réalisateur de « Berlin Alexanderplatz ».

« Je suis un partisan convaincu de la Constitution », dit Qurbani quand on l’interroge sur la dignité de ses protagonistes, foulée aux pieds dans le film. « La loi fondamentale allemande compte parmi les textes juridiques les plus beaux, les plus intelligents et les plus poétiques au monde. » Il ne conçoit pas le cinéma comme une mission éducative mais comme « une mission démocratique, celle de la résistance anti-fachiste ».

Des lunettes noires, un bonnet sur ses cheveux courts, la visière relevée : on ne saurait confondre le profil de Qurbani. Il s’y connaît en matière de recherche d’identité. Lorsque ses parents sont arrivés en Allemagne avec deux valises il y a bientôt 40 ans, ils ont aussi apporté « des traces de leur culture, de leurs idées, de leur histoire. Cela est présent en moi, dilué, et je le transmets à cette culture. »

Ses débuts ont été difficiles. Lorsque son fil de fin d’études « Shahada » a été projeté dans le programme principal à la Berlinale en 2010, les critiques ont été légion. Ce récit par épisodes sur trois jeunes musulmans en Allemagne ne convenait pas aux feux des projecteurs de la compétition. « Cela m’a fait très mal, se rappelle le réalisateur. Mais je ne regrette rien, ça a été une aventure formidable. » Avec son deuxième film « Wir sind jung, wir sind stark » sur les attaques d’extrême-droite contre les foyers des demandeurs d’asile à Rostock-Lichtenhagen en1992, il a été largement reconnu en 2015. Ce film aussi a été un cri, un appel à la responsabilité de la société civile.

Les principaux interprètes de « Berlin Alexanderplatz » : Jella Haase et Welket Bungue.
Welket Bungue. © picture alliance/dpa

 Qurbani ne craint pas pour l’avenir du cinéma comme lieu du vivre-ensemble. « Je suis dans la peau d’un autre, j’ai éteint mon portable, c’est un immense privilège. » Surtout en visionnant « Berlin Alexanderplatz » : trois heures durant, on vit et on souffre avec un homme qu’on remarque sinon à peine.       

© www.deutschland.de

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