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L’avenir des médias

Les algorithmes vont-ils remplacer le journalisme classique ? Ce qu’en disent les experts des médias numériques.

Philipp Hallfahrt, 20.08.2018
Die Zukunft der Medien
© Westend61/Getty Images

Deux experts, l’un du monde scientifique, l’autre du marketing numérique, nous disent comment l’utilisation des médias en Allemagne se transforme et quels risques vont de pair avec les médias numériques : Carsten Reinemann, professeur de sciences de la communication à l’université Ludwig Maximilian à Munich et Manfred Klaus, directeur de Plan-Net, l’une des principales agences digitales allemandes.

Carsten Reinemann, professeur de sciences de la communication à l’université Ludwig Maximilian à Munich
Carsten Reinemann, professeur de sciences de la communication à l’université Ludwig Maximilian à Munich © dpa

Y a-t-il des particularités allemandes en ce qui concerne l’utilisation des médias ?

Carsten Reinemann : En Allemagne, les médias sociaux jouent un rôle moins important que dans d’autres pays. Cela rend l’Allemagne – en comparaison par exemple avec les Etats-Unis – beaucoup moins fragile face à des tentatives de manipulation par des acteurs qui essaient d’influencer des élections ou de semer la discorde en utilisant tout particulièrement ces canaux.   

Manfred Klaus : En Allemagne, les médias établis classiques ont encore une grande importance – tout comme la presse -  qui a réussi à franchir le pas de la numérisation, avec plus ou moins de succès. Toutefois, l’Allemagne a tendance à ancrer des modèles de gestion établis aux dépens de l’innovation – comme c’est le cas par exemple avec le « Leistungsschutzrecht » qui est un droit comparable à celui de la propriété intellectuelle.  

Manfred Klaus, directeur du groupe Plan.Net
Manfred Klaus, directeur du groupe Plan.Net © Serviceplan

Quels risques font naître les médias numériques ?

Reinemann : Il y a le danger que les gens se détournent des informations de qualité. Soit parce qu’ils se noient dans le flot des offres de divertissement. Soit parce qu’ils capitulent devant la diversité et les contradictions sur le réseau. Soit parce qu’ils veulent seulement voir la confirmation de leur propre vision du monde. Nous devons encourager l’idéal que représente le niveau d’information et d’écoute d’autres opinions – dès l’école.

Klaus : Il existe de plus en plus d’offres de contenus. Le consommateur de médias est débordé par la variété confuse et les possibilités de choix. Du point de vue de la publicité, on constate la tendance que cette masse de contenus est de plus en plus capitalisée par de moins en moins d’entreprises : Google, Apple, Facebook et Amazon. Une formation d’oligopole est une menace pour le marché publicitaire.

Comment voyez-vous l’avenir des médias ?

Reinemann : Pour moi, les médias journalistiques sérieux sont les médias du futur – car ils seront de plus en plus importants face à la profusion de sources, de demi-vérités et de fake news sur les réseaux.

Klaus : Les médias établis vont nettement perdre de l’importance : des algorithmes intelligents présenteront aux utilisateurs des contenus importants pour eux, sur les chaînes correspondantes.

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