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Les langues régionales et minoritaires en Allemagne

Une interview avec le Chargé des questions des rapatriés et des minorités nationales au gouvernement fédéral, M. Hartmut Koschyk, sur le rôle des langues régionales et minoritaires en Allemagne.

25.11.2014
© dpa/Patrick Pleul - Hartmut Koschyk

M. Koschyk, en tant que Chargé des questions des rapatriés et des minorités nationales au gouvernement fédéral, vous défendez aussi l’héritage culturel des langues régionales et minoritaires. Quel rôle jouent ces langues en Allemagne ?

En raison des traités correspondants du Conseil de l’Europe, les quatre minorités nationales reconnues en Allemagne, les Sorbes, les Frisons, les manouches allemands et les roms allemands, sont protégés ainsi que leurs langues, le danois, le bas-sorbe et le haut-sorbe, le frison du nord et saterlandais ainsi que le romanes. Les membres de minorités nationales sont attachés à des coutumes et des usages centenaires en Allemagne. Pour eux, leur langue est synonyme d’une identité culturelle qu’ils veulent transmettre à leurs enfants et leurs petits-enfants. Cela vaut aussi pour les locuteurs de cette langue régionale qu’est le bas-allemand, le Platt. Cette langue aussi est protégée en Allemagne.

Pourquoi est-il si important de soutenir ces langues ?

La protection et la promotion des minorités ancrées dans l’histoire et de leurs langues, ainsi que de cette langue régionale qu’est le bas-allemand, contribuent à la sauvegarde et au développement de la richesse culturelle en Allemagne. La diversité culturelle favorise à son tour la tolérance et l’acceptation qui sont indispensables dans une démocratie plurielle vivante.

La reconnaissance des langues régionales est un geste symbolique important. Mais quelle est sa signification concrète ?

Les activités de mon poste s’étendent, outre à la protection des minorités nationales, à la protection et à la protection de cette langue régionale qu’est le bas-allemand. Un comité consultatif a également été créé pour les locuteurs de bas-allemand au ministère fédéral de l’Intérieur. Ce comité garantit à ces locuteurs le contact avec le gouvernement fédéral, le Deutscher Bundestag et les huit Länder où le bas-allemand est parlé. Le groupe linguistique bas-allemand est en outre subventionné par le Chargé de la culture et des médias au gouvernement fédéral.

Comment voulez-vous faire mieux reconnaître ces langues ?

La conférence « Langues de la Charte en Allemagne – un sujet qui nous concerne tous ! », placée sous l’égide du président du Bundestag, le Prof. Lammert, est le coup d’envoi d’une réflexion approfondie avec les locuteurs des langues minoritaires et régionales. L’objectif de cette conférence est, notamment, de promouvoir la protection et l’usage des langues minoritaires et régionales dans l’espace parlementaire.

En 1992, l’Allemagne comptait parmi les premiers pays signataires de la « Charte des langues minoritaires et régionales » au Conseil de l’Europe. Quel a été l’impact de cette Charte à ce jour, et que doit-elle réaliser demain ?

Avec la Charte, les langues minoritaires et régionales traditionnellement parlées dans un pays signataire doivent être protégées et soutenues en tant qu’aspect menacé du patrimoine culturel européen. Dans nombre de régions, les langues minoritaires et régionales sont visibles pour le grand public, on les retrouve par exemple sur les panneaux des communes, elles peuvent parfois être utilisées devant un tribunal ou dans les contacts avec l’administration publique. Mais il nous faut agir pour en assurer l’avenir. L’une des grandes tâches en la matière est notamment de gagner les jeunes à l’idée de la préservation et du développement des langues minoritaires et régionales.

Comment les membres des minorités nationales sont-ils concrètement protégés en Allemagne ?

Les minorités nationales sont financièrement soutenues par le gouvernement fédéral, par les Länder et par les communes. En Allemagne, les minorités nationales sont réunies au sein d’un conseil des minorités et ont un secrétariat des minorités commun à Berlin. Il existe en outre nombre de comités soutenant les minorités nationales : le gouvernement fédéral a nommé un Chargé des questions des rapatriés et des minorités nationales qui est l’interlocuteur pour les questions concernant les minorités nationales au niveau fédéral. Au Bundestag, un cercle de discussion existe sur les questions des minorités et le gouvernement fédéral a créé des comités consultatifs sur les minorités nationales reconnues et le groupe linguistique du bas-allemand.  

Comment l’Allemagne coopère-t-elle avec les autres pays sur les questions des minorités ?  

L’Allemagne soutient les mesures du Conseil de l’Europe, de l’Union européenne et de l’OSCE sur les questions des minorités et a ainsi nombre de contacts bilatéraux avec d’autres pays. Lors de mes rencontres avec les minorités allemandes à l’étranger, je prends aussi toujours dans ces pays rendez-vous avec les parlementaires et les membres du gouvernement compétents en matière de minorités. Cette année, j’ai fortement intensifié mes contacts en matière de protection des minorités en Ukraine.

Conférence « Langues de la Charte en Allemagne – un sujet qui nous concerne tous ! » le 26 novembre 2014 à Berlin

www.minderheitensekretariat.de/schwerpunkte/sprachenkonferenz-2014/

www.aussiedlerbeauftragter.de