« Améliorer la protection sociale »
Les objectifs de développement durable des Nations Unies : Gabriele Köhler, chercheuse à l’ONU, nous éclaire sur les actions à mener aujourd’hui et demain.
Le bilan de l’Agenda 2030, mitigé, nous ramène à la réalité. Les efforts à fournir pour atteindre jusqu’en 2030 les objectifs de développement durable (ODD) fixés par les Nations Unies en 2015 sont considérables. « Il est temps d’agir avec encore plus de détermination », déclare Svenja Schulze, ministre allemande du Développement. Gabriele Köhler, économiste du développement à l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social (UNRISD), aborde les points sur lesquels il faut agir rapidement et ce qu’il devrait se passer après 2030.
Madame Köhler, pour quels objectifs de l’Agenda 2030 doit-on mener des actions spécifiques ?
Venir à bout de la pauvreté, de la famine, des conditions de travail indignes et de la destruction de l’environnement sont des objectifs particulièrement menacés. Tous les jours, 2,4 millions de personnes ne sont pas certaines d’avoir suffisamment de nourriture. Tous les États doivent donc améliorer la protection sociale. Il y a environ 60 pays à faible revenu et très endettés qui ont besoin d’un allègement convaincant de leur dette pour être en mesure de remplir leurs missions à vocation sociale.
Par ailleurs, les organisations des Nations Unies telles que le Fonds pour l’enfance UNICEF, le Haut Commissariat pour les Réfugiés UNHCR et le Programme alimentaire mondiale PAM qui interviennent lors de catastrophes et de famines, doivent pouvoir compter sur des financements suffisants et pérennes.
Que doit-il se passer après 2030 ? Un nouvel Agenda est-il nécessaire ?
L’idéal serait d’adopter un Agenda qui assure la « relève » et défende le caractère inaliénable des principes de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et la Charte des Nations Unies. Il devrait également donner aux Nations Unies davantage de moyens pour initier des solutions pacifiques aux guerres d’agression et civiles. Nous devrions également mener une analyse honnête des causes. À qui profite et à qui nuit la mondialisation ? Comment pourrions-nous avoir une activité économique différente ? Il faut en discuter en Allemagne et dans les 193 États membres de l’ONU en impliquant les citoyens.
La protection du climat demeure une mission qui incombe à l’humanité. Dans la lutte contre le changement climatique, le Green Deal (« Pacte vert »), grâce auquel l’Europe souhaite devenir le premier continent neutre sur le plan climatique jusqu’en 2050, pourrait-il servir d’exemple ?
Il convient de saluer le Green Deal pour ses exigences et ses motivations. J’espère que l’UE va également se doter de directives sur les chaînes d’approvisionnement avancées. Elles viendraient compléter le Green Deal et ancrer les droits de l’Homme, l’égalité des sexes, la protection du climat et la biodiversité tout au long de la chaîne de production des entreprises européennes et pourraient ainsi inciter d’autre pays à suivre le mouvement.