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« Les luttes pour les ressources augmentent »

Christophe Hodder est le premier expert en matière de climat et de sécurité dans le cadre d’une mission de maintien de la paix des Nations Unies – le poste est financé par l’Allemagne.

Interview: Helen Sibum, 08.09.2020
Christophe Hodder
Christophe Hodder © privat

La description du poste de Christophe Hodder est unique jusqu’à maintenant: le Britannique est le premier expert en matière de climat et de sécurité des Nations Unies dans le cadre d'un mission de maintien de la paix. Le ministère fédéral des Affaires étrangères finance ce poste, car il est convaincu que la question du climat et de la sécurité est une priorité des Nations Unies. Depuis juin 2020, Hodder soutient la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), à partir de Nairobi. Il est prévu qu’il se rende régulièrement dans ce pays de la Corne de l’Afrique – ce qui n’a pas encore été possible à cause de la pandémie de Covid-19.  

Monsieur Hodder, dans quelle mesure le climat et la sécurité sont-ils liés ?
Il n’y a guère de doute que le changement climatique est en cours. Il est vaste et massif et entraîne des modifications des écosystèmes et des moyens d’existence. Cela est tout particulièrement important pour les groupes de population dépendants de ce l’on appelle le « capital naturel » - par exemple les agriculteurs locaux qui laissent paître leurs animaux sur les berges des rivières. Les inondations de plus en plus fréquentes chassent ces agriculteurs. Ils iront sur des terres qui sont peut-être déjà utilisées par d’autres agriculteurs. Les luttes pour des ressources naturelles augmentent alors et causent d’autres interactions avec des dynamiques sociales, politiques, économiques et démographiques. Lorsque certains seuils sont atteints et que les capacités d’adaptation des personnes sont épuisées, cela crée un enchevêtrement qui menace la communauté humaine. C’est le lien entre le climat et la sécurité.

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Quels sont les risques dans la Corne de l’Afrique, votre nouveau secteur d’activité ?
Il y a une augmentation des sécheresses et des inondations, une dégradation des sols due à l’environnement, des maladies des animaux et des plantes, des maladies des humains telles que le paludisme mais aussi des zoonoses comme le Covid-19. En outre, la région a une forte densité de population et la population urbaine croît, surtout dans les slums, ce qui cause une augmentation de la demande de nourriture, ce qui a à son tour une influence sur les prix. Le changement climatique se recoupe donc avec une augmentation de la pauvreté et des inégalités sociales. Tout cela aggrave l’instabilité et les conflits pour les ressources.    

J’espère pouvoir prouver qu’il est important de lier le climat et la sécurité.
Christophe Hodder, expert en matière de climat et de sécurité de la mission de l’ONU pour la Somalie

Vous êtes le premier expert des Nations Unies en matière de climat et de sécurité dans le cadre d’une mission du maintien de la paix de l’ONU. Quel est votre rôle ?
Ma tâche consiste à soutenir la Mission d’Assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM) dans l’application de son mandat dans le domaine de l’environnement. Il s’agit de la manière par laquelle la Mission tient compte des effets du changement climatique et des catastrophes naturelles dans ses programmes. J’apporte un  soutien au représentant spécial adjoint pour la Somalie et la Mission dans son ensemble dans l’intégration des approches de sécurité environnementales dans toutes leurs activités. Ma tâche consiste essentiellement à accroître la prise de conscience et à coordonner les différents partenaires et acteurs, y compris les organisations de base. J’espère pouvoir prouver qu’il est important de lier le climat et la sécurité et de réunir tout cela dans des missions d’établissement de la paix sous mandat des Nations Unies.   

Comment voulez-vous y parvenir et qui sont vos partenaires ?
J’ai le soutien, entre autres, du Mécanisme de sécurité du climat – un groupe de la famille des Nations Unies. Il y a déjà une large recherche et différents partenaires, parmi lesquels les ambassades allemandes, ont travaillé intensément sur ce sujet. Il reste cependant beaucoup à faire lorsqu’il s’agit de changements concrets. Nous voulons essayer de travailler en commun avec les branches politiques des missions, de les aider à  examiner des initiatives de paix liées au climat et à instaurer des institutions législatives et juridiques. C’est un aspect ; un autre est de soutenir sur place le gouvernement et les différentes institutions.

L’Allemagne a largement contribué à porter cette question devant le Conseil de sécurité des Nations Unies.
Christophe Hodder, expert en matière de climat et de sécurité de la mission de l’ONU pour la Somalie

Il s’agit donc d’un large réseau avec lequel vous travaillez.
Absolument et c’est aussi nécessaire. Une autre question est celle de la collecte des données et des informations dont j’ai besoin pour mon travail. C’est pourquoi je coopère aussi avec des partenaires tels que l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR). Au sein du Programme des Nations Unies pour l’environnement, nous obtenons de nombreuses informations grâce à des images satellites. En outre, nous collaborons avec des organisations régionales qui fournissent également des données et des informations.    

Votre travail est financé par le ministère fédéral des Affaires étrangères. Comment voyez-vous le rôle de l’Allemagne dans la lutte contre les risques sécuritaires liés au changement climatique ?
Les Allemands sont des partenaires de premier ordre quand il s’agit d’aborder le climat et la sécurité. Ils ont largement contribué à porter cette question devant le Conseil de sécurité. Je les invite à continuer à se concentrer sur les effets à long terme de l’Accord de Paris. Ils devraient élargir le programme sur le climat et relancer sans cesse ce sujet dans les dialogues de haut niveau. Je leur demande également de continuer à renforcer les capacités des Nations Unies et des organisations régionales. De plus, il importe également de faire entendre la voix des Etats concernés, tels que la Somalie. L’Allemagne devrait poursuivre la recherche, échanger les résultats avec ses partenaires et montrer le bon exemple.   

Parlez-nous un peu de vous – vous venez en fait du secteur de la santé.
Oui, je viens du domaine de la santé publique ; mes thèmes principaux sont le comportement et le changement de comportement. Une grande partie de ce que je fais en matière de climat est liée à ces thèmes. J’ai passé la plus grande partie de ma carrière dans des Etats fragiles et des pays en développement. J’ai travaillé en étroite collaboration avec des gouvernements du monde entier et je sais comment apporter une aide dans des contextes fragiles. Avant de venir en Somalie, j’étais au Népal et j’ai aidé à la suite du tremblement de terre. J’ai participé par exemple à la mise en place de l’autorité nationale de protection civile.

© www.deutschland.de

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